9 millions de m², 18 000 bâtiments, une consommation de 2 Térawatt-heure par an (énergie finale, 2023) pour 285 000 tonnes d’équivalent CO2 … Le Cerema a élaboré un outil web pour appréhender la structure du parc et tester des scénarios, de quoi aider à dégager des axes stratégiques d’intervention pertinents !
L’étude menée en 2024 a été planifiée comme un préalable aux réflexions et ateliers à mener sur l’année 2025. Le Cerema Normandie-Centre s’est appuyé sur la méthode développée dans le cadre du projet EnRezo : une cartographie en ligne pour identifier le potentiel de développement des réseaux de chaleur et de froid pour passer au crible le parc tertiaire de la Métropole Rouen Normandie relativement bien moins connu que le parc de logements.
Les objectifs principaux de cette étude :
Phase 1 : Comprendre les usages, estimer les surfaces
L’étude s’est attachée dans un premier temps à recenser les bâtiments et à en qualifier les usages. Les informations proviennent principalement du croisement des fichiers fonciers et de la BDTOPO (IGN).
La figure 1 illustre les résultats obtenus pour les surfaces des secteurs d’activités, réparties selon les secteurs d’activités suivants : bureaux (BUR) , commerces (COM), enseignement (ENS), sports culture loisirs équipements collectifs (SCLE), santé (SAN), cafés hôtels restaurants (CHR) et habitat communautaire (HAB) (mêmes secteurs que ceux du Plan Climat-Air-Energie Territorial (PCAET) encore en vigueur).
D’autres analyses ont permis d’affiner les caractéristiques des bâtiments tertiaires. On constate ainsi que presque 1,2 millions de m2 tertiaires sont situés en RDC, principalement des commerces et des bureaux.
Phase 2 : Estimer les consommations énergétiques et les émissions de gaz à effet de serre
Les ratios de consommation énergétique du Centre d'Études et de Recherches Économiques sur l'Énergie (Ceren) ont servi de base aux estimations. Ils ont été corrigés climatiquement et modulés selon la période de construction et la classe de surface. L’exploitation des Diagnostics de Performance Énergétique (DPE) et les premiers retours des données de la plateforme OPERAT de l'ADEME ont été également intégrés pour calibrer les hypothèses.
Les consommations obtenues par bâtiment présentant une grande incertitude, des estimations ont été faites pour présenter une fourchette de probabilité à 50% ("probable") et à 80% (le "champ des possibles"). En revanche, dès que l’on agrège les résultats (par secteur d’activité, par quartier, par commune etc...) les estimations prennent tout leur sens et permettent de dégager des tendances.
A titre d’illustration, le diagramme ci-dessous (figure 4) propose une analyse des consommations par secteur d’activité / catégorie de propriétaire.
Les estimations de consommations ainsi obtenues ont été comparées avec les objectifs de réduction de consommation à atteindre pour 2030 et 2050 dans le cadre du décret tertiaire.
Enfin, une estimation de la consommation globale du parc tertiaire par énergie et par usages (chauffage, climatisation, eau chaude sanitaire etc...), ainsi qu’une estimation des rejets de gaz à effet de serre ont également été réalisées à l’échelle métropolitaine à partir des données nationales.
Phase 3 : Explorer et comprendre
Un portail numérique sur mesure a été créé pour présenter les résultats aux différentes échelles bâtimentaire, communale et métropolitaine.
Ainsi les acteurs de la Métropole comme les conseillers en énergies partagés et les chargés de mission thématique peuvent visualiser les données d’un bâtiment tout en le situant dans son environnement proche.
Ce travail s’accompagne d’une agrégation à l’échelle communale pour présenter les chiffres-clefs : surfaces, nombre de bâtiments, catégories de propriétaires, consommations. Chaque commune peut ainsi mieux connaître le parc privé et public tout en situant la part de son parc communal et les efforts à mener en tant que propriétaire ou gestionnaire.
Enfin, les résultats sont détaillés à l’échelle de la Métropole Rouen Normandie. L’ensemble des analyses menées permet, au-delà d’un simple constat, de proposer des axes stratégiques d’intervention.
Cette conclusion est agrémenté d’un outil de simulation, diagramme de Sankey à l’appui, permettant de quantifier les efforts à mener pour atteindre les réductions visées de consommation énergétique et d’émissions de gaz à effet de serre et d’esquisser des scénarios pour y parvenir.
