6 décembre 2019
Port maritime
Richard MCall - Pixabay
Cette journée était organisée par le Cerema à la demande de la Délégation à la mer et au littoral du Ministère de la transition écologique et solidaire (MTES), en partenariat avec les services déconcentrés de l’État (DIRM Med, DREAL), l’Agence Française de la Biodiversité et la région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur. Elle a réuni à Marseille, à l'Hôtel de Région, plus de 70 participants représentant l’ensemble de la façade méditerranée au sujet du tourisme littoral et marin. Les organisateurs tiennent à remercier l’équipe de préparation et l’ensemble des intervenants.

Stratégie nationale pour la mer et le littoralL’action Territoires maritimes et littoraux à valeur d’expérience (TMLVE) décidée en Comité interministériel de la mer 2018 (mesure 82) et portée par le Ministère de la Transition Écologique et Solidaire (MTES) à travers sa Délégation à la mer et au Littoral (DML) a pour objectif d’expérimenter un meilleur rapport avec la mer et d’en déduire notamment les évolutions du cadre législatif et réglementaire pour le favoriser.

Cette action s’est concrétisée par l’organisation de différentes journées d’échanges dont l’objectif est de partager, de faire-savoir et de faire-valoir les dynamiques et bonnes pratiques portées par les territoires maritimes et littoraux qui contribuent à la mise en œuvre opérationnelle des grandes ambitions de la Stratégie nationale mer et littoral.

 

La première journée s’est déroulée à Nantes le 7 novembre 2018 autour de la gouvernance de la Loire et de son débouché maritime (actes de la journée).

 

La seconde s’est quant à elle déroulée à Marseille le 20 septembre 2019 et s’est proposée de partager des expériences sur la façade méditerranée autour du tourisme et plus particulièrement de la croisière, des ports de plaisance et de la surfréquentation.

 

 

Journée d'échanges TMLVE du 20 septembre 2019 - Marseille

Lors d’une première séquence de lancement de la journée, le Cerema a invité les participants à donner leur avis sur la compatibilité, tel que pratiqué aujourd'hui, entre le développement du tourisme et la préservation du littoral en ce positionnant dans l’espace. Une majorité y a exprimé ses doutes.

 


OUverture de la journée

François De Canson, représentant du Président de Région et Président du Comité régional du tourisme
François DE CANSON, représentant du Président de la Région Sud Provence–Alpes–Côte d’Azur,  et Président du Comité régional du tourisme

François De Canson ouvre cette journée en annonçant qu’après une première journée d’échange sur le sujet dans les locaux de la région Pays de la Loire, il est heureux d’accueillir cette seconde journée au sein des locaux de la région Sud à Marseille. Il rappelle que la Région met en œuvre des politiques structurantes dans les domaines maritimes et littoraux et assure une vocation d’ensemblier, fédération des énergies de son territoire, avec une dimension maritime naturellement consubstantielle.

La région Sud est une région méditerranéenne avec :

  • 1 000 km de côte,
  • 3 métropoles littorales,
  • 70 % de la population concentrée sur une bande côtière de 25 km,
  • 1233 emplois maritimes soit 6 % des emplois en région,
  • 1,5 million d'euros de chiffre d’affaires pour les industries nautiques (1ère région de France),
  • 3300 établissements dans l’économie maritime marchande,
  • 356 sites de baignade surveillés par l’Agence Régionale de Santé,
  • 135 ports de plaisance et de pêche,
  • la 1ère base navale de France et le 1er port de défense européen.

La Méditerranée faisant partie de l’identité régionale, il précise que la Région agit en matière de politique maritime et littorale à travers son plan climat "une COP d’avance" du 15 décembre 2017. Celui-ci vise à faire de Provence-Alpes-Côte d’Azur la région avant-gardiste du développement durable et de la transition écologique en pointe dans la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat de 2015.

Ce plan climat structuré au travers de 5 axes et 100 mesures représente 25 % du budget régional en 2019 soit 450 millions d’euros avec un objectif de 33 % d’ici 2021. De ce plan climat est directement issu le plan mer et littoral qui fixe l’ambition maritime de la Région à l’horizon 2030 en conciliant les enjeux écologiques et économiques de la mer et du littoral. Cette stratégie globale entend prendre en compte toutes les thématiques à forts enjeux pour le littoral dont la croisière, les ports de plaisance et la surfréquentation touristique. Pour cela la politique régionale se nourrit des contributions des acteurs du monde maritime et littoral réunis au sein de L’Assemblée Maritime pour la Croissance Régionale et l’Environnement qui regroupe 119 membres.

