1 mars 2023
Ville d'Eaux-Bonnes dans les Pyrénées
Adobestock
Le projet Interreg Montclima a réuni des partenaires espagnols, portugais et français, pour concevoir des solutions d’adaptation des territoires face aux risques d’inondations, de sécheresses et de feux de forêt dans les territoires de montagne du sud-ouest européen. Retour sur les ateliers participatifs menés dans la vallée du Valentin pour établir un diagnostic et une stratégie de résilience du territoire.

Dans le contexte du changement climatique et de la nécessité d’adaptation des territoires, le projet Interreg Sudoe Montclima a été lancé en 2019 en poursuivant 4 objectifs principaux : 

  • atelier participatifCapitaliser les retours d’expérience et les bonnes pratiques validées en matière de gouvernance, d’actions concrètes et de gestion des risques naturels
  • Construire une méthodologie pour l’élaboration d’un cadre stratégique transnational de prévention et gestion des risques en zone de montagne. 
  • Tester ce cadre transnational sur des territoires pilotes vis-à-vis des trois risques pris en compte dans le projet.
  • Diffuser les résultats du projet auprès des acteurs concernés.

Le projet s’est achevé décembre 2022 et un séminaire de restitution a été organisé les 23 et 24 novembre 2022.

La vallée du valentin

Dans le cadre du projet Montclima, un travail a été mené dans la vallée du Valentin (commune des Eaux-Bonnes), territoire pilote pour le volet risque inondation et soumis également à d’autres types de risques naturels comme les  mouvements de terrain, les avalanches…

Le Cerema est intervenu pour réaliser dans un premier temps un inventaire multirisques

à partir de bulletins d’avalanches, d’articles de presse, de documents d’archives, ainsi que par l’exploitation de la base de données événements RTM/MTES et de témoignages.

 

C’est ainsi qu’en l’espace de deux siècles, 680 événements ont été recensés, comprenant :
  • 604 avalanches,
  • 33 glissements de terrain ou coulées de boue,
  • 32 événements torrentiels
  • 11 chutes de blocs. 

Cet inventaire a été présenté le 6 avril 2021 aux élus de la commune, et le Cerema a exposé des éléments pour mettre en place des démarches d’adaptation.

L’accueil réservé par la commune à ce travail a été extrêmement favorable. La collectivité a ainsi désiré poursuivre cet accompagnement dans la définition et la mise en œuvre d’une démarche plus globale de résilience territoriale aux risques naturels en montagne, pour partager l’état des connaissances locales et les retours d’expériences éclairants. L’objectif est d’aider la collectivité à établir un plan d’actions hiérarchisé et soutenable, mais qui restera à chiffrer à l’issue du processus. 

 

Des ateliers participatifs pour se saisir des enjeux et imaginer les solutions

atelier avec les acteurs du territoireUne seconde étape a consisté à mobiliser tous les acteurs du territoire (institutionnels, acteurs socio-économiques, élus, associatifs, etc.), pour réaliser un travail commun tout au long du projet en proposant une feuille de route claire et attractive.

Trois ateliers préparés par le Cerema ont été organisés entre novembre 2021 et septembre 2022 avec les élus et acteurs du territoire à différentes échelles et des associations, afin de mieux intégrer les enjeux et de réfléchir ensemble aux actions à mettre en œuvre. 

Le premier atelier avait plusieurs objectifs :

  • Lancer une dynamique de territoire sur ces sujets
  • Appréhender les évolutions envisageables sur l’intensité et la périodicité des phénomènes dans les 30 à 50 ans à venir sous l’impulsion du changement climatique.
  • S’interroger sur le concept de la résilience et ce qu’il représente pour chacun ; comprendre les grandes étapes de la démarche de résilience ; s’interroger sur les chocs, stress et dépendances du territoire.
  • S’approprier et partager les enjeux et vulnérabilités du territoire. Faire émerger les liens entre les éléments de diagnostic, entre les thématiques (risques naturels, mobilité, aménagement, économie, tourisme, etc.) et hiérarchiser ces vulnérabilités

Ces échanges ont permis d’établir un diagnostic partagé des impacts du changement climatique sur le territoire, en explorant les connaissances scientifiques sur les risques en zone de montagne et en analysant les vulnérabilités relatives à six grandes thématiques préalablement identifiées, qui concernent ce territoire : l’agropastoralisme, la mobilité, le patrimoine naturel, le tourisme, l’urbanisme et la vulnérabilité des populations. Des fresques reprenant les principales idées émises sur ces 6 domaines ont été réalisées puis analysées collectivement.

