4 septembre 2024
voiture electrique
Arnaud Bouissou - TERRA
Dans le cadre d’un partenariat avec le syndicat départemental d’énergie de l’Ille-et-Vilaine, le Cerema a travaillé à la réalisation d’un schéma directeur des infrastructures de recharges pour véhicules électriques (SDIRVE) à partir d’une analyse de l’existant ainsi que des besoins présents et à venir du territoire. Sa mission a également consisté à appuyer un premier suivi-évaluation de sa mise en œuvre.

Pour sa réflexion sur le déploiement des bornes de recharges ouvertes au public dans le départementlSyndicat départemental d’énergie d’Ille-et-Vilaine (SDE35) a fait appel au Cerema dans le cadre d’un partenariat pour l’appuyer sur les plans technique et méthodologique pour l’élaboration de son schéma directeur des infrastructures de recharge pour véhicules électriques (SDIRVE). Après avoir installé plus d’une centaine de points de recharges pour véhicules électriques, accessibles avec ou sans abonnement, l’ambition du syndicat était désormais de structurer une démarche de déploiement, intégrant l’offre privée, à l’échelle du département.

A la suite de premiers travaux, le Cerema a été chargé de rédiger le SDIRVE, prévoyant le déploiement des bornes de recharges ouvertes au public en intégrant leur typologie et leur distribution spatiale, ainsi que les aspects de gouvernance de la démarche.

Il a d’abord relu les travaux précédents réalisés par le bureau d’études Egis à la demande du SDE35 sur le sujet, et les objectifs opérationnels du schéma directeur tels que le nombre de points de charge des différents types ou leur localisation ont pu être définis à partir notamment de différentes données collectées nécessaires à la connaissance du territoire, des installations existantes et de leurs caractéristiques. Les indicateurs de suivi de la démarche ont également été définis : indicateurs de suivi de la dynamique (nombre de bornes/points de charge installés par type, nombre d’opérateurs entrés dans la démarche, etc.), indicateurs en termes de qualité de service (taux de recharges effectuées avec succès, disponibilité, enquêtes de satisfaction, etc.)... L’avancement des travaux a été notamment partagé au fur-et-à-mesure auprès de collectivités du territoire.

 

Plusieurs acteurs concernés par le SDIRVE

Crédit : SDE 35

Le nombre de points de charge à déployer nécessite d’impliquer les opérateurs privés dans la démarche : un des enjeux consiste donc à les mobiliser, afin de faciliter le dialogue pour développer une offre de recharge lisible et coordonnée entre les différents maîtres d’ouvrage, en particulier concernant les modalités d’accès et de tarification. Les opérateurs privés déployant des bornes ouvertes au public dans le cadre du SDIRVE pourront avoir accès à un taux de réfaction du tarif d’utilisation du réseau d’électricité publique : le principe poursuivi est qu’ils restent libres dans l’exercice de leurs activités mais s’engagent autour d’une charte, pour parvenir à une convergence des différents opérateurs signataires en termes d’objectifs d’interopérabilité et de tarification notamment.

La démarche de réalisation du SDIRVE initiée par le SDE35 repose par ailleurs sur une convention tripartite liant également, avec le Cerema, le gestionnaire du réseau public Enedis. Ce dernier a été en effet chargé de l’évaluation de l’impact des objectifs fixés de points de charge sur les consommations d’électricité et les capacités du réseau, et a pu ainsi alimenté l’étude au fur et à mesure.

Les collectivités, qui ont un rôle à jouer en termes de suivi du dispositif et de communication sur leur territoire, ainsi que dans la localisation de l’installation de bornes de recharge, ont également été impliquées dans la démarche, qui doit donc de manière générale s’appuyer sur la concertation avec les acteurs publics et privés.

 

Quels besoins à l’échelle du territoire ?

véhicule en recharge
B. Daval - Cerema

Le Cerema a dressé un état des lieux des connaissances sur les dispositifs du territoire, analysé les travaux déjà menés, notamment par Egis, ainsi que des données telles que celles de la base Gireve sur les bornes de recharges en activité, les données d’utilisation des bornes, ou encore les bases INSEE concernant les équipements, les logements. Ce travail a notamment permis de mettre en relief certaines disparités territoriales existantes, ou encore de distinguer l’importance d’utilisation selon les types de bornes

Ensuite, le Cerema a évalué les besoins (horizons du SDIRVE 2025 et 2030) en termes de nombre de points de charge nécessaires en intégrant différents critères, notamment :

  • Les objectifs fixés par la réglementation en termes d’offre de recharge, au regard notamment des places de parking présentes sur le territoire ;
  • L’évolution du parc de véhicules électriques selon plusieurs scénarios qui intègrent les objectifs et projections présents dans les documents de planification comme le PCAET, le PPE, la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), ainsi que des études prospectives sur le parc de véhicules en circulation ;
  • La définition des cas d’usage des points de charge (notamment recharges plus ou moins rapides selon que l’on a un besoin de recharge en transit ou arrêt de courte durée, en arrêt pour une activité de moyenne durée type achats, ou en longue durée telle qu’à son domicile du soir au matin...), et l’évaluation du besoin par type de points de charge en fonction des cas d’usage.