Concernant les loisirs, les ports de la région enregistrent 3,5 millions de passagers ferry, 2,5 millions de croisiéristes pour 50 % du trafic national de la croisière et 430 millions de retombées économiques sur le territoire. Dans ce contexte, un contrat de filière "Tourisme de croisière" a été signé en mars 2019 afin de fédérer les acteurs touristiques.

Afin de porter le bien-être des habitants dans la politique régionale, la Région a dévoilé,le 5 septembre 2019 en présence d’Elisabeth Borne, ministre de la transition écologique et solidaire, son plan "Escales zéro fumée". L’objectif de ce plan est de lutter contre la pollution de l’air dans les ports de Marseille, Toulon et Nice. Cela représente un investissement de 30 millions d’euros notamment pour les infrastructures portuaires et les branchements à quai.

 

Nice
Nice - © Wikimedia commons

Concernant les ports de plaisance, la Région et 19 partenaires ont collaboré pour mettre en place en décembre 2014 une "charte pour le développement durable des ports de plaisance et la pêche en Provence-Alpes-Côte d’Azur", qui a donné le cap à 90 opérations financées à hauteur de 26 millions d’euros, dont 4 régionales, dans 62 ports du littoral de la région avec pour objectif commun le repositionnement des ports comme outils stratégiques d’aménagement du territoire. Cette charte vient conforter la certification "Ports propres et ports propres actifs en Biodiversité" qui récompense les ports, notamment de Cap-Ferrat et de la Seyne-sur-mer, engagés pour la préservation des milieux aquatiques et le développement durable des activités littorales et maritimes.

Concernant la surfréquentation touristique, avec 31 millions de touristes accueillis sur une année et 19 Md€ de revenus, le poids du tourisme pour la Région Sud représente 13 % du PIB régional, 143 000 emplois, plus de 500 000 résidences secondaires. Selon François De Canson, la Région a le tourisme en ADN. À rebours, le sur-tourisme représente une menace potentielle pour le patrimoine; la Région travaille à promouvoir un tourisme durable pour accueillir mieux avant d’accueillir plus. Dans ce but, un nouveau contrat de filière écotouristique, co-construit par les 8 Parcs naturels régionaux de la région, sera proposé le 16 octobre prochain.

randonneurs dans les montagnes
Arnaud Bouissou - TERRA

Le tourisme doit être pensé, travaillé et promu comme un allié de la préservation des écosystèmes économiques, sociaux et environnementaux. L’objectif est donc de développer l’économie touristique en régulant les flux dans le temps et l’espace et de conjuguer un tourisme qui doit rester massif en adéquation avec le bien-être des habitants.

Les mois de juillet - août concentrent 45 % du tourisme régional avec un pic d’accueil de 2,6 millions de touristes accueillis simultanément sur le territoire. À ce sujet Mr De Canson indique que la Région lance un partenariat avec Waze pour mieux gérer les flux touristiques et proposer aux conducteurs, souhaitant rejoindre une destination lors d’un pic de fréquentation, des horaires décalés, des destinations alternatives proches et des possibilités d’accès en transport en commun.

Pour finir, François De Canson a indiqué que la Région joint politique intérieure et politique extérieure en affirmant leur priorité climatique dans leurs coopérations méditerranéennes. Dans le cadre de la stratégie "Méditerranée du futur" elle propose à tous ses partenaires étrangers d’insérer, dans leurs accords de coopération, un volet environnemental.

 

Eric Levert, Directeur interrégional de la mer Méditerranée
Eric LEVERT, Directeur interrégional de la mer Méditerranée

En tant que représentant de l’État local, Eric Levert a poursuivi cette ouverture de journée en rappelant que ce type de journée technique d’échanges fait écho à la mise en œuvre concrète de la stratégie nationale pour la mer et le littoral adoptée en 2017. Le document stratégique de façade constitue la déclinaison pour la Méditerranée et la première phase stratégique sera signée à la fin du mois de septembre.

