22 mai 2019
Marais poitevin
TERRA - Thierry Degen
Un certain nombre de projets et publications du Cerema touchent à la préservation de la biodiversité. A l'occasion de la journée de la biodiversité, focus sur des projets récents menés par le Cerema: sélection des espèces d'arbres, solutions fondées sur la nature, passage des loutres au niveau des infrastructures, recherche sur les réactions des cétacés aux sons anthropiques, contribution au concours capitale française de la biodiversité, gestion différenciée des dépendances routières...

Parmi les activités du Cerema, un certain nombre contribuent à la préservation de la biodiversité. Par exemple, en matière d'infrastructures, ses experts travaillent sur les passages à faune: leur dimensionnement, leur évaluation, leur amélioration. 

Récemment, avec plusieurs partenaires tels que la LPO, l’Etablissement Public Foncier Nord-Pas de Calais, et des constructeurs du BTP, a participé à la rédaction d'un guide pour mieux préserver la biodiversité lors des chantiers.

Le Cerema travaille également sur les études d'impact en amont des projets d'infrastructures de transports, et sur les mesures compensatoires qui doivent être mises en oeuvre dans le cadre de la démarche "éviter, réduire, compenser". Il capitalise les retours d'expérience et diffuse les bonnes pratiques, au moyen de guides et de journées techniques notamment, mais il accompagne également les porteurs de projets en amont de la démarche d'évaluation environnementale.

Un étude sur le passage de la loutre dans les ouvrages routiers

Loutre d'Europe
Loutre d'Europe en Normandie- CC-BY-SA Philippe Capber

Le Cerema a réalisé une étude diagnostic de 30 ouvrages routiers franchissant des cours d'eau, et susceptibles de freiner ou bloquer les déplacements des loutres.

La loutre, espèce à forte valeur patrimoniale, est une espèce actuellement en expansion, notamment sur le territoire de l’ex-Basse-Normandie. Les ouvrages de transparence hydraulique sur les cours d’eau (ponts, buses, ouvrages divers maçonnés...) peuvent constituer des barrières aux déplacements de cette espèce. Les risques sont d’autant plus grands pour la loutre que cette espèce est exigeante et nécessite des aménagements spécifiques.

Dans un tel contexte, la Direction Interdépartementale des Routes Nord-Ouest (DIRNO) qui gère près de 645 kilomètres de route susceptibles d’être à effet barrière a sollicité le Cerema pour réaliser une étude prospective. L’objectif est d’identifier les ouvrages à enjeux pour la loutre, les diagnostiquer et les hiérarchiser afin d’orienter les futures opérations d’aménagement.

L'étude vise à identifier les ouvrages à effet barrière pour l’expansion du domaine vital de la loutre, mener le diagnostic terrain de 30 d’entre eux et hiérarchiser les interventions d’aménagement sur ces ouvrages.

Loutre d'Europe
Loutre d'Europe - CCO

Après un rappel détaillé du statut patrimonial de la loutre, de sa répartition et de ses déplacements, le rapport décrit brièvement les 645 kilomètres de réseau DIRNO susceptibles d’être à effet barrière avant de détailler les 4 phases de l’étude.

La phase 1 de sélection des ouvrages a permis de concentrer le travail de diagnostic sur 31 intersections réseau routier / cours d’eau sur les 155 identifiées par cartographie. La phase 2, préparatoire aux déplacements terrain, a abouti à des fiches d’analyse des ouvrages opérationnelles. Par la suite ce sont 34 ouvrages qui ont été visités et diagnostiqués lors de la phase 3 de terrain. Enfin, les interventions préconisées ont été hiérarchisées selon les critères prioritaires de la DIRNO combinant nature des aménagement et niveau de risque calculé pour la loutre.

Ces préconisations d’aménagement, faites pour 25 ouvrages, se classent en trois catégories :

  • Travaux légers (24%) : raccordements aux berges et au lit par des enrochements ou installation d’un ponton flottant.

  • Travaux moyens (60%): ajout d’une banquette ou d’un encorbellement béton.

  • Aménagements complexes (16%): installation d’une buse sèche ou de banquettes doubles sur plus de 20 m.

Les solutions fondées sur la nature: Nature4Cities

capture d'écran du site Nature 4 citesLancé en novembre 2016, le programme européen de recherche Nature 4 Cities est destiné à fournir des outils d'évaluation des services rendus par les solutions d'aménagement en milieu urbain fondées sur la nature, afin de favoriser ensuite leur utilisation.

Le Cerema est l'un des 28 partenaires, issus de 9 pays européens, qui participent au consortium, en tant qu'organisme de recherche. Il contribue notamment à la conception et la réalisation d'un observatoire des solutions fondées sur la nature, qui permettra d'accéder à de nombreuses données, ou encore à la définition d'indicateurs de performance pour évaluer les réponses aux challenges urbains.

Dans un premier temps, les travaux ont eu pour objet de définir et recenser ces solutions fondées sur la nature, et d'identifier leur potentiel à travers les travaux menés dans quatre villes pilotes.

A l'issue du projet en 2020, une plateforme sera mise en ligne, afin de fournir des outils aux décideurs, aux chercheurs, et à la société civile, pour mettre en place et développer des solutions fondées sur la nature (Nature based solutions).

