16 juin 2022
Tas de gravats dans la centrale de Nimes Métropole
Nîmes Métropole
Le Label 2EC destiné à encourager et accompagner des projets d'économie circulaire dans le domaine du BTP, donne la parole à deux porteurs de projets labellisés sur les enjeux dans leur pratique et l'apport du label pour les guider dans leurs démarches de réduction des déchets.

logo du label 2EC

En tant que donneur d’ordre dans le domaine du BTP, un des principaux leviers d'action pour promouvoir l’économie circulaire dans les projets consiste à réduire la production, réutiliser et recycler les déchets avec une triple motivation de prévenir les risques environnementaux, de construire avec une sobriété des matières et de maitriser les coûts, le tout dans un cadre juridique sécurisé.

 

Le label 2EC, lancé en 2021, répond à ces objectifs.

 

Il est porté par le Ministère de la Transition écologique et piloté par le Cerema. Le label 2EC est construit sur une démarche ambitieuse, opérationnelle qui confère un cadre à la prévention et gestion des déchets de conception générés par le projet et valorisation de matériaux alternatifs comme matériaux d’apport à la réalisation du projet. Il contribue à la crédibilité des projets et facilite leur acceptabilité dans les territoires.

 

Les projets du BTP pouvant prétendre à la labellisation concernent :
  • La construction, la réhabilitation ou l’entretien d’infrastructure de transport et d’ouvrages de génie civil associés,
  • Les aménagements faisant l’objet d’une procédure d’urbanisme,
  • Le comblement de cavités souterraines.


 

Le processus de labellisation d’un projet peut être suivi sur ce site dédié, où on trouve toutes les informations liées au label. 

Il permet de prendre contact avec le Cerema, d’engager la démarche de labellisation et d’être accompagné sur tout le temps du projet (contact : label-2ec@cerema.fr).

 

5 bonnes raisons de rejoindre la label

 

Nîmes Métropole : Penser l'économie circulaire en amont des projets

Françoise TESSE, Directrice des Grandes Infrastructures au sein de la Direction Générale Adjointe Environnement et Mobilité à la Communauté d’agglomération Nîmes Métropole, a accepté de répondre en début d'année à deux questions du Cerema sur l'intégration de l'économie circulaire  et du Label 2EC: 

 

Quels sont les enjeux sur votre chantier en termes de recyclage et économie des matériaux

Chantier du trambus dans une grande rue
Chantier du trambus - Nîmes Métropole

Le projet concerné est la deuxième phase d’un chantier de trambus hybride gaz-électricité, dont la provenance à terme du gaz sera issue d’une usine de méthanisation qui traite les boues des stations d’épurations de Nîmes Métropole, un projet en cours porté par la Direction de l’Eau.

Nous voulons que ce chantier soit exemplaire de différents points de vue dont celui de l’environnement et avons mis en place une démarche de recyclage des matériaux en amont pour la deuxième phase, avec des prescriptions dans ce sens dans les appels d’offres. 

Lors de la première phase, après avoir réalisé le bilan HQE nous avons vu qu’il n’y avait pas le volet recyclage. Nous avions donc beaucoup insisté sur la gestion de projet et les entreprises étaient partantes pour développer l’économie circulaire

Ce chantier porte sur de la requalification, donc potentiellement nous pouvons avoir des matériaux à recycler. Des filières sont déjà en place localement, par exemple pour le recyclage du béton, mais il s’agit de nouvelles pratiques, dans un contexte où la réglementation évolue. 

Il est donc intéressant de pouvoir partager les expériences, de créer une dynamique, et nous intégrons ces enjeux dans de plus en plus de projets.


 
Quel a été l'apport du Label 2EC dans votre démarche ?

Terrassement pour la voie de trambus
Terrassement pour la voie de trambus - Nîmes Métropole

J’ai vu que ce label était lancé début 2020, qu’il permettait de valoriser ces démarches et de les accompagner, c’était une opportunité pour mettre en œuvre l’économie circulaire sur notre chantier. 

Le label permet de guider la démarche, il apporte le cadre réglementaire et l’expertise pour savoir ce qu’il est possible de faire. Des matériaux potentiellement réutilisables ont été identifiés, comme les enrobés qui ont été recyclés, et nous avons aussi réutilisé des matériaux recyclés. 