Cette initiative portée par la DML est une excellente raison pour que la DIRM fasse la promotion de cet évènement, auprès, notamment, du Conseil maritime de Façade Méditerranée, dont elle assure le secrétariat pour le compte des préfets coordonnateurs (Préfet maritime et préfet de région).

Derrière les termes de Territoires maritimes et littoraux à valeur d’expérience on a l’idée de projets de territoire qui diffèrent d’une stratégie globale à l’échelle de la méditerranée puisque ceux-ci sont portés localement à l’échelle d’une baie, d’un port ou bien d’une communauté. Une deuxième caractéristique de ce projet de territoire concerne la gouvernance puisque l'échelle de travail conduit à une gouvernance particulière. Par ailleurs, ces projets de territoire sont dotés d’une vision à long terme proposée par les acteurs du territoire et d’un statut juridique qui diffère en fonction du porteur de projet.

Ce type de journée d’échanges est donc l’occasion de pointer ce qui est intéressant, significatif et innovant et de partager ces expériences concrètes afin de faciliter la réalisation de projets existants et de promouvoir l’émergence de solutions sur de nouveaux territoires maritimes et littoraux tout comme d’identifier les freins législatifs et/ou réglementaires et leurs évolutions souhaitables.

Gaëlle Bertaud, Directrice territoriale Méditerranée du Cerema
Gaëlle BERTHAUD, Directrice territoriale Méditerranée du Cerema

Pour conclure cette ouverture, Gaëlle Berthaud, Directrice territoriale Méditerranée du Cerema, indique que le Cerema est un Établissement Public Administratif créé en 2013 dont les principales missions sont d’apporter un appui aux acteurs locaux en termes d’ingénierie et d'expertise technique sur les projets d'aménagement mais aussi d’être un centre national de ressources à destination de l’ensemble des acteurs publics dans les domaines des risques, de l’environnement, de la mobilité et de l’aménagement.

En regard de ses missions et compétences, le Cerema identifie bien dans sa stratégie, le littoral, territoire à la gouvernance complexe qui concentre de nombreux enjeux. Ainsi, dans le cadre de la mise en œuvre concrète de la Stratégie nationale pour la mer et le littoral le Cerema a identifié trois grands défis, à savoir :

  • accompagner les territoires littoraux vers la résilience,
  • contribuer à expérimenter le partage de l’espace maritime et
  • contribuer à faire vivre l’interface terre-mer autour de sujets d’importance que sont l’adaptation au changement climatique des territoires, le développement de la croissance bleue et les pressions démographique et touristique croissantes.

C’est donc tout naturellement que le Cerema a répondu présent à la sollicitation de l’État, à travers sa Délégation à la mer et au littoral, pour organiser, et valoriser, ces journées techniques d’échanges sur les territoires dans le cadre de l’action TMLVE.

Au-delà de son implication pour l’organisation et l’animation de cette journée, le Cerema souhaite poursuivre son investissement dans ce domaine en développant une offre de service en appui direct aux collectivités pour favoriser leur appropriation des enjeux d’une gestion intégrée de la mer et du littoral et le passage à l’acte. Cette journée technique d’échange doit être l’occasion pour chacun des acteurs locaux de s’exprimer et de faire remonter les besoins et de challenger l’établissement.

état des lieux et tendances

Anne-France Didier, Délégation à la mer et au littoral (MTES), propose une présentation de deux études sur le tourisme qui permettent de poser un cadre de réflexion au sujet du tourisme littoral et marin et plus précisément des problématiques, vis-à-vis des espaces naturels à la fois sous pression et attractifs, des besoins notamment en matière de régulation et des premières solutions apportées par les territoires.

 

Vers un tourisme bleu durable dans les régions marines

Étude « Tourisme bleu – Vers un tourisme côtier et maritime durable dans les régions marines mondiales »

Cette étude a pour objectif de mieux définir et comprendre l’empreinte environnementale du tourisme côtier et maritime dans les six régions marines mondiales qui font l’objet de conventions régionales dont la France est partie prenante. Cette étude comporte un état des lieux des tendances touristiques maritimes et littorales et des cadres législatifs et réglementaires. Elle vise par ailleurs à identifier et à diffuser les connaissances et les pratiques innovantes développées sur le terrain afin de proposer des recommandations et des pistes d’actions en matière de gestion, de régulation et de gouvernance environnementale aux décideurs, à l’industrie du tourisme et aux autres parties prenantes concernées, dans le but ultime d’accélérer la transition du tourisme bleu vers la durabilité environnementale et sociale.

