Le Conseil Départemental des Pyrénées-Orientales a entrepris avec le Cerema une coopération entre partenaires publics pour mettre en œuvre des filières innovantes de valorisation des sédiments à extraire du port de Port-Vendres. Les discussions entre les deux entités ont commencé de manière informelle lors d’un colloque organisé sur le sujet "dragages" par le Cerema. Y étaient évoqués l’interdiction au 1er janvier 2025 de tout rejet pollué en mer, mais aussi les évolutions sur la réglementation "déchets" et le développement de l’économie circulaire.
S'adapter aux évolutions réglementaires
Consciente de cette réglementation en pleine évolution et désireuse de faire aboutir son projet d’amélioration des capacités du port, la collectivité catalane a donc co-construit une convention pluriannuelle d’assistance technique avec le Cerema, qui fut signée en août 2020, après quelques difficultés liées à la crise sanitaire. Cette convention comporte plusieurs étapes qui visent à cadrer au mieux les prestations dragage et valorisation qui seront commandées pour le port, puis à l’accompagner dans le suivi des travaux de dragage et de gestion à terre.
Rappelons que la bonne gestion des dragages est un enjeu essentiel pour les ports maritimes car leur attractivité dépend de la maintenance des accès nautiques. Le Conseil Départemental souhaitait un appui transversal auquel le Cerema a pu répondre en mettant en place une équipe pluridisciplinaire ad hoc.
Sur la base de cet échange, le Cerema a d’ailleurs structuré une offre dragage, déclinée dans un document de la collection "P’tits essentiels" qui a pour but d’offrir un accompagnement complet pour un maître d’ouvrage portuaire, pouvant comprendre la définition initiale d’un projet, son intégration dans les outils locaux de planification, mais aussi une assistance technique pour le dragage lui-même et la mise en place des filières de gestion à terre.
Caractériser les sédiments et identifier les solutions de valorisation à terre
Les termes de la convention prévoient la réalisation par le Cerema de quatre livrables :
Le premier, nécessaire à la réalisation des suivants, a été la construction avec le Conseil Départemental d’un système d’information géographique (SIG) permettant de représenter au mieux la réalité du port : bathymétrie, chenaux de navigation, activités portuaires, sources de pollution, points de rejets, hydrographie des bassins versants … cette première phase a été achevée au printemps 2021.
Le deuxième livrable est l’évaluation du volume de ces dragages, qui a un impact direct sur le coût de l’opération. Le Cerema a déterminé ce volume en fonction des réalités de la navigation, des tirants d’eau cibles fixés par le port et des normes de sécurité. Ce travail de trajectographie a consisté à croiser des données sur la navigation (AIS), des observations des pilotes du port et les données de bathymétrie. Au final, les besoins en dragage sur les chenaux d’accès, la zone d’évitage et de manœuvres se sont avérés moins importants que prévus. Cette évaluation était fixée en septembre 2021 et réduisait de deux tiers les évaluations initiales.
Le troisième livrable était directement lié au cadre réglementaire des opérations de dragage, qui sont susceptibles d'avoir un impact sur l’environnement marin. Cet impact doit être analysé avant toute opération et impose une évaluation préalable de la qualité physico-chimique des sédiments. Ceci suppose de réaliser un plan d’échantillonnage permettant de se faire une idée précise de cette qualité. Il doit être validé par les services de l’État. Comme prévu dans la convention, une étude préparatoire été produite également au dernier trimestre de 2021. Mettant en œuvre une équipe pluridisciplinaire, ce travail a également intégré les besoins en analyse et en caractérisation des matériaux en vue d’une valorisation à terre, but ultime de la coopération.
Le quatrième livrable actuellement en cours d’achèvement consiste en un programme de gestion à terre des sédiments, comportant des solutions de valorisation innovantes, en tenant compte des qualités techniques et physico-chimiques des matériaux extraits, mais aussi du tissu économique local et de ses besoins.
Après la production de ces livrables commencera un travail d’assistance à maître d’ouvrage plus classique, pour la passation des marchés de maîtrise d’œuvre et leur suivi jusqu’à production des études d’avant-projet.