2 novembre 2023
Route avec voitures - maisons - activités industrielles - avion - relatifs à la question de qualité de l'air
Cerema
La journée du 27 juin 2023 a permis de rassembler une soixantaine de participants pour travailler sur la thématique qualité de l’air. Co-organisée par le Cerema et la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) en Auvergne Rhône-Alpes, Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, l’ADEME et l’Agence Régionale de Santé, elle avait pour objectif d’aider les collectivités à identifier les opportunités dont elles disposent pour prendre en compte la qualité de l’air dans leurs politiques publiques et pour s’engager pour son amélioration.

introductionCette journée s’est déroulée selon trois séquences :

  1.  La qualité de l’air : les clés pour comprendre et pour agir
  2. Ateliers participatifs – World Café
  3. Retours d’expériences et exemples inspirants

 

 

 

SEQUENCE N°1 : SEANCE PLENIERE DE PARTAGE

Après une introduction de la journée par Marc Meyer (Cerema), Didier Chapuis (Atmo Auvergne Rhône-Alpes) a présenté les multiples enjeux autour de l’air et a dressé un état des lieux de la qualité de l’air en Auvergne-Rhône-Alpes. Jean-Marc Yvon (Santé Publique France) a fait un focus sur les enjeux sanitaires et a mis en évidence les principaux résultats de l’évaluation quantitative d’impact sur la santé (EQIS) réalisée à l’échelle régionale en 2021.

 

Matthieu Gellier (DREAL) a ensuite pris la parole pour rappeler le rôle de l’Etat dans la mise en œuvre de plans d’actions en faveur de la qualité de l’air comme le PPA ou son appui aux collectivités dans le cadre des PCAET. Aurélie Magnard (DDT du Rhône) a présenté la feuille de route Air du Rhône qui constitue la déclinaison départementale de la stratégie Eau-Air-Sol du préfet de Région et fait un premier bilan des actions menées.

session table ronde

 

Enfin pour conclure cette première partie de journée, différentes interventions ont contribué à mettre en évidence les ressources et expertises mises à disposition par le Cerema, l’ADEME, Atmo et la Région Auvergne-Rhône-Alpes pour appuyer l’action des collectivités :

Eric Pasquier (Cerema) : accompagnement global et technique sur les ZFE-m et de manière plus large appui à la mise en œuvre de politique de mobilité contribuant à améliorer la qualité de l’air

Sarah Brière (DREAL intervenant pour l’ADEME, en remplacement d’Elsa Thomasson) : mise à disposition de ressources documentaires et financements dans le cadre d’appels à projets.

Véronique Starc (Atmo) : mise à disposition d’outils d’aide à la décision et de sensibilisation déployés notamment à destination des collectivités ou des citoyens

Cécile Coisplet (Région) : financement d’outils mis à disposition des collectivités notamment dans le cadre du SRADDET et de Air Attitude

SEQUENCE N°2 : ATELIERS PARTICIPATIFS DANS UN FORMAT WORLD CAFE

illustrationLes ateliers ont permis de faire travailler en intelligence collective l’ensemble des participants et la plupart des intervenants de la journée, afin de partager des retours d’expérience sur des actions en faveur de la qualité de l’air, partager les difficultés mais aussi les leviers pour agir, et exprimer les besoins autant en interne qu’en externe pour construire des actions transversales et partenariales.

Trois axes de travail ont été proposés. Chaque groupe a pu traiter chacune de ces questions.

Une restitution a été faite par 2 rapporteurs au sein de chaque atelier en début d’après-midi.

Les idées fortes autour de chacun des axes de travail ont été synthétisées et l’ensemble des contributions ont été rassemblées dans le document joint.

  • SEQUENCE N°3 : PRESENTATION D’ETUDE ET RETOURS D’EXPERIENCE

    Ensuite, la journée s’est poursuivie par trois présentations d’exemples inspirants, en lien avec les enjeux de planification urbaine, de mobilité et de chauffage individuels au bois.

    Karine Muller-Perriand et Clément Lainé (Cerema) ont présenté l’étude menée par le Cerema, en collaboration avec Atmo et l’Observatoire Régional de Santé, dans le cadre de la feuille de route air de la DDT du Rhône, ayant pour objectif la construction d’un outil (sous forme de grille d’analyse) permettant aux collectivités d’intégrer la qualité de l’air et la santé dans des orientations d’aménagements et de programmation et plus largement dans les PLU. L’outil a été testé sur deux territoires d’étude, la commune de Belleville en Beaujolais et la Communauté de Commune Saône Beaujolais.

    Sylvain Crampe (Commune de Belleville en Beaujolais) à travers une intervention enregistrée, a présenté la démarche engagée sur son territoire et ce que l’accompagnement du Cerema a permis d’initier concrètement dans le cadre du PLU de la commune et du PLUi en cours d’élaboration sur la communauté de commune.

    Clermont Henri Moreigne (Clermont Auvergne Métropole) a présenté le  projet Inspire, un projet de mobilité ambitieux qui vise à redéfinir la façon de vivre et de se déplacer dans la Métropole clermontoise. Il vise  le développement de nouvelles infrastructures de transports collectifs, le rééquilibrage du partage de l’espace public au profit des modes doux et de nombreux aménagements urbains, va métamorphoser l’espace urbain.

    Ce projet constitue un préalable incontournable à la mise en œuvre de la prochaines ZFE-m sur l’agglomération.

    illustrationSarah Brière (DREAL, présentant pour l’ADEME) a rappelé les enjeux en matière de qualité de l’air liés au chauffage bois et l’accompagnement mis en place par l’ADEME pour accélérer le renouvellement des appareils individuels au bois.