Ainsi, ce rapport propose :

  • 20 propositions d’actions globales pour un tourisme bleu durable,
  • 9 recommandations spécifiques pour les hôtels et resorts,
  • 9 recommandations spécifiques pour les croisières et les ports et
  • 10 recommandations spécifiques pour l’écotourisme.

Il s’agit d’un diagnostic préalable au dépôt d’un projet devant le fonds français pour l’environnement mondial (FFEM), portant sur les trois thèmes pré-cités et sur trois mers régionales : l’océan Indien, les Caraïbes et la Méditerranée.

La fonction touristique des territoires

Étude « La fonction touristique des territoires : facteur de pression ou de préservation de l’environnement »

Le tourisme constitue un secteur économique et social déterminant pour la France.

Avec 84,5 millions de touristes étrangers accueillis en 2015 en métropole, et 400 000 en outre-mer, la France se place au premier rang mondial des destinations touristiques.

Le Ministère des Affaires étrangères s’est fixé un objectif de 100 millions de touristes accueillis par an d’ici à 2020 sur le territoire national pour faire de la France le leader mondial du tourisme.

Cependant, malgré le poids économique de ce secteur d’activité (41,4 milliards d’euros de recettes et 7,8 % des emplois salariés) le tourisme est générateur de pressions sur l’environnement notamment sur de courtes périodes (juillet et août).

Néanmoins, "face au développement du tourisme, et afin de limiter les tensions sur les ressources et ainsi préserver les territoires touristiques, des pratiques promouvant un développement durable du tourisme se diffusent. Cette publication étudie la place et l’évolution de ces initiatives, privées et publiques, qui se multiplient dans l’optique d’un tourisme durable".

 

Qu'est-ce qui est important pour atteindre un tourisme durable ?

Interview d'Anne-France DIDIER - Ministère de la Transition Écologique et Solidaire - Délégation Mer & Littoral - Chargée d'un des objectifs de développement durable ODD14 qui concerne les océans

 

Les enjeux du nautisme

 

Cannes
Cannes - © Welcomia / Freepik

Xavier Nicolas, Ministère de la Transition Écologique et Solidaire, propose une présentation des enjeux actuels du nautisme et de la plaisance qui représentent une industrie récréative, au système structuré mais complexe, de 45 000 emplois pour 1,5 Millions d'€uros de recettes.

Il s’agit d’une industrie au maillage territorial important et qui est grande contributrice de l’économie bleue du territoire à travers la construction navale, le négoce, les équipementiers et les sports de glisses entre autres. Les 500 ports de plaisance, en plus de la valeur identitaire, sont bien des acteurs économiques et sociaux importants pour les territoires.

Les ports sont des vitrines à ciel ouvert pour les touristes et les habitants qui viennent voir l’activité portuaire. Au contraire des ports de commerce très localisés, la distribution des ports de plaisance est très diffuse sur le littoral français.

Les Français aiment la mer et cela se voit. En effet, la plaisance représente 13 millions de pratiquants dont 9 millions occasionnels. Il faut profiter de ces millions de français qui vont sur la mer pour les sensibiliser à l’environnement sachant qu’ils ont déjà un rapport particulier à la mer.

Cette filière du nautisme et de la plaisance est en mutation. Il s’agit d’une activité jeune (années 60) et dynamique. L’âge des bateaux est en moyenne souvent supérieur à 22 ans et les propriétaires âgés de 40 à 70 ans. Il est ainsi important de prévoir la gestion des navires de plaisance en fin de vie et la reprise des bateaux qui n’auront plus de propriétaire, trop âgé pour naviguer, sachant que les jeunes ont un comportement différent, privilégiant l’usage à la propriété. En effet, nous observons une constance dans le nombre de permis de plaisance délivrés mais aussi une diminution du nombre de propriétaires.

La filière du nautisme et de la plaisance a su développer une économie collaborative comme le partage de la propriété d’un bateau. En 2008 un bateau neuf sur 29 est en copropriété (24 000 mis en service) alors qu’en 2019 nous sommes sur un ratio de 1/4 (9 000 mis en service, en déclin donc).

