3 juillet 2019
Découverte par les personnes déficientes visuelles de l'une des traversée tactile installée dans le 19ème arrondissement.
Depuis 2016, la ville de Paris et le Cerema ont conduit différents tests et expérimentations visant à faciliter les traversées piétonnes pour les personnes déficientes visuelles. Ces dernières rencontrent des difficultés pour s'orienter et se guider lorsque les traversées sont longues ou en biais. Pour répondre à ce besoin, différents dispositifs tactiles ont été testés et il a été possible de sélectionner le plus performant.
A la suite de ces premiers résultats et toujours avec l'accompagnement du Cerema, la ville de Paris va déployer le dispositif sur plusieurs centaines de traversées dans le cadre d'une expérimentation « longue durée ».
Retour sur la présentation faite aux usagers dans le 19ème arrondissement, premier secteur à être équipé, ce 28 juin 2019.

Un événement qui marque le début d'une nouvelle phase expérimentale

Organisé ce 28 juin par la direction de la voirie et des déplacements (DVD) de la ville de Paris dans le cadre du mois parisien du handicap pour permettre à tous publics de découvrir ce nouveau dispositif en présence des élus, cet événement a rencontré un vif intérêt. Y participaient :

  • Nicolas Nordman, adjoint à la Maire de Paris chargé de toutes les questions relatives aux personnes en situation de handicap et à l'accessibilité et de Halima Jemni, première adjointe au Maire du 19e arrondissement, chargée de la coordination municipale, des espaces verts, de la voirie, des déplacements, de la petite enfance et des familles,
  • les ingénieurs et techniciens de la DVD, accompagnés par le Cerema,
  • des usagers déficients visuels aux profils variés : représentants d'associations de personnes déficientes visuelles, d'écoles de chiens-guides, personnes ayant participé aux tests précédents ou encore citoyens engagés dans des instances de démocratie participative,
  • la délégation ministérielle à l'accessibilité (DMA) et la délégation à la sécurité routière (DSR).

Au-delà de l'échelle parisienne, cet événement revêt une importance au niveau national. Cette problématique de guidage intéresse en effet de nombreuses collectivités qui sont confrontées aux même besoins des usagers et doivent répondre aux obligations de la réglementation accessibilité. Le déploiement des « traversées tactiles » à grande échelle sur le territoire parisien marque l'aboutissement de plusieurs années de réflexion (qui ont permis d'identifier les caractéristiques du produit le plus adapté) et le début d'une expérimentation d'une plus grande ampleur et permettant d'avoir des retours sur une plus longue durée. Ce déploiement a ainsi fait l'objet d'une demande d’expérimentation de la ville de Paris, préparée avec l'appui du Cerema. Cette demande a abouti en mai 2019 à une autorisation de la part de la ministre chargée des transports, après instruction par la DGITM et la DSR.

A l'heure actuelle, une dizaine de « traversées tactiles » ont été installées dans le 19ème arrondissement et la démarche va peu à peu être généralisée à des centaines de traversées piétonnes parisiennes, particulièrement complexes et jugées « prioritaires ».

De gauche à droite : Halima Jemni, Nicolas Nordman, et les participants invités à tester les nouvelles traversées tactiles.
De gauche à droite : Halima Jemni, Nicolas Nordman, et les participants invités à tester les nouvelles traversées tactiles. Le "tapis tactile" fait environ 60 cm de large et il présente une alternance noir/blanc pour respecter le marquage du passage piétons.

Un premier temps de découverte du dispositif sur le terrain

Après un temps de rassemblement, les participants ont pu découvrir le dispositif en empruntant deux traversées tactiles équipées à proximité de la mairie du 19ème arrondissement.

Les retours des usagers ont été positifs et certains participants, qui avaient participé aux précédents tests et expérimentations, ont noté un réel progrès : l'installation d'une bande d'interception en amont du dispositif, même si cette dernière a parfois été jugée un peu courte. Cette bande leur permet de mieux localiser le dispositif, qui peut être difficile à trouver lorsque la traversée est large ou en présence d'une forte densité de piétons voulant traverser.

La direction de la voirie et des déplacements (DVD) présente le nouveau dispositif tactile aux participants.
La direction de la voirie et des déplacements (DVD) présente le nouveau dispositif tactile aux participants. Sur cette photo, on aperçoit la bande d'interception située sur le trottoir, au droit de la traversée piétonne. Son rôle est d'aider à la localisation du "tapis tactile" qui lui se situe sur le passage piétons.

 

Des échanges en salle : présentation complète du dispositif et retour des participants

En préambule, les élus parisiens ont rappelé les enjeux de ces dispositifs. La problématique de l'accessibilité de l'espace public aux personnes déficientes visuelles est primordiale, dans un contexte où les nouvelles mobilités et les nouveaux véhicules se développent, bouleversant ainsi les repères. Il leur faut trouver des solutions, en lien avec les associations et les experts tels que le Cerema, pour rendre plus sûrs trottoirs et traversées piétonnes.

Selon les propos de Nicolas Nordman, adjoint à la Maire de Paris chargé de toutes les questions relatives aux personnes en situation de handicap et à l'accessibilité : « Il est important que la Ville de Paris déploie un ensemble de dispositifs permettant aux personnes en situation de handicap de se déplacer en toute autonomie et en totale sécurité dans l’espace public parisien. Les tapis traversants en font partie et répondent aux attentes exprimées par les associations telles que l’Association Valentin Haüy ou la CFPSAA. Nous allons en déployer près de 400 d’ici le prochain printemps. La Ville de Paris installera également des "fils d’Ariane" sur les 7 places parisiennes en cours de rénovation. »

Après une présentation par la DVD du contexte de ces expérimentations sur les dispositifs tactiles de guidage, le Cerema a ensuite rappelé les phases précédentes de l'expérimentation et les résultats obtenus. La DVD a ensuite exposé la méthode et les objectifs de cette dernière phase de « déploiement à grande échelle ».

Les échanges qui ont suivi ont permis de faire ressortir l'intérêt d'un tel dispositif, qui répond à de réelles attentes et dont une généralisation rapide est largement souhaitée, même si elle ne peut s'effectuer que dans un contexte très normé qui nécessite une évaluation approfondie. La DMA a rappelé le contexte réglementaire et normatif français. Le Cerema a donné un éclairage international, en s'appuyant sur des benchmarks qu'il a produits sur les traversées piétonnes et sur les dispositifs tactiles d'accessibilité. Il en ressort que les exigences françaises sont fortes, avec des obligations qui renvoient parfois à des dispositifs normalisés. Si cela implique des contraintes pour les expérimentations (cadre, durée), c'est aussi la garantie que les mêmes dispositifs seront utilisés sur l'ensemble du territoire national, ce qui est particulièrement important au regard de la sécurité des usagers.

La réunion a été l'occasion d'aborder également diverses problématiques qui concernent directement le quotidien des personnes déficientes visuelles lorsqu'elles se déplacent sur la voirie :

  • la sonorisation des feux (importance de traiter aussi les carrefours complexes, entretien des émetteurs, cohérence de la nature du signal et de sa durée...),
  • l'entretien des marquages des passages piétons, qui doivent présenter un contraste visuel suffisant,
  • les difficultés liées au stationnement de certains véhicules ou engins (deux-roues motorisés, trottinettes électriques, etc.).

Les élus et services de la ville de Paris ont rappelé qu'il existait une application ("Dans ma rue") permettant aux usagers de signaler une anomalie. Enfin, concernant les incivilités et le stationnement gênant, la ville de Paris a décidé de créer une police municipale permettant de lutter contre ces comportements.

 

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