 

Nature4Cities

Un outil pour sélectionner les espèces d'arbres en ville

metz jardin d'été place de la comedie
Metz jardin d'été Place de la Comédie. Crédit: Philippe Gisselbrecht-Ville d Metz

Avec la Métropole de Metz, le Cerema mène une étude unique en Europe, afin de sélectionner les espèces d'arbres et d'arbustes qu'il faut planter en ville, en fonction des services que l'on recherche. Ce projet, appelé SESAME (Services Ecosystémiques rendus par les Arbres Modulés selon l’Essence), vise à élaborer une méthodologie transposable dans toutes des régions aux climats et espèces différents, pour proposer un outil de sélection des arbres et arbustes.

Les arbres représentent un levier essentiel pour les politiques
d’adaptation au changement climatique et la résilience des villes : réduction des polluants, régulation de l’effet îlot de chaleur, support pour la biodiversité, fonctions paysagères…

Cependant ils peuvent aussi avoir des impacts négatifs (allergies, dimensions à l’âge adulte), et entraînent des contraintes en termes d'entretien.

Capture d'écran d'un article de presseDifférents critères ont été déterminés :

  • Biodiversité : caractère autochtone ou allochtone de l'espèce, nombre d'espèces d'insectes associées, intérêt pour les pollinisateurs, les papillons ou les chiroptères, listes d'espèces recommandées concernées alimentation et habitat de la faune, intérêt pour la diversité des lichens.
  • Régulation du climat: taille de l'arbre, indice de surface foliaire, consommation d'eau, densité du houppier, persistance des feuilles.
  • Paysage et cadre de vie.
  • Contraintes: dommages potentiels liés à l'espèce.

Le Cerema finalise actuellement les travaux, notamment la constitution de fiches
concernant 90 espèces d’arbres et d’arbustes, qui recensent leurs caractéristiques sous l’angle des services écosystémiques, et la rédaction d’un rapport qui détaillera la méthodologie à suivre ainsi que les résultats de l’étude, menée depuis 2017 à Metz Métropole. Ce travail est réalisé à travers une collaboration approfondie avec les services gestionnaires de Metz.

L'outil est en cours de développement par le équipes locales du Cerema, à partir de ces fiches  espèces standardisées.

Un projet de recherche sur la réaction des cétacés aux bruits sous-marins créés par l'homme

Image d'une baleine avec le bateau de l'équipe de recherche IBAM au loinLe Cerema est également impliqué dans le projet de recherche international IBAM (Impacts des bruits anthropogéniques sur les mammifères marins), dont l'objectif est de comprendre les réactions de différentes espèces de cétacés aux stimulus stressants, et dont l'une des questions de recherche porte sur la réaction aux sons émis par les sonars.

Pour mener ces travaux de recherche, le comportement des cétacés a été observé dans l'Atlantique Nord, à l'aide d'une instrumentation posée sur les animaux.

Dans le cadre de ce projet de recherche, une thèse a été financée, et visait à caractériser les des réponses comportementales aux sons émis par les orques ainsi que sur les effets des sonars sur le comportement vocal des cétacés.  

Toutes les informations sur ce projet, dans un article publié tout récemment sur CeremaWeb:

Un rôle actif dans le concours Capitale Française de la Biodiversité

bannière du concours 2019Ce concours national destiné aux communes et intercommunalités vise à mettre en avant et à partager les expériences locales en faveur de la biodiversité. Avec d'autres partenaires de l'opération, le Cerema a organisé plusieurs ateliers régionaux de sensibilisation, au cours desquels de nombreux exemples d'aménagements, de projets, de dynamiques au niveau local ont été présentés.

Les inscriptions pour l'édition 2019 sur le thème "Climat : la nature, source de solutions" sont closes, désormais les dossiers de candidature sont examinés. 

Lors de l'édition 2018 sur le thème "conception et gestion écologique des espaces de nature", 127 collectivités ont participé, et c'est la ville de Besançon qui a remporté le 1er prix.

Deux guides sur la gestion différenciée des dépendances vertes

Couverture du volet 2 du guideCertains modes de gestion des dépendances vertes sur le bord des routes et autres infrastructures, comme la gestion différenciée, permettent de faire évoluer les dépendances vertes vers un état davantage naturel, et ainsi de favoriser le développement de la biodiversité.

La gestion différenciée est adaptée aux caractéristiques, au potentiel d’évolution et aux fonctions des dépendances vertes.

Le Cerema a publié deux guides gratuits (téléchargeables sur la boutique en ligne) à destination des gestionnaires, à partir d'une étude bibliographique et de retours d'expériences récoltés à travers une série d'entretiens.

Ces guides présentent de manière synthétique les principales modalités qu’il est possible de mettre en oeuvre dans le cadre de la gestion différenciée, à savoir : le fauchage raisonné, l’utilisation limitée de produits phytosanitaires, la gestion des déchets abandonnés au bord des routes, la promotion de la biodiversité.

Ils abordent également les outils et méthodes de suivi des résultats liés à la stratégie de gestion différenciée.