Il existe à ce jour de forts enjeux d’accès à un espace portuaire de qualité et qui offre de nombreux services : le port doit passer d’une zone de parking à une zone de vie. On observe ainsi des zones portuaires en maintien, en développement et en déclin. Dans ce dernier cas, la diminution du nautisme est corrélée aux territoires où l’accès à la mer est de plus en plus difficile.

Témoignage d'une élue locale

Raphaelle Leguen
Raphaëlle Leguen, 1ʳᵉ adjointe de la ville de la Seyne-sur-mer, vice-présidente du syndicat des communes du littoral varois, membre de l’Association Nationale des Élus du Littoral (ANEL) et présidente de la commission permanente du conseil maritime de façade

Raphaëlle Leguen annonce, malgré ses nombreuses casquettes, que sa présence à cette journée repose essentiellement sur son mandat d’élue locale d’une collectivité littorale de 76 000 habitants, 2ème ville du Var en taille. En effet, elle est 1ere adjointe au maire de la Seyne-sur-Mer en charge des questions maritimes et littorales (mer, ports et littoral, relations avec la Marine Nationale, Contrat de Baie).

Elle précise que le territoire de la Seyne-sur-Mer présente douze espaces portuaires, dont cinq de plaisance et un de grande plaisance. Un môle d’armement, vestige du passé dans l’industrie navale de la ville, est également présent et peut accueillir de grosses unités.

Concernant la croisière, la Seyne-sur-Mer a mis en place une gare maritime performante mais éprouve des difficultés pour acheminer les touristes depuis le môle d’armement vers le centre-ville (plus de 2 km). La liaison entre la ville et le port est ainsi un point fondamental.

Par ailleurs, malgré des formations d’anglais prodiguées aux hôtes et hôtesse d’accueil, la ville n’est pas encore prête à accueillir ces nouveaux touristes à majorité anglophone. Cependant, on observe un début d’adaptation de certains secteurs économiques qui ont su proposer des offres répondant à ces nouvelles demandes.

La ville n’est pas en charge directement des ports puisqu’il s’agit d’une compétence de la métropole Toulon Provence Méditerranée.

 

La Seyne sur mer
La Seyne-sur-mer - © Wikimedia commons

Raphaëlle Leguen précise qu’il y a une forte population due à l’ère de fonctionnement du port industriel et des anciens chantiers navals. La ville possède beaucoup d’attraits patrimoniaux architecturaux et naturels, qu’il faut valoriser. Elle indique par ailleurs, que le port de plaisance, tout petit, a été classé « port patrimonial ». À la différence des ports dit autonomes, le classement permet d’abonder le budget communal dans le but de restaurer les ports patrimoniaux.

La population doit réussir la mutation économique à l’année pour prospérer. En effet, la force du nautisme est de valoriser la vie économique locale à l’année. De plus, la gestion des concessions de plage offre l’opportunité à la collectivité de miser sur le tourisme de mi-saison, en demandant aux concessionnaires de développer une offre de services sur les 8 mois que dure la concession, l’objectif étant de décharger la période estivale juillet-août.

La ville a su s’inspirer de travaux de l’ANEL et d’expériences dans les outre-mer pour profiter de ces expertises sur place. A titre d’exemple, le développement de bateaux maritimes propres permettrait de soulager la côte d’un trafic routier très dense.

La commune cherche aussi à travers sa base nautique, créée initialement pour la population locale, à désengorger le littoral en proposant par exemple des stages intensifs d’apprentissage de la nage aux saisonniers.

 

En termes de retour d’expérience sur l’accessibilité du sentier du littoral, la collectivité s’est aperçue que l’instauration d’une servitude de passage des piétons sur le littoral s’est avérée source de différentes problématiques. En effet, espace sauvage difficile d’accès, les personnes âgées et les jeunes enfants se retrouvent souvent en difficulté sur le sentier. Par ailleurs, ce dernier est fortement soumis à un piétinement de masse et à l’érosion. Ainsi, la commune a besoin de réfléchir à nouveau sur le sentier du littoral en termes de protection des usagers et protection du trait de côte.

