Valorisation agricole des sédiments de dragage : une méthodologie pour accompagner les acteurs

Le projet VASC (Valorisation Agronomique des Sédiments de la Charente) est piloté par la Chambre d’Agriculture Charente-Maritime – Deux-Sèvres, et a réuni également l’expertise de l’Université de Bordeaux, de GEO-Transfert (cellule de transfert de technologie), de Bordeaux Sciences Agro, du conseil Départemental de Charente-Maritime et un groupement d’agriculteurs.

Il a permis de mettre en place une démarche et d'établir une méthodologie Un guide méthodologique national est en cours de rédaction par le Cerema avec la Chambre d'agriculture de Charente-Maritime - Deux-Sèvres et l'Institut Agro Rennes-Angers et il sera édité par le Cerema en 2024.

Les sédiments de dragage, un gisement matière renouvelable

Lancé en 2019, avec le soutien de la région Nouvelle-Aquitaine et du Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural (FEADER), le projet VASC a pris fin après plus de dix ans de travaux et à d’expérimentations, et un guide méthodologique national est en cours de rédaction pour préciser les exigences et prescriptions pour la valorisation des sédiments non dangereux de dragage en agriculture.

Le réseau fluvial, naturel ou artificiel, navigable ou non, les plans d’eau et les retenues de barrage sont soumis à des dépôts de sédiments. Périodiquement, il est nécessaire de draguer ces dépôts sédimentaires, dans le respect de l’environnement et de la réglementation, avec l’objectif de lutter contre les inondations, de restaurer un profil hydraulique sédimentaire et écologique des masses d’eau, de stopper une dynamique d’envasement, de maintenir la navigabilité et de préserver les usages de l’eau.

Pour les gestionnaires de voies d’eaux navigables comme VNF ou des collectivités, ce sont plus de 6 millions de m3 de sédiments qui sont extraits annuellement pour garantir des niveaux d’eau suffisants pour le trafic de marchandises.

Lors des opérations de dragage de sédiments, des impératifs peuvent contraindre les opérateurs à s’écarter des solutions de gestion usuelles consistant à réintégrer les sédiments dans le cours d’eau pour maintenir la continuité hydraulique et à envisager une gestion à terre. Ainsi, chaque année en France, des volumes importants de sédiments de dragage sont gérés à terre, en recherche de filière de gestion, et constituent, potentiellement, un gisement matière. Gérés à terre les sédiments de dragage prennent le statut de "déchet", ainsi la valorisation de ce gisement permet de répondre à un enjeu d’économie circulaire. Parallèlement, la perte de sol est importante avec en France ¼ des sols affectés par l’érosion.

Les objectifs du projet VASC:

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  Proposer aux agriculteurs une solution pour améliorer ou reconstituer les sols
• Identifier les axes d'amélioration de la qualité des sols et les enjeux de leur fonctionnalité
• Caractériser l'évolution de la qualité des sédiments dragués dans un processus de constitution de sol
• Identifier et quantifier les effets de l'apport de sédiments sur la qualité des terres agricoles et sur l'amélioration des pratiques
• Quantifier le bénéfice pour les exploitants agricoles
• Créer des références agronomiques, chimiques et techniques : validation du protocole de gestion et rédaction d'un guide méthodologique
• Développer une nouvelle filière
• Définir des références permettant d'encadrer la valorisation de sédiments en agriculture

Améliorer les propriétés physiques des sols dégradés

La valorisation des sédiments en agriculture peut donc se concevoir comme une filière à développer, car les sédiments peuvent améliorer la texture et apporter de la structuration aux sols malgré une valeur nutritive peu intéressante. Cependant, aujourd’hui cette valorisation est limitée par une réglementation qui assimile les sédiments de dragage aux boues issues des traitements des eaux usées (STEP). Or les boues sont organiques alors que les sédiments sont principalement minéraux.

Afin de faciliter et promouvoir la valorisation en agriculture des sédiments de draguage gérés à terre, des expérimentations ont été menées depuis plusieurs années principalement par VNF, EDF, les Chambres d’agriculture et le Cerema. Le projet VASC, initié en 2019, a permis de réaliser et suivre de multiples expérimentations en plein champ visant notamment à rechercher l’apport utile maximal sur des sols physiquement dégradés de Groies (argileux-calcaires).

Les protocoles développés et mis en œuvre dans le cadre du projet VASC ont conduit à clairement identifier que l’apport de sédiments de dragage sur des sols agricoles dégradés est bénéfique.

Le Cerema a suivi les expérimentations, les analyses et essais, tout au long du projet avec l'ambition de structurer une démarche opérationnelle régionale adaptée aux caractéristiques des sédiments dragués sur le fleuve Charente. D'autres travaux sont aussi menés depuis plus de dix ans pour le compte du ministère en charge de la transition écologique, afin de valoriser les sédiments en agriculture. Durant ces 10 années, le Cerema a mené des expérimentations en champ, dans des lysimètres, réalisés des analyses et essais, très souvent en collaboration avec la Chambre d'agriculture de Charente-Maritime - Deux-Sèvres.