14 juin 2019
Courtaboeuf - Les Ulis 2010  zone d'activité
Vertounoir
Le Cerema a participé à un séminaire réunissant une dizaine de métropoles européennes pour échanger sur l'action foncière et les opérations d'aménagement permettant de maintenir et développer les activités productives dans le tissu urbain dense. Ce séminaire s'est déroulé dans les locaux de l'Institut pour l'Aménagement et l'Urbanisme (IAU) de la région Ile-de-France les 3 et 4 juin 2019. Cet évènement avait lieu dans le cadre du réseau METREX, réseau composé d'une cinquantaine de métropoles européennes.

Développer les activités économiques productives dans le métropoles : de l'économie ordinaire à l'industrie du futur

La question foncière est au cœur des problématiques des grandes métropoles. Les activités à faible rendement financier au mètre carré, dont les activités productives comme l’industrie, l'artisanat ou la logistique ("l'économie ordinaire"), sont les premières victimes du renchérissement du foncier dans les métropoles et ont longtemps été perçues comme des réserves foncières au service de la population (logements) ou des activités de niveau métropolitain (bureau, commerce).

Pourtant à l’heure où l’on parle de ré-industrialisation, avec l’émergence de l’usine du futur, et de développement du e-commerce, la place de l’industrie et de la logistique au cœur des métropoles est à reconsidérer. Quelles stratégies et instruments les métropoles françaises et européennes mettent elles en place pour conserver leurs activités productives ?

Plusieurs métropoles se sont réunies à l'initiative de l'IAU Ile-de-France et du Cerema dans le cadre du réseau Metrex pour partager leurs pratiques et leurs problématiques. Les métropoles suivantes étaient présentes dans : Amsterdam, Bordeaux, La Haye-Rotterdam, Lyon, Oslo, Stockholm, EPT Grand Orly-Seine Bièvre, ainsi que plusieurs institutions de la région francilienne (IAU, EPA ORSA, Région Ile-de-France).

 

Les principaux points qui ressortent de cette journée :

Les métropoles doivent simultanément soutenir les activités de "l'économie ordinaire" et préparer la transition vers l'industrie du futur en accordant une large place aux besoins fonciers et immobiliers de ces activités :

  • Maintenir les activités de l’économie ordinaire (TPE-PME industrielles et artisanales, BTP, entreposage) menacées par des projets d’aménagement et immobiliers liés à la croissance démographique des métropoles et à la recherche de rendements financiers de la part des investisseurs qui placent des liquidités sur les marchés financiers.
  • Favoriser le, développement d’activités productives liées à l’essor de l’industrie du futur (Usine 4.0) et à la transition numérique qui bouleverse le fonctionnement des entreprises en rendant possible la création de valeur par des petites unités de production en zone dense.
  • Tenir compte des besoins fonciers et immobiliers liés au développement du e-commerce et des échanges de marchandises, qui nécessitent de nouveaux espaces logistiques (stockage, approvisionnement des commerçants, conditionnement) en zone urbaine dense des métropoles.

Les initiatives et démarches publiques de soutien des métropoles liées à ces activités recouvrent de trois types distincts et complémentaires :

  • Les plans de soutien au développement des activités industrielles (schéma de développement économique et d'accueil des entreprises)
  • Les documents de planification urbaine des métropoles qui traitent du maintien des activités industrielles et de l’accueil des activités logistiques (plan local d'urbanisme communautaire à Lyon, Bordeaux ou Grenoble)
  • Les projets urbains prévus par les métropoles dans les 20-30 prochaines années (schéma et plan d'aménagement d'Amsterdam pour le quartier de Hammer)

Des solutions opérationnelles à renforcer et en cours d'expérimentation :

  • Offrir des espaces dédiés aux activités industrielles et éviter des changements de destination défavorables à l’industrie grâce à l'intermédiation des collectivités avec les entreprises (projet USIN avec Bosch à Lyon, Modue à EPT Grand Orly Seine Bièvre),
  • Développer des projets de densification verticale sur des logiques de mixité fonctionnelle et sur des logiques d’occupation des rez de chaussées par des activités productives (Amsterdam, Bordeaux),
  • Proposer des démarches d’Appel à projets et à manifestation d’intérêts pour faire émerger des opérations innovantes (« volumes capables » à Bordeaux, densité en R+8 à Amsterdam) et favoriser les effets d’entrainement (Bordeaux),
  • Construire une démarche stratégique et cohérente pour accueillir des activités logistiques sur le territoire et limiter la circulation automobile dans les métropoles (Oslo, Amsterdam, Stockholm)
  • Solutions évoquées pour maintenir les prix et les loyers à des niveaux abordables pour des activités industrielles et artisanales (sociétés d'économie mixte pour porter les locaux et aménager les rez-de-chaussée à Lyon, plafonner les loyers et maitriser les prix de vente et les loyers au m²),
  • Définir une gouvernance urbaine pour maintenir les activités productives : coopération entre communes, entre communes et régions/provinces (selon les pays) et démarche d’urbanisme négocié entre la métropole et les acteurs privés (Bordeaux, Amsterdam, Lyon, etc.)