Le Cerema a alors proposé une stratégie de déploiement en termes de répartition géographique en fonction de différents facteurs tels que la situation des axes routiers, la présence de pôles commerciaux, le nombre de logements ne disposant pas d’espace de stationnement mais rattaché à un ménage motorisé/bimotorisé… 

La stratégie de déploiement inscrite dans le SDIRVE inclut également les questions de gouvernance, de modalités d’articulation et de suivi : celles de mobilisation des acteurs, de coordination des actions, les modalités d’installation et d’exploitation des bornes gérées par le SD35, ou encore les modalités de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre des objectifs programmés.
Le SDIRVE a été validé par la préfecture d’Ille-et-Vilaine courant 2022, et le Cerema est chargé d’accompagner le SDE35 pendant 2 ans pour le suivi-évaluation de sa mise en œuvre. 

 

Un premier suivi-évaluation riche d'enseignements

Chargé d’accompagner le SDE35 pendant 2 ans pour le suivi-évaluation de la mise en œuvre du SDIRVE, le Cerema a pu procéder à une évaluation à fin 2023. Celle-ci a consisté à observer d’une part les tendances réelles de croissance du parc de véhicules électriques comparées aux prévisions qui avaient été faites dans la SDIRVE, et d’autre part les déploiements de points de charge réalisés depuis fin 2021 au regard des objectifs fixés dans le SDIRVE dans un premier temps d’ici fin 2025.

Concernant le parc de parc de véhicules, le SDIRVE, qui s’était appuyé, sur la base des données disponibles lors de son élaboration, sur 3 scénarios, avait retenu le scénario ambitieux de croissance du nombre de véhicules électriques et hybrides rechargeables. Le Cerema a pu observer qu’à fin 2023 cette croissance de véhicules rechargeables semblait même plus rapide encore, même si elle ne remettait pas encore définitivement en cause la projection à fin 2025.

 

 

 

Pour ce qui est des bornes de recharge ouvertes au public installées, en se basant sur les données en Open Data le Cerema a observé un possible retard dans le rythme de déploiement par rapport aux objectifs initiaux du SDIRVE. Il est cependant resté prudent face à une base de données encore largement imparfaite et partielle. 

 

 

Les analyses complémentaires par type de puissance, localisation ou encore du retour d’utilisation des bornes électriques 
ont cependant permis de relever des enseignements utiles pour la suite du travail du SDE 35 :

 

  • les retours d’utilisation, face à un retard prononcé d’installation de bornes de moindre puissance et à une avance côté bornes de forte puissance (qui permettent aussi davantage de rotation des véhicules), mais aussi à de fortes disparités territoriales (mise en œuvre pas démarrée sur de nombreux territoires ruraux, mais objectifs 2025 déjà dépassés ailleurs), amènent à la proposition de maintenir à ce stade les objectifs initiaux du SDIRVE sans les réévaluer à la hausse, et de concentrer les efforts sur les catégories de puissance et territoires mis en exergue par l’analyse (exemple : enjeu des bornes de faible puissance car de nombreux logements y compris dans le peu dense ne comprennent pas de place pour stationner le véhicule)
  • pour cela, et compte-tenu de la mise en exergue d’une tarification qui se complexifie avec le développement de nombreux acteurs et l’évolution des marchés de l’électricité, la proposition de poursuivre et renforcer la communication avec les territoires et les opérateurs, élément clé du processus qui pourra également amener des rééquilibrages sur le terrain à certaines échelles. Une communication qui doit garantir l’interopérabilité et l’homogénéisation tarifaire des services de recharge, le bon processus de communication/renseignement de la donnée afin d’assurer le suivi-évaluation au fil de la démarche. 

La feuille de route

Le schéma Directeur des Infrastructures de Recharge de Véhicules Electriques et hybrides rechargeables ouvertes au public pour le département d'Ille et Vilaine: