29 septembre 2020
façade Sénat
Répondant à l'invitation d'Olivier Jacquin, sénateur de Meurthe-et-Moselle, pour la délégation prospective du Sénat, le Cerema a participé à une table-ronde sur les mobilités dans les territoires peu denses, le 23 septembre 2020. Dans la perspective d’imaginer les mobilités de demain dans nos campagnes, le Cerema a apporté un éclairage en analysant les documents de stratégies et de planification élaborés par des territoires pionniers.

Des territoires qui innovent pour développer des solutions adaptées

Dans la perspective d’imaginer les mobilités de demain dans nos campagnes, le Cerema a apporté un éclairage en analysant les documents de stratégies et de planification élaborés par des territoires pionniers. Trois points ont été développés :

  • les territoires ruraux qui s'emparent des questions de mobilité en élaborant des stratégies et une planification aujourd’hui sont très divers, quant à leur taille, densité, polarité, gouvernance, situation géographique (littoral, montagne…), attractivité…, ce qui nécessite un accompagnement sur-mesure en terme d’ingénierie ;
  • ces territoires font preuve d’innovation dans la concertation et la mobilisation des acteurs locaux, particulièrement riche, qui permet d’expérimenter rapidement des solutions, et dans leurs capacités à s'approprier les outils existants ;
  • les stratégies élaborées sont opérationnelles à court et moyen terme, et sont toutes destinées à réduire la dépendance à la voiture de leur territoire, pour des raisons économiques, environnementales, et surtout sociales (éviter l’isolement, lutter contre la précarité énergétique).

L’enjeu est fort aujourd’hui de réussir à développer des stratégies en matière de mobilités de plus en plus abouties et transversales, en trouvant des synergies entre la lutte contre l’étalement urbain, la redynamisation des centre-villes, et la réduction de la dépendance automobile.

 

Les espaces peu denses: qui sont-ils, quels sont leurs besoins?

Cette présentation a pris place au sein d’un après-midi d’échanges qui a consisté, près de deux ans après le rapport de la délégation à la prospective du Sénat et près d’un an après le vote de la loi d’orientation des mobilités (LOM) à caractériser les espaces peu denses, identifier les attentes et les corrélations qui peuvent y être trouvées entre mobilités et densité de lien social, faire connaître les expériences qui y sont menées et imaginer les mobilités de demain dans nos campagnes. Ira-t-on vers des mobilités plus actives, vers de la dé-mobilité, vers la socialisation de la voiture ? Pourra-t-on apporter des solutions similaires dans les périphéries urbaines et dans les espaces très peu denses ?

Pour apporter un éclairage à ces questions ouvertes, après une introduction de Xavier Desjardin, géographe, deux tables rondes étaient organisées. La première, intitulée "les campagnes, terreau des mobilités innovantes ?", à laquelle participait le Cerema, visait à donner à voir et comprendre les enjeux des expérimentations en cours aujourd’hui, en s’appuyant sur les propos de la mission innovation, numérique et territoire (MINT) du ministère des transports, de l’ANCT, de deux collectivités particulièrement engagées et pionnières sur ces questions : la communauté de communes du Pic Saint Loup et le PETR du Lunévillois, et de la société Ecov, dont le slogan est de faire de la voiture individuelle un transport collectif, grâce au covoiturage. Dans sa conclusion, Sylvie Landriève, directrice du Forum Vies Mobiles, a souligné notamment un point : si la notion de faible densité résonne aujourd'hui négativement, comment appeler ces territoires aujourd'hui pour faire ressortir leurs atouts, par exemple sur l'espace disponible ?

La seconde table-ronde, intitulée "mobilités choisies ou mobilités subies dans les espaces peu denses : quelles perspectives de long terme ?", a donné la parole à des chercheurs : Marie Huyghe, Eric Le Breton (sociologue), et des professionnels : Jérôme Baratier, directeur de l’agence d’urbanisme de l’agglomération de Tours et Thiery Mallet, PDG du groupe Transdev. Chacun a exprimé sa vision prospective du sujet.

Dans sa conclusion, Charles-Eric Lemaignen, vice-président d’Orléans Métropole chargé des mobilités, et vice président de l’ADCF, a notamment mis en exergue les points suivants :

  • les mobilités représentent un enjeu politique majeur, en tant qu’outil essentiel de l’attractivité des territoires, même si la technicité liée aux transports tend à prendre le pas,
  • l’enjeu est fort aujourd’hui d’éviter une césure, entre des villes denses métropolitaines bénéficiant de transport en communs efficaces et très peu coûteux pour les usagers, et les autres territoires, pôles secondaires, espaces ruraux et périphériques, avec des solutions de mobilités inefficientes. Cette césure risquerait d’engendrer un conflit social majeur.
  • il est nécessaire de réfléchir à un nouveau modèle financier, intégrant les effets de la crise sanitaire et économique, et permettant de développer des panels d’offres, en s’appuyant sur l’expertise d’usage des citoyens, ce qui nécessite des besoins d’ingénierie.
  • les nouvelles formes de gouvernance introduites par la LOM, entre le conseil régional chef de file et des autorités organisatrices, en démontrant leur performance en matière de mobilité, pourront être reproduites dans les autres politiques locales.

La richesse de ces travaux a été unanimement saluée.

Ces travaux ont été intégralement enregistrés et séquencés, et sont disponibles sur le site du Sénat.