Pour conclure son témoignage, Raphaëlle Leguen remercie le préfet maritime de Méditerranée pour la mise en place de l’arrêté préfectoral N°123/2019 fixant le cadre général du mouillage et de l’arrêt des navires dans les eaux intérieures et territoriales françaises de méditerranée qui permet, entre autres, de protéger l’environnement marin de la côte méditerranéenne.

 

Qu'est-ce qui est important pour atteindre un tourisme durable ?

Interview Raphaelle LEGUEN - 1ʳᵉ adjointe de la ville de la Seyne-sur-mer, vice-présidente du syndicat des communes du littoral varois, membre de l’Association Nationale des Élus du Littoral (ANEL) et présidente de la commission permanente du conseil maritime de façade

Trois projets de territoire

Quels enjeux pour les territoires maritimes et littoraux ?

 

Club de la croisière Marseille Provence Hélene Lebas, déléguée générale du Club de la croisière Marseille Provence, qui rassemble une cinquantaine de membres, s’est proposée de présenter 6 enjeux de la croisière à savoir l’économique, l’environnement, la technologie, l’accueil touristique, la coordination/organisation du territoire et l’information.

Elle profite de cette intervention pour promouvoir l’organisation le 17 octobre 2019 du Blue maritime summit, journée de travail et d’échanges entre professionnels de l’écosystème maritime autour de la transition éco-énergétique des navires.

 

Quel est votre message principal pour atteindre un tourisme durable ?

Interview de Jean-François SUHAS - Président du Club de la Croisière Marseille Provence

 

Les ports de plaisance comme acteurs des territoires maritimes et littoraux

 

Union des villes portuaires d’OccitanieAnne-Sophie Cassan, Déléguée générale de l’Union des villes portuaires d’Occitanie (UVPO) a présenté une démarche engagée dans le cadre du Parlement de la mer à savoir l’installation de structures flottantes dans les ports d’Occitanie. Celles-ci peuvent être à vocation touristiques (logements) ou servir de locaux administratifs (capitainerie) et peuvent mener à l’évolution de la vocation des ports.

 

Les ports de plaisance agissent-ils en faveur du développement durable ?

Interview de Peter MURRAY KERR - Délégué général de l’Union des ports de plaisance de Provence-Alpes-Côte d’Azur et Monaco (UPACA) et directeur du port de la Rague (06)

 

Sur-fréquentation touristique : Quelle régulation possible par les territoires ?

Parc Naturel Régional de Camargue

 

Pour terminer ces présentations de projets de territoires, Sylvain Ceyte du Parc Naturel Régional de Camargue a présenté la gestion de la surfréquentation sur la plage de Beauduc. En effet, afin de régler de nombreuses problématiques d’atteintes à l’environnement, de sécurité publique, de submersion marine et d’accessibilité des services de secours le PNR a travaillé sur la surveillance, la sensibilisation, la réglementation et la gestion des usages et des accès à la plage.

 

 

Quelles sont les solutions pour atteindre un tourisme durable en particulier dans les espaces protégés ?

Interview de Didier REAULT - Adjoint au maire de Marseille délégué à la mer et au littoral, et Président du Parc National des Calanques

 

Boudiou traiteur

Un grand remerciement au restaurant/traiteur Boudiou pour l'excellent buffet local bio qui a ravi tous les participants.

Ateliers de travail

Trois ateliers de travail, un pour chaque thématique, ont été organisés pour permettre aux participants à la journée d’échanges de présenter, et faire remonter, des problématiques et des solutions trouvées sur leur territoire, en lien avec la transition écologique à savoir le développement durable des activités et la protection de l’environnement.

Les participants ont pu contribuer à travers un questionnaire en ligne au moment de l’inscription à la journée mais aussi le jour même lors du forum des solutions et ensuite lors des ateliers.

 

Atelier A : Croisière
Atelier A : Croisière
Atelier B
Atelier B : Ports de plaisance
Atelier C
Atelier C : Surfréquentation touristique

 

Ces trois ateliers ont permis aux acteurs présents d’intervenir pour mettre en lumière les différentes problématiques autour de la surfréquentation touristique, la croisière et les ports de plaisances en lien avec, entre autres, les pressions sur l’environnement, les avancées technologiques et les réglementations en cours. Ce fut aussi l’occasion d’associer aux problématiques soulevées des solutions concrètes d’ores et déjà mises en œuvre et de proposer de nouvelles actions à mener.

