8 avril 2021
Navette autonome de Nantes a un arrêt près de l'aéroport
Nantes Métropole
Le Cerema a livré en avril 2020 l'évaluation de l’expérimentation de navette autonome circulant sur route ouverte dans la zone de l’aéroport de Nantes Atlantique, menée par un consortium d’acteurs autour de Nantes Métropole.
Cette évaluation couvre aussi l’expérimentation d’une portion de route photovoltaïque visant à compenser la consommation énergétique de la navette. L’évaluation du Cerema aborde le fonctionnement technique du système, l’observation des comportements et la question de l’acceptation sociale.

Lancé par un consortium d’acteurs regroupant la SEMITAN, EDF, Charier, Lacroix City et Logiroad, accompagnés par le pôle ID4CAR et Nantes Métropole, le projet visait à tester, en conditions de circulation réelle, un service de transport de personnes au moyen d’une navette autonome.

L’expérimentation qui a été menée sur une durée totale d’un an a été permise grâce au dispositif métropolitain du Nantes City Lab.

Outre une triple autonomie "conduite, énergétique et détection", les objectifs étaient :

  • de s’approprier ce nouveau mode de mobilité ainsi que ses conditions d’insertion dans la circulation générale ;

  • de tester et évaluer le service dans diverses situations ;

  • d’évaluer l’acceptabilité sociale de ce nouveau service de transport autonome.

La navette de type "Autonom Shuttle" du constructeur français Navya, est un véhicule entièrement électrique pouvant transporter jusqu’à 11 passagers assis et 4 passagers debout. Un opérateur de la SEMITAN, systématiquement à bord, était chargé de veiller au bon fonctionnement du véhicule et d’intervenir en cas d’incident.

 

Déploiement test sur site fermé

Navette autonome de Nantes
Navette autonome expérimentée à Nantes - Cerema

La navette a été déployée une première fois à l’occasion de l’évènement "Complètement Nantes" tout au long du mois de juin 2018, dans une logique de transport à la demande. La navette effectuait ainsi une liaison entre l’arrêt de transport en commun de Gare Maritime et la carrière Miséry, empruntant un itinéraire de 650 mètres le long des quais de la Loire, avec une vitesse moyenne légèrement inférieure à 10 km/h.

Le véhicule était entièrement séparé de la circulation générale et ne rencontrait sur son itinéraire que des piétons, des cyclistes et quelques véhicules circulant sur le parking du Grand Port maritime de Nantes Saint-Nazaire.

Lors de ce premier déploiement où elle fonctionnait 6 heures par jour et 6 jours par semaine durant un mois, la navette a effectué un total de plus de 1000 voyages et a connu un vrai succès d’estime puisque plus de 5200 voyageurs ont souhaité embarquer à son bord.

Après cette première phase de test concluante, le consortium d’acteurs a souhaité tester les capacités de la navette à s’insérer dans la circulation générale et expérimenter des vitesses de circulation plus élevées.

 

Déploiement sur site ouvert

La navette a par la suite été déployée sur des voies ouvertes à la circulation dans la zone aéroportuaire de Nantes Atlantique. Circulant du lundi au vendredi, entre 11h30 et 14h30, elle effectuait une boucle d’une longueur totale de 2,5 km pour assurer la desserte d’un restaurant inter-entreprises tout en desservant 2 autres arrêts fixes dont le Technocampus Océan.

Dans le cadre de cette expérimentation, la navette a circulé entre les mois de mars et mai 2019, soit 54 jours de fonctionnement, après une période de marche à blanc entre le 4 et le 28 février 2019.

