Malgré son caractère très rural, la Communauté de communes du Jovinien (CCJ) n’échappe pas aux effets de l’érosion mondiale de la biodiversité. Cette perte est liée à la disparition des milieux naturels, à la fragmentation des habitats due à l’urbanisation et aux infrastructures, à la pollution, à la propagation d’espèces invasives, ainsi qu’aux effets croissants du changement climatique.
Le territoire du Jovinien occupe une position stratégique au regard du Schéma Régional de Cohérence Écologique (SRCE) de la région Bourgogne Franche Comté:
- La trame bleue, formée par la rivière Yonne, ses affluents et les milieux humides, y joue un rôle clé.
- La trame forestière relie le pays d’Othe, le Gâtinais et le Morvan.
- La trame des pelouses calcaires assure une continuité entre le Sénonais et les pelouses sèches des Côtes Mâconnaises, Chalonnaises, Dijonnaises et les plateaux du Nivernais.
- Le Jovinien est aussi un point de passage important pour les oiseaux migrateurs entre l’Europe et l’Afrique.
Un projet structurant autour de la TVB
Dans le cadre de son Plan Climat Air Énergie 2023-2028, et en lien avec sa reconnaissance au dispositif "Territoire engagé pour la nature" (TEN) porté par l’Office Français de la Biodiversité et accompagnée par le Cerema, la CCJ s'engage activement pour préserver la biodiversité. Ce programme vise à valoriser les plans d’action biodiversité des collectivités et à encourager une approche locale et adaptée.
Le plan d’action TEN 2023-2026 prévoit la mise en place d’une Trame verte et bleue (TVB) comme levier de résilience du territoire : la TVB désigne la politique publique qui vise à préserver et rétablir les corridors écologiques terrestres et aquatiques définis par le SRCE.
Une démarche participative en 4 temps :
Avec l’appui du Cerema, la CCJ a engagé une démarche participative co-construite avec l'intercommunalité, visant à :
- Évaluer objectivement les enjeux locaux de biodiversité ;
- Identifier les leviers de préservation et de renaturation pertinents pour le territoire ;
- Créer une dynamique collective autour du projet ;
- Encourager les synergies entre acteurs et valoriser les projets existants.
La démarche s’est structurée en quatre étapes :
14 des 19 communes de l'intercommunalité étaient représentées lors des ateliers, tous les acteurs de la biodiversité sur le territoire qui sont chacun des experts dans leur domaine étaient présents : associations loi 1901 ou établissements publics, services de l'Etat, chambre d'agriculture, ONF, etc.
Lors du deuxième atelier, plusieurs questions ont guidé la réflexion collective :
- Comment mieux connaître et faire connaître les actions déjà engagées ?
- Comment mobiliser davantage d’acteurs autour de la biodiversité ?
- Quels outils mobiliser pour préserver les milieux ? (Plan Local d’Urbanisme intercommunal, foncier, gestion adaptée...)
Verbatim d’un participant :
« Le Cerema a apporté un contenu technique et une organisation de l’atelier participatif précieux pour permettre à la fois de faire ressortir des spécificités et des sites stratégiques »
Prochaines étapes : vers l’opérationnel
Un travail de synthèse est engagé afin d’identifier les actions les plus inspirantes menées ou envisagées par les communes, d'établir un cadre stratégique pour la mise en œuvre de projets concrets sur les sites clés et d'alimenter la révision du PLUi avec une meilleure prise en compte de la TVB.
L’atelier s’est conclu par l’intervention de Claude Sciboz, Vice-président de la CCJ en charge de l’environnement : "Il faut sortir de l’entre-soi et parler de la biodiversité avec un langage compréhensible par tous."
Ce que ce travail a permis de retenir :
- Une photographie des enjeux de biodiversité : causes du déclin (notamment l’effondrement de la biomasse des insectes dû aux pesticides), exploitation des gravières, prolifération d’espèces envahissantes, dégradation des ripisylves…
- Une meilleure interconnaissance entre les acteurs du territoire, par l’écoute, la prise en compte des compétences, source de futurs partenariats.
- Un travail cartographique collaboratif pour identifier les sites stratégiques à l’échelle intercommunale (comme la traversée des amphibiens à Saint-Julien-du-Sault et les étangs de Saint-Ange,) et les actions déjà menées.
- L’élaboration d’une vision stratégique collective de la Trame verte et bleue du Jovinien à partir des unités paysagères du territoire.
En conclusion
Pour les acteurs du territoire, un territoire résilient est d’abord un territoire composé d’une diversité de paysages aux milieux naturels fonctionnels : capables d’assurer les cycles de vie des espèces (reproduction, alimentation, déplacement...) et de fournir des services écologiques essentiels à l’homme (pollinisation, épuration, régulation thermique...).
C’est cette fonctionnalité qui permettra de préserver ou réintroduire les espèces, comme en témoigne le retour de la loutre sur certaines portions de rivière. Ces milieux seront également les plus aptes à s’adapter aux effets du changement climatique et à nous fournir une multitude de services pour notre bien-être, notre alimentation, notre économie rurale et notre santé.
