Le Département du Loiret a souhaité engager une démarche prospective territoriale visant à exploiter la réutilisation des eaux traitées des stations d’épuration des collectivités, au bénéfice d’autres usages, et a fait appel au Cerema pour l'accompagner dans l'identification du potentiel de REUT à l'échelle du territoire.
La REUT : une solution promue pour prévenir les tensions sur l’eau
En passant d’une vision linéaire (collecte, traitement, rejet) à une gestion circulaire de l’eau sortie des stations d’épurations, la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) est l’une des solutions possibles à mettre en œuvre pour prévenir les tensions périodiques ou chroniques sur la ressource en eau.
Encore faut-il que ses objectifs soient bien identifiés et argumentés par rapport aux enjeux et au contexte du territoire, dans une vision prospective et partagée par le plus grand nombre.
C’est dans cet objectif que le conseil départemental du Loiret a fait appel au Cerema pour se doter d’une stratégie de long-terme et identifier les enjeux et zones d’opportunités de la REUT à l’échelle de son département.
L’étude a été lancée en mai 2022, soit avant que le gouvernement a choisi le thème de l’eau comme premier axe pour décliner sa "planification écologique" avec entre autres objectifs, celui de déployer massivement la réutilisation des eaux usées traitées, en particulier en zone littorale, dans l’ambition de créer 1 000 projets et d’atteindre un taux de réutilisation des eaux usées après traitement de 10 % d’ici 2030.
La gouvernance : Une clé pour impliquer les multiples acteurs du territoire
Dès le lancement de l’étude, outre des réunions hebdomadaires avec l’équipe projet du Cerema, le département du Loiret a tenu à mettre en place un comité technique réunissant chaque mois les deux agences de l’eau concernées, la Direction Départementale des Territoires du Loiret, ainsi que la Direction Régionale de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement. Ces institutions sont en effet garantes de la stratégie de gestion de l’eau du territoire. Elles disposent des connaissances et données indispensables à un zonage d’opportunité de la REUT, à savoir : l’état des masses d’eau, les points, usages et volumes de prélèvements d’eau.
En fonction des questions soulevées par le comité technique, le département a aussi consulté d’autres acteurs à même de compléter les données ou de fournir un avis sur la méthode, en particulier l’Agence Régionale de Santé Centre-Val-de-Loire, l’Office Français pour la Biodiversité ainsi que d’autres acteurs tel le bureau de recherche et minière ou la chambre départementale d’agriculture. Le département a également assuré le rapportage auprès des élus.
Grâce à cet engagement continu porté par une personne bien identifiée du département et à la participation assidue des membres du comité technique, une méthode d’analyse a pu être coconstruite
La descente d’échelle : une approche territoriale de l’opportunité
L’étude a été menée pas à pas en étudiant et en partageant avec les membres du comité technique et les élus du département :
- Le diagnostic de l’état actuel et des tendances d’évolution à moyen terme (2050) du climat, des masses d’eau et de la dynamique de développement du territoire (population, industrialisation, tendances d’évolution des pratiques agricoles…) ;
- Les usages actuels de l’eau, tant agricoles qu’industriels par rapport aux volumes annuels d’eau prélevées et de leur saisonnalité ;
- Les volumes d’eau usées traitées actuellement produits par les stations de traitement et d’épuration de l’eau urbaine (STEU)
Ce type d’approche cherche à répondre aux questions qui se posent lorsqu’on cherche à identifier l’opportunité d’utiliser les eaux usées traitées (Figure 1) :
Les départements ou les régions : un rôle à jouer pour déployer la REUT
Les projets de REUT sont voués à l’échec si leurs objectifs ne sont pas partagés. Par ailleurs, comme c’est une solution coûteuse, assez complexe, cela nécessite un engagement dans la durée des principales parties-prenantes : élus-décideurs, maître d’ouvrage, usagers, instructeurs, techniciens.