Le long de son itinéraire, la vitesse limite autorisée a été abaissée à 30 km/h pour éviter des différentiels de vitesse trop importants entre la navette et les autres usagers. Des aménagements de la voirie ont été rendus nécessaires comme la création d’un carrefour à feu communicant, l’installation d’un mini-giratoire, la modification de la signalisation horizontale et verticale, la régulation du stationnement sur accotement ou encore la pose de kakemonos pour permettre un système redondant de positionnement de la navette.

logo my smart lifeNantes Métropole a sollicité le Cerema afin de réaliser l’évaluation de cette seconde expérimentation, menée dans le cadre du projet européen "mySMARTLife" auquel participe Nantes Métropole et le Cerema. Cette évaluation portait sur :

  • le fonctionnement technique et l’analyse du service de la navette, des équipements associés ainsi que de la route photovoltaïque ;

  • la sécurité routière et s’appuyait notamment sur l’observation des interactions entre la navette et les autres usagers de la voirie grâce à l’analyse des enregistrements par 4 caméras ;

  • l’acceptabilité sociale de ce nouveau type de véhicules, pour les utilisateurs et les non-utilisateurs de la navette, interrogés grâce à une enquête auto-administrée en ligne ;

  • la perception des opérateurs de la navette de la SEMITAN, interrogés lors d’entretiens individuels conduits par Nantes Métropole.

De nombreuses expérimentations ont lieu en France pour tester les véhicules autonomes et en particulier les navettes pour le transport de personnes. Celle portée par Nantes Métropole était l’une des premières à faire ainsi l’objet d’une évaluation aussi complète.

Principaux enseignements de l'évaluation portée par le Cerema

Navette de Nantes sur la route photovoltaïque (bande d'un mètre au centre de la route)
Nantes Métropole

L’ensemble des résultats est disponible dans le rapport du Cerema (voir en bas de page).

Lors de ce second déploiement, la navette a effectué plus de 400 boucles et a transporté près de 850 voyageurs. La fréquentation était moindre que lors du premier déploiement, mais la zone de circulation de la navette, beaucoup moins touristique, peut l’expliquer. Sur les 1 020 km parcourus par la navette, près de 100 % l’ont été en mode autonome.

Les observations comportementales portées par le Cerema ont permis de relever près de 1 300 interactions entre la navette et les autres usagers, dont une part significative de ralentissements et d’accumulations de véhicules à l’arrière de la navette. La navette s’est parfois arrêtée toute seule, dans plus de 70 cas, sans raison extérieure évidente.

La technologie semble donc encore améliorable, ce qui est d’ailleurs tout l’enjeu des expérimentations actuelles comme futures.

Parmi les principaux enjeux auxquels sont confrontés les constructeurs de navettes et les pouvoirs publics pour une meilleure adoption de ces nouveaux véhicules, le Cerema identifie :

  1. L’enjeu de la vitesse de circulation : bien que la vitesse moyenne ait été légèrement supérieure à celle expérimentée lors du 1er déploiement, avec 11,3 km/h hors arrêt et que la vitesse maximale ait été portée à 19 km/h, une faible vitesse de circulation semble préjudiciable à son acceptation. En outre, elle est à l’origine de scénarios récurrents pouvant poser des difficultés en termes de sécurité routière : les véhicules suiveurs sont ralentis, certains s’impatientent puis dépassent la navette parfois au mépris de la réglementation (franchissements de ligne blanche continue, par exemple) et se rabattent trop près de la navette qui ralentit ou freine brutalement.

  2. La puissance du freinage, qui a été perçue comme "brutale" par une majorité des utilisateurs de la navette et des opérateurs à bord mais également par les autres usagers de la voirie. Cela peut sembler contradictoire avec l’enjeu d’atteindre des vitesses de circulation plus élevées.

À noter que le Cerema contribue également à d’autres évaluations de systèmes de transport par véhicules autonomes comme c’est le cas avec l’évaluation menée dans le cadre de l’expérimentation Rouen Normandy Autonomous Lab. Ces expérimentations sont riches d’enseignements.

 

logo commission européenneLe projet mySMARTLife a reçu un financement dans le cadre du programme de recherche et d'innovation Horizon 2020 de l'Union européenne, en vertu de l'accord de subvention n° 731297.