15 mars 2024
Guyane - Anse de Remire-Montjoly
Adobestock
Pour mieux préserver la biodiversité, la commune de Rémire-Montjoly en Guyane, située sur le littoral, souhaite améliorer les continuités écologiques. Elle a sollicité le Cerema pour l'accompagner

 

Cet accompagnement marque la première collaboration entre l’équipe de l’agence Antilles-Guyane et de Sud-Ouest qui vont ainsi mutualiser leurs compétences auprès de la commune de Rémire-Montjoly, une des premières collectivités à avoir adhéré au Cerema en Guyane, dans son projet de rétablissement des continuités écologiques.

 

Une connaissance approfondie des enjeux écologiques

Rémire-Montjoly, commune adjacente de Cayenne en fort développement, fait face à un rythme d’urbanisation soutenu qui a profondément transformé sa physionomie. Son cadre de vie, apprécié, par les habitants est fortement lié à la présence des milieux naturels, mais l’équilibre entre expansion de l’urbanisation et maintien des milieux naturels est fragile. 

 

Expansion urbaine entre 1950 et 2019, source : ABC Rémire-Montjoly, GEPOG

 

Rémire-Montjoly fait partie des communes les plus urbanisées de Guyane. Pour autant, sur 4 730 ha de superficie totale, 2 847 ha sont identifiés en zones naturelles. Plusieurs entités géographiques riches en biodiversité marquent fortement le territoire : les monts (Mont Mahury, Mont Cabassou et Montagne du Tigre, Mont Ravel), Vidal-Mondélice, composé de zones humides, de mangroves et de forêts, ou encore les Salines de Montjoly. 

En juin 2023, la commune a finalisé son atlas de la biodiversité (ABC), lui permettant d’améliorer les connaissances sur les espèces animales et végétales sur des secteurs jusqu’ici peu prospectés, et de révéler ainsi toute la biodiversité de son territoire.

 

Observations réalisées pendant l’ABC sur 6 groupes d’espèces, source : ABC Rémire-Montjoly

 

 

Les continuités écologiques sont constituées d’un maillage d’espaces naturels ou semi-naturels nécessaires au cycle de vie des espèces animales et végétales (alimentation, reproduction, déplacement). Les continuités écologiques terrestres se composent de réservoirs de biodiversité (zones les plus riches et favorables à la biodiversité) et de corridors écologiques (zones de déplacement) ; les continuités aquatiques sont quant à elles constituées des cours d’eau et milieux aquatiques/humides permettant d’assurer la circulation des poissons et des sédiments.

Ces différentes continuités peuvent être interrompues par des infrastructures linéaires de transport, se traduisant par une rupture réduisant ou empêchant la libre circulation des espèces. Ces obstacles sont généralement dénommés "points noirs" ou points de conflit. La mise en place d’ouvrages de franchissement ou l’aménagement des ouvrages constitue une des mesures à engager pour favoriser le passage de la faune et préserver ces continuités écologiques. 

 

Ce projet de restauration des continuités écologiques s’inscrit dans la politique nationale de la Trame verte et bleue et celle de la Stratégie Nationale Biodiversité 2030 (SNB 2030) qui comporte deux mesures visant la résorption des ruptures des continuités écologiques.

 

L’accompagnement du Cerema 

Après une phase d’appropriation des données et des enjeux, le Cerema procédera à une analyse des points de conflits. Outre l’analyse bibliographique, l’étude de terrain des milieux naturels et des ouvrages existants est essentielle. Un repérage cartographique réalisé en amont permettra d’aider au diagnostic de terrain des ouvrages existants et de leur potentialité de transparence écologique, ainsi que l’état de conservation des corridors identifiés. Sur la base de ces éléments, des aménagements d’ouvrages existants et/ou construction d'ouvrages nouveaux (passage à faune, adaptés aux espèces visées et au terrain) et autres mesures d'accompagnement seront proposés.

La rupture des continuités écologiques impacte les espèces terrestres mais aussi arboricoles. Des mesures adaptées pour ces deux types de faune seront proposées au besoin.

 

Schéma de principe d’un passage canopée ©Cerema

 

Exemples d’aménagement de passages pour la petite faune terrestre et semi-aquatique ©Cerema

Les propositions d’aménagement incluront des éléments techniques, adaptés au contexte guyanais, et de coûts seront également proposés.

Parallèlement, le Cerema accompagnera Rémire-Montjoly pour amener les autres gestionnaires de réseau d’infrastructures à résorber les obstacles aux continuités écologiques, l’objectif étant d’obtenir une action globale et cohérente à l’échelle de la commune. Le Cerema assistera également la commune pour le suivi de la réalisation des aménagements proposés et retenus : avis sur les exigences des CCTP et des marchés, revue des propositions techniques des entreprises, contrôle du respect de l’environnement lors de la phase chantier.

Cet accompagnement de la commune de Rémire-Montjoly, qui a bénéficié pour ce projet (phase ingénierie et phase travaux) d’une subvention fonds verts, se déroulera principalement en 2024.
 

Contacts Cerema :

Bénédicte Bexerres, directrice adjointe de l’Agence Antilles Guyane du Cerema, 
Géraldine Audie-Liebert, chargée d’étude biodiversité, Direction Territoriale Sud-Ouest,  
Kahina Reboul, cheffe de projet eau, risque et environnement, Direction Territoriale Outre-Mer / agence Antilles-Guyane.