Les participants ont aussi été interrogés sur leur perception de la résilience, sur les facteurs de stress auxquels fait face le territoire, de dépendance tels que les réseaux routiers ou de télécommunication, la fréquentation touristique, la capacité d’investissement… 

Le second atelier a été l’occasion de réfléchir aux menaces, existantes et à venir, identifiées par le comité technique, et de proposer des pistes de solutions, en s’inspirant des retours d’expérience d’acteurs issus d’autres territoires de montagne et de la boussole de la résilience développée par le Cerema, qui permet d’intégrer les concepts de la transversalité et de la systémique nécessaires des actions à mettre en place. 

 

boussole de la résilience avec des post its

 

 

 

La boussole de la résilience:

 

1 outil,

1 méthode

 

Pour accompagner la réflexion 

 

 

 

En savoir +

 

 

 

 

 

Les 5 menaces liées au changement climatique identifiées sont :

  • Les fluctuations importantes de la disponibilité en eau (crues violentes, étiages sévères) ;
  • L’augmentation de la vulnérabilité des populations (sécurité des personnes) ;
  • L’absence de politiques de gestion de crise ;
  • L’augmentation de la vulnérabilité des infrastructures (routes, réseaux de communication, réseaux électriques, etc.) pouvant mener à l’isolement des populations ;
  • La baisse de l’attractivité du territoire pour les résidents et les touristes.

Cet atelier a aussi permis de travailler sur les chaînes d’impacts en lien avec les principales menaces et les activités, en proposant des scénarios optimistes ou pessimistes.

tableau avec des post-itsDeux retours d’expériences de territoires similaires ( Communauté de communes Pyrénées Haut-Garonnaises pour le STEPRIM de Bagnéres-de-Luchon et le vice président de la communauté de communes du Briançonnais pour le PETR Briançonnais) ont permis aux participants de prendre la mesure de solutions mises en place ailleurs et de s’inspirer pour la recherche de solutions concrètes pour la vallée du Valentin.

Par la suite, à partir de la définition des éléments les plus vulnérables, le groupe de travail s’est projeté sur les leviers à mettre en œuvre pour aller vers un territoire plus résilient aux risques. A l’issue de cette démarche prospective, un catalogue des possibles en termes de mesures qui peuvent être prises a été élaboré.
Enfin le dernier atelier avait pour objectif de définir un plan d’actions opérationnel pour la collectivité et les acteurs locaux.

Pour cela, des phases de débats enrichissantes ont permis de statuer sur les priorités dans le champ des possibles élaboré au deuxième atelier. Ensuite, les actions à mettre en œuvre ont été hiérarchisées (dans le temps et dans l’espace) et retranscrites sous forme d’un plan d’action (acteurs, méthodologie, financements possibles, leviers et obstacles…).

 

Une démarche de résilience qui se poursuit dans la vallée du Valentin

Les ateliers ont permis d’instaurer une dynamique sur le territoire et de fédérer les acteurs autour d’un possible changement vers plus de résilience. La collectivité souhaite aujourd’hui continuer dans cette direction, en organisant dans un premier temps une réunion de restitution publique de l’ensemble des travaux menés. Ensuite, elle organisera la mise en place de certaines actions jugées facilement mises en œuvre en termes de faisabilités financières, techniques, temporelles et de bénéfices pour le territoire.

Le Cerema poursuit également son implication dans l’approche des risques en zone de montagne par sa contribution à la soumission d’un axe Risque dans un projet LIFE Montagne ambitieux et opérationnel animé par l’OPCC et réunissant de nombreux acteurs transfrontaliers (2023 - 2028). L’ambition est de poursuivre cette démarche de résilience en zone de montagne en travaillant sur un territoire géographiquement plus vaste  et en zoomant sur deux thématiques : sensibilisation des populations et agropastoralisme.

 

panneaux des actions accrochés sur une corde qui représente une ligne du temps