    Nadji Meziane (Communauté d’agglomération du Pays Voironnais) a tout d’abord rappelé la volonté politique de sa collectivité à mettre en place un fonds de renouvellement dès 2013. Puis, avec l’appui financier de l’ADEME les années suivantes, les objectifs annuels de renouvellement ont rapidement augmenté et les particuliers ont été au rendez-vous. Des campagnes de communications et d’animations de terrain ont largement contribué au succès de cette action.

     

    CONCLUSION

    Marine Latham (Directrice général d’Atmo AURA ) a ensuite conclu cette journée par une synthèse très inspirante, qui ouvre le champ des possibles à l’organisation d’autres journées partenariales de ce type.
    Après avoir rappelé, en quelques chiffres, les grands enjeux locaux, à savoir par exemple que :

    • 99% de la population de la région d’Auvergne-Rhône-Alpes, est exposée à des concentrations de PM2.5 supérieures aux seuils de l’OMS ;
    • plus de 4300 décès prématurés liés à l’exposition aux PM2.5 ainsi que 2000 décès prématurés pour le NO2  y sont recensés ;

    Marine Latham a insisté sur le coût (direct et indirect) de cette situation qui s’élève au niveau national à 110 milliards d’euros par an, soit un plan de relance par an ! 

    Elle a ensuite précisé, dans l’esprit de cette journée, l’importance de bien territorialiser les analyses et réponses en fonction des situations connues par les grandes agglomérations les plus exposées, les villes ou agglomérations moyennes densément peuplées avec des enjeux de qualité d’air assez forts, les territoires sensibles qui ont des enjeux de qualité d’air plus spécifiques (comme les territoires de montagne, ou industriel) et les territoires préservés. Pour se faire, elle a rappelé qu’Atmo AuRA et ses partenaires fournissaient des portraits de territoires qui permettent de mieux comprendre ces différentes situations et de construire les solutions les plus adaptées.

    Elle s’est ensuite félicitée des progrès déjà réalisés en Auvergne-Rhône-Alpes, en terme d’exposition des populations aux polluants atmosphériques; progrès qui ouvrent la voie à une amplification des actions notamment pour tenir compte des nouvelles connaissances scientifiques et bientôt réglementaires prévues dans le cadre de la transposition de la directive européenne en cours de révision (publication de la nouvelle directive européenne sur la qualité de l’air en 2024 avec des perspectives de nouveaux seuils réglementaires Français en 2026 calés sur des seuils intermédiaires à ceux de l’OMS en 2030 et sur ceux de l’OMS en 2050).

    L’enjeu des années à venir est ainsi tout tracé et devra consister en une démultiplication des actions pour être au rendez-vous des nouvelles exigences sur les oxydes d’azote, les particules ultra fines et sur l’ammoniac par exemple mais aussi sur les composés organiques volatils (COV) qui seront dorénavant au nombre de 46 et non plus 31 à suivre. Ce renforcement des exigences se traduit d’ailleurs, dans les simulations actuelles, par des risques de dépassement de seuil non plus dans 18 de nos territoires mais dans 70, si nous ne continuons pas nos actions et innovations de réduction des pollutions atmosphériques. Et cela sans qu’il ne soit besoin de rappeler que, dans tous les cas, le moindre gramme de polluant à des effets néfastes sur notre santé.

    Elle a poursuivi son intervention en rappelant également l’importance de l’approche systémique de ce sujet qui ne doit pas et ne peut pas être abordé seul, car il est en interaction avec de nombreuses autres thématiques environnementales : climat, énergie, mais également biodiversité et santé globale.

    Concernant le sujet biodiversité, la prise de conscience est encore à renforcer même si les liens et les impacts entre la qualité de l’air et la biodiversité végétale et animale ne sont plus à prouver.

    S’agissant du climat, le sujet est en revanche devenu très prégnant et touche des populations de plus en plus sensibilisées à l’enjeu du changement climatique. Il est donc judicieux aujourd’hui de rapprocher ces deux sujets à travers un message cohérent, construit entre tous les acteurs car les actions que nous pouvons porter sur la qualité de l’air ont bien souvent des bénéfices pour le climat et inversement (cf exemple des réflexions actuellement en cours pour connaître plus précisément l’impact du nuage des incendies au Québec sur la pollution locale).

    Pour finir, elle est revenue sur les leviers d’actions en pointant, la multiplicité des acteurs et des ressources à disposition et donc, dans une certaine mesure, de la complexité associée : Le Cerema peut faire de l’AMO, de l’accompagnement technique. L’Ademe propose des ressources documentaires et fait des appels à projets. Atmo peut faire des animations territoriales et met à disposition des outils d’aide à la décision et des outils de sensibilisation. La région finance des outils comme Terristory (créé et porté par AURA-EE) . La DREAL est aussi partie prenante de ces sujets, en particulier sur le plan ozone.

    Il y a donc beaucoup de ressources et une dynamique territoriale qui s’est installée. C’est peut-être le premier succès de cette conférence technique territoriale que d’avoir mis en visibilité cette dynamique. Elle a permis aussi de mieux prendre en compte les difficultés actuelles des collectivités territoriales pour essayer de mieux y répondre demain.

    Les collectivités, au-delà de la récurrente nécessité d’une commande et d’un portage politique fort, se sont exprimées entre autres sur leurs besoins de compétences et d’accompagnements sur les plans psychologique et comportemental. Il s’agit en effet d’aider agents et élus des collectivités à s’engager, avec les citoyens, dans ces démarches transversales et systémiques de transition.