Voir les actes pour un retour détaillé des ateliers.

Table ronde

Table rondeAfin de clôturer cette journée d'échanges, une table ronde a été organisée réunissant 7 acteurs, à savoir :

  • Jean-François SUHAS (Président du Club de la croisière Marseille Provence)

  • Loïc CHOVELON (Directeur du Comité régional du tourisme Provence-Alpes-Côte d’Azur)

  • Sarah HATIMI (Responsable du bureau Méditerranéen de l'association Surfrider Foundation Europe)

  • Peter MURRAY-KERR (Secrétaire général de l’Union des ports de plaisance de Provence-Alpes-Côte d’Azur et Monaco)

  • Marceau ARTAUD (Chargé de mission à l’Union des ports de plaisance de Provence-Alpes-Côte d’Azur et Monaco)

  • Nicolas CHARDIN (Directeur adjoint du Parc National des Calanques)

  • Patricia RICARD (Présidente de l’Institut Océanographique Paul Ricard) 

 

Ces derniers ont eu l’occasion de répondre aux questionnements sur l’état de santé de la méditerranée, le développement de l’économie touristique en lien avec les pressions sur l’environnement, la transition écologique et énergétique des ports ainsi que sur les solutions mises en place par le milieu associatif et par les gestionnaires d’espaces protégés.

Voir les actes pour un retour détaillé des échanges de cette table ronde.

Les échanges avec la salle ont permis d’approfondir certains points, d’en discuter d’autres, et d’émettre de nouvelles propositions :

  • Il y a un sentiment d’urgence à agir au vu des dynamiques en cours.
  • Patricia Ricard a souhaité rappeler que le littoral du Var n’a jamais été aussi propre, et qu’il convient de voir les résultats positifs.
  • La Méditerranée est la région la plus polluée au monde par les plastiques.
  • Les solutions doivent être recherchées sur l’ensemble du littoral méditerranéen donc dans un contexte international.
  • La LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) a tenu à rappeler l’importance du littoral comme lieu de migration des oiseaux à protéger.
  • M. Giorgetti du service mer de la Région signale que des zones telles que le golfe de Fos continuent à être impactées par les rejets industriels.
  • La Fédération Nationale de la Pêche en mer rappelle quant à elle l’impact des pollutions apparues ces dernières décennies : les rejets des stations d’épuration, l’artificialisation des milieux par des grands projets tels que la mission Racine, les pesticides et autres polluants chimiques.
  • Nicolas Chardin signale que des solutions réglementaires ont été trouvées pour alléger les procédures relatives aux aménagements à finalité économique, et qu’il serait bienvenu de faire de même pour les aménagements à finalité environnementale.

 

 

Face aux problèmes de pollution de la Méditerranée, quelles sont les solutions concrètes que votre association propose et développe ?

Interview de Sarah HATIMI - Responsable du bureau Méditerranéen de l'association SurfRider Foundation Europe

 

Conclusion

Anne-France Didier remercie l’ensemble des acteurs présents pour leur participation, la Région pour son accueil et le Cerema pour l’organisation.

Elle a pris bonne note des pistes évoquées relatives aux aspects réglementaires, et la demande de simplification de certaines procédures.

Cette journée confirme le rôle des territoires comme plate-forme d’expérimentation de solutions innovantes et reproductibles pour la mise en œuvre de la SNML. Chaque acteur doit se sentir concerné par la transition écologique et solidaire et le changement climatique et est responsable d’une partie des solutions à apporter. Les solutions de financement ne sont pas immédiates, il n’y a pas, en mer, de principe pollueur – payeur comme celui qui est en vigueur pour l’eau continentale et mis en œuvre via les Agences de l’Eau ; chaque acteur doit donc agir au mieux de ses possibilités et à la source pour préserver ce bien commun.

La bonne nouvelle est que la prise de conscience sur le rôle et la fragilité de l’océan et de ses zones côtières se développe, notamment dans les jeunes générations et avec elle l’envie d’identifier des solutions concrètes, innovantes et solidaires.

La prochaine journée « TMLVE » sera annoncée par la suite, il est envisagé qu’elle se situe sur la façade Atlantique et concerne l’adaptation au changement climatique.