17 avril 2019
Journée UVT à Occitanie jeudi 28 mars 2019
Jérôme Cassagnes
Le Cerema en partenariat avec le CNFPT et Vélo et Territoires a rassemblé 150 personnes dans amphithéâtre du CNFPT qui affichait salle comble à Montpellier jeudi 28 mars 2019. Une journée d’échanges “Une voirie pour Tous” qui a permis de découvrir des solutions locales en matière de développement du vélo dans les territoires périurbains et interurbains.

Cette rencontre s’adressait à tous les acteurs de l’aménagement de la voirie et des espaces publics (Elus, techniciens des collectivités territoriales, services de l’Etat, professionnels du secteur privé, associations…)

La matinée était consacrée à des exposés, des présentations pour évoquer l’actualité nationale vélo, s’appuyant sur le plan vélo, la loi d’orientation des mobilités, les appels à projets… Ces présentations ont aussi décrit les moyens pour réussir sa politique vélo grâce au développement de la politique cyclable dans les territoires périurbains et interurbains.

Les démarches régionales pour encourager le développement du vélo ont été aussi abordées.

 

Actualité nationale vélo

Thomas Jouannot du Cerema a abordé plusieurs points concernant l'actualité réglementaire en matière de pratique du vélo:

 

Quels moyens pour réussir sa politique vélo?

Camille Thomé de Vélo & Territoires a présenté le développement de la politique cyclable dans les territoires.

Couverture Territoires à véloCette intervention a présenté le contexte national et européen des itinéraires cyclables, avec notamment le schéma européen de l'EuroVélo qui couvre progressivement la totalité du territoire européen, du nord au sud et d'ouest en est. 

Au niveau européen, 70.000 km de pistes cyclables ont été créées pour l'EuroVélo, représentant un poids économique de 44 milliards d'euros par an. En France, 85% de l'itinéraire EuroVélo est déjà réalisé. 

La Schéma national vélo vise à l'horizon 2030 la création de 23.330 km de pistes cyclables sur le territoire, dont 68% ont déjà été ouvertes (15.800 km). Plus de 5.500 communes de toutes tailles se trouvent sur l'itinéraire du schéma national vélo.

Le réseau des Départements & Régions cyclables a produit un document intitulé "Les territoires à vélo", qui mise sur la véloroute comme élément structurant de toute politique vélo. Ce document définit 13 domaines d'action pour mener une politique cyclable complète (par exemple infrastructures, services touristiques, continuités en agglomérations, intermodalité, mobilité du public scolaire, animation politique et territoriale...).

capture d'écran du site Accueil véloDifférentes actions ont également été évoquées, comme la mise en place du Train Vélo Loire, qui facilite les déplacements sur l’itinéraire de La Loire à Vélo, le schéma de liaisons douces par l'intercommunalité Erdres et Gesvres, la nouvelle Vélostation de la gare de Chambéry qui sera un pôle multimodal, avec 500 places de vélos, ou la marque nationale Accueil vélo, avec 3.600 établissements qui garantissent un accueil et des services de qualité pour les cyclistes le long des itinéraires cyclables.

Une partie de l'intervention a été consacrée à l'intérêt de mesurer la fréquentation des cyclistes, afin de vérifier l'adéquation entre les aménagements et les besoins, de suivre le processus, et de mesurer les actions mises en oeuvre.

Ces mesures peuvent être réalisées avec des compteurs automatiques, avec des enquêtes plus qualitatives, ou au niveau national avec la plateforme nationale des fréquentations.

Cela permet d'évaluer la rentabilité d'un projet, et de mieux connaître les pratiques cyclables, qu'il s'agisse de pratique du vélo à but touristique ou utilitaire. Notamment en territoire péri-urbain, où les deux types de pratiques existent.

 

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Ségolène Chignard, de la Région Sud Provence Alpes Côte d'Azur, a présenté les démarches régionales pour encourager le développement du vélo

Couverture de schéma régionalLa région Sud PACA a défini un Schéma Régional des véloroutes 2017-2025, qui sert de support au cadre d'intervention de la région en matière de politique cyclable.

L'objectif est de renforcer la lisibilité des itinéraires, d'accélérer la réalisation des grandes continuités, et de proposer un réseau, réalisable d'ici 2025.

