Cet article fait partie du dossier : Dossier - Villes et territoires intelligents
Voir les 14 actualités liées à ce dossierL'un des objectifs du Cerema en matière de villes et territoires intelligents est de s'adresser en particulier aux villes médianes souhaitant s'engager dans le déploiement de solutions numériques. Plusieurs spécialistes du Cerema sont intervenus lors du SIIViM, le Sommet International de l'Innovation en Villes Médianes, le 9 octobre, et le Cerema est partenaire de ces rencontres.
Cette participation a été l'occasion d'échanger avec les acteurs des villes médianes sur les besoins en matière d'outils et solutions numériques. L'enjeu est notamment de concevoir des solutions communes, qui favorisent l'émergence d'une smart city d'intérêt général, souveraine, résiliente et frugale.
Capacité d'adaptation grâce aux nouvelles technologies, à l'intelligence humaine et à l'intelligence artificielle
La conférence d'ouverture du SIIViM, à laquelle était présent le directeur du Cerema Territoires et ville Yannick Prebay, a permis d'aborder l'impact des nouvelles technologies sur l'humain. Pour que ces nouvelles technologies fonctionnent durablement et s'inscrivent dans les usages, Yannick Prebay a rappelé qu'elles doivent être couplées à l'intelligence humaine. Cela implique :
- Une expertise métier pour correspondre aux besoins, puis pour mettre en oeuvre et évaluer les innovations. Le Cerema a développé un offre de service à destination des territoires pour bâtir leur stratégie numérique (voir ci-dessous).
- La participation des citoyens (avec ou sans outils numériques) pour les engager sur le long terme et connaître précisément les besoins. A travers la méthode des ateliers dynamiques, le Cerema a accompagné la co-construction de projets de territoires. Ces interventions ont mené à la conception d'une boussole de la participation, une application web qui permet de guider les démarches participatives.
IoT, retour sur les expérimentations d’éclairage intelligent
Paul Verny, expert en éclairage intelligent, a participé à un plateau télé au cours duquel trois sujets principaux ont été abordés :
- Le constat d'un manque d'agilité de l'éclairage public actuel qui ne permet pas d'harmoniser la prise en compte des différents enjeux auxquels il est confronté: économique, énergétique, sécurité / sûreté, performance lumineuse, confort visuel nocturne, environnementaux (pollution lumineuse). On observe que l'éclairage public est encore souvent inadapté aux évolutions des usages nocturnes, par exemple avec de l'éclairage là où personne ne circule.
- Les orientations à donner au domaine de l'éclairage public pour évoluer. Paul Verny a évoqué le déploiement d'un éclairage plus adaptable aux enjeux, aux besoins, aux risques et nuisances, en assurant la maîtrise des coûts et de la dépense énergétique, et l'utilisation des nouvelles technologies (LED, télégestion, détection...) qui y contribue. Par ailleurs, au delà du domaine strict de l'éclairage, il faut intégrer les projets de déploiement de la ville intelligente en mutualisant les usages par les installations d'éclairage (ajout de caméra de vidéo protection, de capteurs divers...), ainsi que par l'utilisation de l'infrastructure d'alimentation pour transférer de la donnée collectée sur l'espace public (par exemple un courant porteur) vers les hyperviseurs.
- Le rôle d'accompagnement des collectivités rempli par le Cerema, qui déploie une activité spécifique dans le domaine de l'éclairage urbain et des infrastructures.
Smart Data / Big Data au service des collectivités : Comprendre les enjeux de la standardisation et de l’interopérabilité
Florent Boithias, Directeur de projets Villes et territoires intelligents au Cerema, a participé à cette conférence, en insistant sur l'important de la standardisation et de l'interopérabilité des données.
Cela nécessite au préalable de qualifier ces données afin de pouvoir les réutiliser, de connaître leur qualité (où est positionné le capteur? La mesure est-elle représentative ? Quelle est la qualité du capteur? ).
Le principal enjeu lié à la standardisation et à l'interopérabilité est la continuité de service dans le temps et dans l'espace. Par exemple, pour les services de mobilité, si deux territoires voisins ont deux solutions différentes et non interopérables, il y a une discontinuité de service. De même, si les données ne sont pas standardisées, il y a un risque de perte de données en cas de changement d'opérateur.
La standardisation et l'interopérabilité sont des conditions nécessaires pour maximiser la valeur tirée des datas et le travail en bonne intelligence entre territoires. Elles permettent de mutualiser les données et de réduire les coûts.
Les enjeux de la transition numérique révélés par la crise
Lors de cette session de "Parole d'expert", Florent Boithias a évoqué les enjeux concernant la transition numérique qui ont été mis en exergue par la crise sanitaire:
- Les fractures en termes d'accès au numérique, de connexions suffisantes.