Nous avons aussi mis en place des tableaux de suivi des matériaux qui nous servent à faire des analyses et les synthèses sur leur gestion.

D2P : un chantier de reconversion sous le signe de la sobriété

Chloé Chetelat, Cheffe de projet Aménagement et Médéric Fossard, Directeur de l’aménagement chez D2P, ont pris le temps de présenter au Cerema fin 2021 la démarche d'économie circulaire menée au cours d'un vaste projet d'aménagement à Lyon.

 

Quels sont les enjeux sur votre chantier en termes de recyclage et économie des matériaux

Carte du site du projet Ostérode - Métropole de Lyon
Carte du site du projet Ostérode - Métropole de Lyon

Médéric Fossard : Le projet OSTERODE est un des premiers projets que nous réalisons en concession aménagement pour la métropole de Lyon. Cette concession consiste à reconvertir une friche militaire de 15 ha en une opération de 60 000 m² sdp à vocation mixte et à dominante économique avec de l’activité, du bureau, un pôle de services comprenant notamment un hôtel et de l’habitat.

Nous avons la volonté de réduire les impacts environnementaux : le projet permet de désartificialiser une partie du site en doublant les surfaces au sol perméables par rapport à l’existant, de laisser une large place  aux modes actifs, et bien-sûr le chantier en lui-même est conçu pour réduire ces impacts.

Par exemple il y a sur le site une ressourcerie qui fonctionne en économie sociale et solidaire avec qui nous travaillons en partenariat, l’objectif étant qu’ils puissent récupérer des matériaux de notre chantier de démolition pour la construction de leur nouveau bâtiment qui viendra s’implanter en limite de notre projet.

Vue du site, anciens garages avec une grande rue
Le site du projet - Crédit : Tekhne-architectes.

Chloe Chetelat : En tant qu’aménageur nous sommes garants de la réussite du projet, depuis la phase de destruction des anciens bâtiments jusqu'à la répartition des lots entre les opérateurs pour la reconstruction. La sobriété était un objectif dès le début du projet en avril 2020 avec les études techniques et le diagnostic déchets, puis la démarche s’est affinée petit à petit. Nous avons aussi fixé des objectifs de déconstruction puis de réemploi des déchets issus de la déconstruction sur les espaces que nous aménageons. 

Nous nous interrogeons par exemple sur le réemploi de béton pour les chaussées, mais aussi de certains mobiliers et éléments de signalétique.

Un des bâtiments du site ne sera finalement pas détruit, après avoir constaté son intérêt du point de vue de sa qualité bâtie et sa capacité à se transformer et à s’étendre. 

Nous travaillons avec un cahier des charges qui comporte des prescriptions notamment environnementales avec des objectifs de valorisation des déchets, afin d’avoir une cohérence d’ensemble sur le chantier. L'urbanisme transitoire a aussi été intégré sur le site, pour que la ressourcerie continue son activité en attendant sa relocalisation. Ce nouveau bâtiment sera d’ailleurs construit avec un maximum de matériaux provenant du site avant la déconstruction, qui seront stockés sur place. 

Nous travaillons en ce moment sur le cahier des charges de la démolition et le diagnostic déchets, qui nécessitent d’identifier les filières de recyclage et de réemploi. Nous sommes actuellement au stade du travail d’identification des acteurs du recyclage, des filières présentes, des possibilités de traitement et réemploi, pour déterminer quelle part de matériaux peut être réutilisée sur place ou recyclée, et comment. 

 

Quel a été l'apport du Label 2EC dans votre démarche ?

Médéric Fossard : Au regard de nos intentions sur ce projet, le label 2EC nous a intéressés pour encadrer et valider la démarche.

Chloé Chetelat : Le label a été lancé au moment où nous débutions ce projet, et il nous a confortés dans notre volonté de sobriété et de réduction des déchets. Cela peut sembler une contrainte, mais nous oblige à faire différemment. Le label permet de suivre et d’objectiver les actions menées, d’en tirer des bilans. 

Cette traçabilité est importante, car si les entreprises recyclent et récupèrent, la traçabilité permet de structurer des filières locales, de travailler avec de nouveaux acteurs. Mais cela demande de la rigueur et le label apporte un accompagnement. 

En savoir plus :