La Région s'est fixé des objectifs d'interventions en faveur de la pratique du vélo:

  • Permettre le développement économique des territoires traversés par les véloroutes
  • Financer des portions d'itinéraires continus, propices à une mixité d'usages
  • Axes structurants pour la mobilité quotidienne à vélo
  • Appui pour développer l’intermodalité

La région Sud-PACA attribue des subventions aux maîtres d’ouvrage sur les opération inscrites au schéma régional des véloroutes et voies vertes : 50% sur les études, 20% sur les emprises foncières ; 20 à 30% sur les travaux et ouvrages d’art ; 50% sur le stationnement sécurisé pour les vélos en gare.

Ces subventions sont attribuées suivant des critères d’éligibilité de l’opération.

schéma des dépensesEnveloppe CPER 2015-2020 : 7,5 M€ (3 M€ Etat ; 4,5 M€ Région) , enveloppe CPIER Rhône 2015-2020 : 4,6M€ (1M€ Etat ; 3,6 M€ Région) .

Ce schéma régional des véloroutes bénéficie d'une animation spécifique dans les territoires, afin de favoriser l'acculturation du public et des acteurs. 

De 2014 à 2017, il a été constaté que la fréquentation des véloroutes est en progression constante (de +7% à + 16% selon les itinéraires).

Il apparaît également que les retombées économiques potentielles sont bien plus importantes que les retombées économiques qui sont observées aujourd'hui.

Section de la Siagne entre Pegomas et Mandelieu – RD1009
Section de la Siagne entre Pegomas et Mandelieu – RD1009 

Différents aménagements cyclables ont déjà été réalisés dans les secteurs périurbains, à travers notamment la création de plusieurs pistes cyclables isolées des chaussées comme l'EuroVélo 8 le long de la RD 1009, sur une section entre Pegomas et Mandelieu.

Les itinéraires ont été conçus pour permettre des rabattements vers les gares et pôles d'échanges ou vers les pistes EuroVélo.

Différents leviers d'action ont été identifiés par la région Sud PACA afin de développer le vélo en territoire périurbain et interurbain:

  • La définition d’un Schéma régional identifiant des itinéraires pour le tourisme et les pratiques du quotidien,
  • La création d’une dynamique territoriale par la participation ou création de comités d’itinéraires,
  • La promotion du Schéma Régional dans les territoires
  • L’accompagnement financier pour la réalisation des itinéraires véloroutes et des itinéraires de rabattement vers les pôles d’échanges
  • L’accompagnement financier pour équiper les gares routières et ferroviaires en stationnement vélos
  • Des maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre qui utilisent l’ensemble du panel des aménagements cyclables et autres aménagements pour développer, créer des continuités entre pôles, équipements, lieux de vie.

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Jérôme Cassagnes, du Cerema, a ensuite présenté la boîte à outils des aménagements cyclables
 

Aménagement cyclable en interurbain avec une piste séparée de la routeLes aménagements en interurbain et périurbain font appel à l’ensemble de la boite à outils :

  • Le partage de la voirie, avec les zones de circulation apaisées (aires piétonnes, zones de rencontres, zones 30) 

  • Les double-sens cyclables, avec ou sans marquage séparatif

  • Les pistes et les bandes cyclables, aménagées de manière sécurisante pour les cyclistes.

  • Les voies vertes, des sites propres partagés entre vélos, piétons, rollers...

  • Mais aussi des aménagements plus innovent tels que les cédez-le passage cycliste aux feux et la chaussée à voie centrale banalisée sont à développer

Les fiches vélo conçues par le Cerema à destination des acteurs des territoires permettent de faire le point sur les différents aménagements, notamment sur le plan de la réglementation, à travers des retours d'expérience et des recommandations par les spécialistes du Cerema. 

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Ateliers : Planification et réalisations d'aménagements cyclables

Après la pause déjeuner, les échanges ont repris via quatre ateliers sur les aménagements cyclables (planification et réalisations).

 

Les participants étaient alors répartis dans quatre salles différentes pour écouter, échanger, faire des propositions sur les 4 thèmes répartis comme suit et dont voici les retours des facilitateurs :

Atelier 1 : chaussée à voie centrale banalisée dans l’Hérault présenté par le CD 34

Aménagement d'une chaussée à voie centrale banalisée dans l'Hérault
Aménagement d'une CVCB dans l'Hérault

Le conseil départemental de l’Hérault a aménagé deux sections de "chaussée à voie centrale banalisée" (CVCB) sur deux routes à faible trafic au nord de Montpellier.

Préalablement à ces aménagements le CD 34 a sollicité le Cerema pour avoir un avis et des recommandations. Parallèlement le CD 34 a commandé au Cerema une évaluation de l’aménagement avant/après.

