La notion de "ville productive" recouvre l’idée de maintenir ou faire revenir les activités de fabrication (industrielles, agricoles, artisanales, tertiaires…) dans les villes quelle que soit leur taille. Or, si ces activités peuvent être perçues comme dérangeantes en ville, elles sont aussi un élément d’attractivité.
La crise du Covid-19 a aussi montré que ces activités étaient indispensables pour réduire notre dépendance économique et réindustrialiser les territoires.
Six projets de recherche pour mieux cerner les leviers en faveur de la ville productive
Dans un contexte où le travail comme les pratiques d’aménagement évoluent, il apparaît important de mieux prendre en compte ces activités productives dans l’aménagement urbain ainsi que d’objectiver leurs impacts et les conditions de ce maintien.
Cet appel à projets de recherche et d’expérimentation a été lancé en mai 2020 par le Plan urbanisme construction architecture (PUCA), avec le soutien de La Fabrique de l'Industrie et l'Institut pour la recherche de la Caisse des Dépôts de manière à suivre pendant 3 à 5 ans les six projets de recherche retenus, en capitaliser les enseignements pour les diffuser ensuite auprès des acteurs.
L’objectif est également de développer la collaboration transversale entre les chercheurs et les professionnels de la ville. Les projets lauréats ont été sélectionnés pour les réponses qu’ils peuvent apporter à des problématiques d’ordre général liées à la présence d’activités productives en milieux urbains.
Autour de la question de la présence d’activités de production en ville, différents enjeux se dessinent : adapter la ville à l’évolution du travail, maintenir des qualifications de différents niveaux en ville, favoriser le maintien ou le retour d’industries dans les tissus urbains, mettre en œuvre une logistique urbaine durable, favoriser la proximité entre les lieux de production et ceux de consommation…
L’appel à projets intitulé "quelle place pour quel travail en ville ?" reposait sur 5 axes :
- Les conditions et stratégies du maintien et du retour de l’activité productive en ville ;
- Les lieux du "travail à distance" de l’entreprise ;
- La ville productive comme projet environnemental ;
- La logistique urbaine et l’évolution des pratiques commerciales ;
- La ville des travailleurs et des travailleuses (axe de nature à la fois plus prospective et plus exploratoire).
Etudier les stratégies foncières sur deux territoires
Le projet de recherche proposé par le Cerema portait plus spécifiquement sur l’axe 1 et s’intitule "La demande foncière et immobilière des activités productives : quelle prise en compte par les territoires urbains ? Les cas de l’Ile de France et de Valence Romans Agglo".
Le Cerema a mené différents travaux sur les enjeux de la ville productive sous l’angle du foncier,et sur les activités économiques en ville. Un séminaire européen a eu lieu autour de ces questions en juin 2019, dans le cadre du réseau de métropoles européennes METREX, à l’initiative de l’Institut pour l'Aménagement et l'Urbanisme (IAU) de la région Ile-de-France et du Cerema, et a permis de souligner le besoin de solutions opérationnelles au maintien et au développement d’activités productives en ville.
Le projet retenu dans cet appel fait suite à de précédents travaux de recherche qui ont mis en évidence les difficultés aussi bien pour les entreprises que les pouvoirs publics d’ajuster leurs stratégies pour favoriser l’existence en ville de ces activités de production, et l’importance de la problématique foncière. Cette étude a montré que la notion de "charge foncière admissible" (le prix du foncier en rapport avec le projet final) est un enjeu clé.
Ce nouveau projet de recherche comprend trois axes :
- Qualifier la demande foncière des entreprises malgré sa diversité,
- Définir de quelle manière les collectivités prennent en compte cette demande, et comment elle est intégrée dans les dispositifs de gouvernance des stratégies et politiques urbaines.
- Caractériser le mécanisme d’établissement de la charge foncière.
Ce travail sera mené via un partenariat avec l'Institut Paris Région et avec Pacte-Université de Grenoble, et portera sur les cas précis d’un territoire métropolitain en Ile-de-France, et d’une ville moyenne (l’agglomération de Valence –Romans). Le Cerema s’appuiera sur les données foncières structurées DV3F, un questionnaire envoyé aux entreprises, des entretiens avec les acteurs.