- Des enjeux en termes de souveraineté, qui sont apparus avec divers outils numériques comme l'application StopCovid contre les solutions proposées par les GAFAM.
- L'impact environnemental de la massification des données, qu'il faut stocker et qui nécessitent une importante consommation d'énergie, et également la consommation de matériaux rares.
Pour les collectivités, cette transition numérique se concrétise par une quantité d'offres de solutions très diverses parmi lesquelles il est compliqué de se retrouver. Comment démarrer une démarche de transition numérique ? Comment choisir les offres adaptées au besoin actuel et futur ?
Les collectivités ont besoin de disposer de méthodes pour arbitrer le choix des solutions techniques au regard des besoins et des enjeux.
La technologie doit correspondre aux attentes, aux besoins des territoires et des habitants, et pour cela les démarches doivent être fondées sur l'humain et l'intelligence collective.
L'expertise métier dans ce domaine est importante et doit être développée, de manière à connaître les besoins des territoires et leurs évolutions, de connaître les bonnes pratiques, de suivre et d'évaluer les innovations pour ensuite diffuser les connaissances auprès des acteurs.
Frugalité numérique et logiciel libre
Au cours de cette conférence sur la question de la frugalité dans le domaine du numérique, Florent Boithias a présenté deux facteurs principaux qui contribuent à l'impact environnemental et économique du numérique :
- La fabrication des terminaux qui implique l'émission de gaz à effet de serre (GES), l'extraction de matériaux rares qui est polluante et socialement insatisfaisante, et une durée de vie souvent faible, en raison d'une obsolescence rapide.
- Le stockage des données dans les data centers qui émet aussi des GES. Des économies peuvent être faites, par exemple au niveau du stockage des mails qui n'est pas toujours nécessaire. Le streaming où l'usage d'un produit remplace sa possession matérielle, consomme beaucoup d'espace de stockage. Cela pose aussi la question de la 5G qui va probablement rendre possible une explosion des suages mobiles, donc de la consommation énergétique.
Derrière cela, l'enjeu principal réside dans les usages. Si l'on se pose la question de qui doit agir et à quelle échelle, la réponse est à deux niveaux : d'une part tout le monde doit agir, d'autre part les organisations ont un rôle à jouer, en faisant des bilans globaux coûts / bénéfices des usages du numérique, de manière à évaluer ce que l'on gagne d'un côté et en quoi on impacte l'environnement de l'autre.
Peu d'actions semblent engagées actuellement par les collectivités. Si certaines ont lancé ce type de démarche, le Cerema est intéressé à les connaître.
A Nantes, une charte métropolitaine de la donnée a été mise en place : elle impose de ne collecter que les données nécessaires à l'accomplissement de ses missions et limite leur stockage dans le temps, délimité en fonction des usages. Nevers s'engage également dans la voie du numérique responsable.
Enseignements des premières expérimentations de véhicules autonomes
Sylvain Belloche, responsable de l'activité véhicule autonome du Cerema, est intervenu lors d'une session "parole d'expert", sur les premiers enseignements tirés des expérimentations de véhicule autonome, qui doit permettre de répondre à des enjeux de sécurité des déplacements, à des enjeux économiques et industriels, mais aussi à des enjeux de mobilité : offrir de nouveaux services, avoir une mobilité plus inclusive et moins polluante.
En France, plus d'une centaine d'expérimentations de véhicules autonomes, en particulier des voitures et navettes, se sont déroulées à ce jour. Elles offrent une visibilité sur l'état d'avancement de la technologie et nous permettent d'identifier des premiers cas d'usage de véhicules autonomes en termes de mobilité.
Parmi ces cas d'usage, on peut citer:
- les services de transport de premier / dernier kilomètre comme à Rouen,
- les services de liaison entre quartiers comme à Autun,
- les dessertes internes de quartiers comme dans le centre ville de Nevers il y a 2 ans, etc.
La mise en place de services de mobilité autonome amène cependant encore plusieurs difficultés, notamment par rapport à la vitesse de circulation de ces véhicules et leurs interactions avec les autres usagers (véhicules conventionnels comme piétons et vélos). La bonne prise en compte de ces interactions est aujourd'hui une des clés majeures de réussite de ces services.
Pourquoi le Cerema se devait de revenir au SIIVIM:
Le Cerema a développé, en co-construction avec des acteurs des territoires, la plateforme Villes et territoires intelligents, qui fournit des ressources autour de la smart city et de l'IoT :
La plateforme Cerema pour les collectivités :
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