Cette évaluation a porté sur le trafic, les vitesses pratiquées, les distances de dépassement entre le véhicule et le cycliste, les comportements avant et après l'aménagement des cyclistes seuls ou en groupe et des véhicules légers.

Ces mesures ont été complétées par une enquête réalisée auprès des usagers cyclistes, afin de connaître leur sentiment en matière de confort, de sécurité, de fréquentation de l'itinéraire, et sur le comportement des automobilistes.

L'évaluation a permis de conforter le conseil départemental dans son choix d’aménagement pour ce type de route, en effet l’aménagement a été très bien accueil par les cyclistes.

C’est la notion de partage de la route qui a été mise en avant par les cyclistes, l’image donnée à cette route grâce à l’aménagement en chaussée à voie centrale banalisée permet un meilleur respect entre les différents usagers et contribue à développer les modes actifs sur l’itinéraire.

 

Atelier 2 : exemple de réalisation dans les Pyrénées Orientales présenté par le CD 66

Le département accompagne les communes et les EPCI dans la création et la valorisation des véloroutes, en proposant un appui technique et des aides financières. Il assure la maîtrise d’ouvrage des axes structurants dans le cadre d’un programme pluriannuel 2016-2022 de 14M€.

composition très laide de 3 photos pixellisées où on ne voit rien

Zoom sur 2 exemples de réalisations récentes

Voie verte de Formiguères-Puyvalador.

Un site propre de 5 km avec 330 m de platelage en bois réalisé sur micropieux en zones humides.

Objectif double : augmenter la fréquentation touristique à vélo durant la période estivale, et limiter la présence de congères sur la chaussée en hiver.

Voie verte de Formiguères-Puyvalador
 
Voie verte de Manyaques

Voie verte de ManyaquesLa réalisation de cette voie verte répondait à une double opportunité. D'abord une opportunité foncière avec l'incorporation d’un ouvrage ferroviaire fermé à la circulation. Et aussi une opportunité financière, puisque le projet a obtenu 65 % de financement FEDER (fonds européens de développement régional).

Destiné à faire échanger et débattre, sur la base du retour d’expérience du CD 66, cet atelier a généré des questions visant à préciser les modalités d’accompagnement des communes ou les choix techniques opérés. Il a également permis des échanges d’opinions ou de pratiques entre les participants.

 

Atelier 3 : EuroVélo 8, "la méditerranée à vélo”

Un exemple de traitement de discontinuités présenté et défendu par Vélo Loisir Provence.

Page du site France Vélo Tourisme sur la méditerranée à véloLa Méditerranée à vélo, partie française de l’EuroVelo 8, a fixé en 2015 l’objectif de proposer une continuité complète à l’horizon 2020 des 850 km de l’itinéraire. À cette époque, l’itinéraire n’est alors réalisé qu’à 30%.

Pour atteindre cet objectif, les différents partenaires de la Méditerranée à vélo se sont organisés en comité d’itinéraire et ont bénéficié d’une assistance à maîtrise d’ouvrage de l’association Vélo Loisir Provence.

La première étape a été de réaliser un guide de signalisation commun à tous les partenaires. Afin de faire la promotion de l’itinéraire, la Méditerranée à vélo s’est ensuite dotée de plusieurs outils : carnet de route, référencement sur France vélo tourisme, charte graphique commune, etc.

Logo la Méditerranée à véloEn 2017, Inddigo a réalisé une étude de fréquentation de l’itinéraire. Elle a révélé une fréquentation itinérante encore faible, mais à fort potentiel économique. La demande existe donc déjà, mais les discontinuités rendent l’itinéraire dangereux et parfois impraticable pour les touristes et les familles à vélo.

Pour résoudre au plus vite ce problème, les partenaires adoptent une stratégie commune de réalisation de continuités rapides.

Cette stratégie consiste à réaliser l’itinéraire en procédant par étapes :

  1. Dans un premier temps, résoudre les discontinuités majeures en déployant des itinéraires provisoires sur voirie partagée

  2. Communiquer sur le dispositif efficacement : signalisation, sites internet, offices de tourisme

  3. Dans un second temps, améliorer progressivement l’itinéraire à partir de 2020

L’idée est donc de donner la priorité à la continuité de la véloroute en utilisant essentiellement du jalonnement et des aménagements modestes.

Ces tronçons provisoires doivent coller au plus près de l’itinéraire en projet, en utilisant des circuits existants, tout en acceptant parfois des dérogations au cahier des charges national des véloroutes et voies vertes (par exemple pour les pentes, les revêtements, etc.). "Ne le faites pas parfaitement, mais faites le les premiers !" explique Sylvie Palpant, directrice de VLP.

Exemples de jalonnement :

photos

Résultats :

En juin 2018, une première ouverture complète de l’itinéraire au grand public est lancée, avec 80% de la véloroute en service via des parcours de continuité. Certaines discontinuités majeures ne trouvent pas encore de solutions, mais cette stratégie a permis de proposer très rapidement un itinéraire complet aux usagers qui peuvent désormais commencer à s’approprier l’EuroVelo 8.

 

Atelier 4 : exemple de réalisation à Avignon – chemin des canaux, par la Ville d’Avignon.

Une infrastructure à haut niveau de service pour les piétons et les cyclistes, reflet d'une politique volontariste de redistribution de l'espace public en faveur des modes actifs.

Entre 2015 et 2018, la ville d'Avignon a réalisé, avec l'appui du Cerema Méditerranée, une voie verte urbaine sur une dizaine de kilomètres (?), véritable épine dorsale cyclable de l'agglomération. Cette infrastructure offrant un haut niveau de service aux piétons et aux cyclistes n'a rien à envier aux réalisations emblématiques des grandes métropoles françaises et européennes:

  • Priorité quasi systématique en carrefour : Afin d'assurer une efficacité optimale des trajets à vélo, la priorité en intersection a été systématiquement recherchée, quitte à bousculer certaines idées reçues sur la sécurité des cycles par des choix audacieux de gestion des carrefours.

comparaison en vue aérienne avant et après l'aménagement
  • Une largeur de chaussée à la mesure des ambitions de report modal : le profil en travers type est de 4 mètres, ce qui permet aux cyclistes de circuler confortablement à deux de front tout en croisant d'autres cyclistes ou piétons.

  • La réduction de l'espace dédiée aux modes motorisés : les décideurs n'ont pas hésité à neutraliser une voie sur le pont Daladier, déjà fortement circulé aux heures de pointe, pour aménager en lieu et place une piste cyclable bidirectionnelle. Ce choix s'est révélé payant: les cyclistes circulent désormais de manière confortable et sécurisée sur le pont et la congestion automobile n'a pas augmenté.

comparaison avant et après en vue aérienne

Fort de ce succès, la ville d'Avignon a prévu le prolongement du chemin des canaux  vers l'est entre 2019 et 2021.

 

Table ronde "Quelles perspectives pour l’avenir ?"

Cette journée s’est terminée par une table ronde avec :

Moustafa Majdoul (conseiller Montpellier Méditerranée Métropole) ; François Bonneau (conseiller municipal à Agen) ; Sylvie Banoun (Coordinatrice interministérielle pour le développement de la marche et l’usage du vélo) ; Jean Yves Petit (président de l’association RAMDAM), Mickaël Delafosse (conseiller département de l’Hérault), et elle était animée par Camille Thomé (Directrice de Vélo & Territoires)

carte des pistes cyclables de l'Hérault: couvertureCette table ronde a permis d’évoquer pour le département de l’Hérault l’évolution de la dimension vélo depuis dix ans sur son territoire. Le nombre d’usagers augmente, les distances des trajets à vélo ont tendance à augmenter et la prise en compte des aménagements en périurbain est d’actualité.

De même qu’aujourd’hui le conseil départemental 34 ne considère plus le vélo seulement sous l’aspect tourisme mais aussi comme un véritable moyen de déplacement au quotidien, et il vise ainsi à travailler sur les continuités cyclables.

La métropole a confirmé la mise en œuvre de son schéma directeur des mobilités actives annoncé en décembre 2018 sur un plan pluriannuel de 10 ans et une dépense de 80 millions d’euros. Le stationnement des vélos est aussi une priorité de la métropole avec la réalisation d’un parking de 280 places proches de la gare fin 2020 et 400 places à terme.

Les autres intervenants ont rappelé la nécessité d’apaiser massivement la vitesse en ville, le différentiel de vitesse entre cyclistes et automobilistes étant une des principales causes d’insécurité ressentie que l’on soit à Marseille ou Agen (36 000 hab.).

L’intermodalité (transports collectifs / vélo) semble sur ces territoires (interurbain et périurbain) une pratique incontournable. Décideurs et aménageurs doivent tout mettre en œuvre pour favoriser cette pratique qui permettra de voir se développer sur ces territoires les transports collectifs et le vélo pour lutter efficacement contre l’autosolisme.