Cette journée "Territoires & Mobilités" qui a permis d’aborder quelques-uns des défis auxquels les collectivités locales doivent répondre en matière de mobilités, a été introduite par Pierre Pichon, directeur du réseau territorial Centre-Est de l'UGAP et Séverine Bourgeois, directrice du Cerema Centre-Est,
Les zones à faibles émissions de mobilité, accélérateur des nouvelles mobilités
En ouverture de la table-ronde, David Dubois (Cerema) a rappelé que le trafic motorisé contribue largement à la pollution atmosphérique urbaine par les oxydes d’azote et les particules fines dans les grandes agglomérations françaises. La création de zones à faibles émissions de mobilité vise à restreindre l’accès de certaines zones aux véhicules les plus polluants suivant des paramètres adaptables localement.
Ainsi, dans la métropole de Lyon, la zone à faibles émissions de mobilité mise en place en septembre 2020 pour les poids-lourds et les véhicules utilitaires et en septembre 2022 pour les véhicules particuliers s’apprête à être amplifiée début 2024. Afin de concilier justice environnementale et justice sociale, David Dubois a insisté sur la nécessité d’envisager le déploiement des ZFE-m dans le cadre d’une politique globale de mobilité, prévoyant notamment des dispositifs d’accompagnements et des solutions alternatives pour les entreprises et les ménages concernés par les limitations de circulation au sein la ZFE-m.
Prenant l’exemple de Métropole Savoie, où une étude de préfiguration d’une ZFE-m est en cours, Florian Maitre, vice-président de la Communauté d'agglomération Grand Lac, a rappelé le besoin de méthode pour définir des paramètres de mise en œuvre de la zone à faible émission en fonction des enjeux du territoire. Virginie Chaverot, vice-présidente de la Communauté de communes du Pays de l’Arbresle et Vice-présidente de SYTRAL Mobilités, Damien Combet, vice-président de la Communauté de Communes de la Vallée du Garon, vice-président de SYTRAL Mobilités et Jean-Luc Boch, maire de La Plagne-Tarentaise ont ensuite évoqué les enjeux soulevés par le déploiement des ZFE-m pour les territoires voisins.
Ils ont notamment appelé à la mise en place d’alternatives (développement des transports en commun, amélioration de l’intermodalité, renforcement de l’usage des modes actifs…) pour accompagner le déploiement des zones à faibles émissions et en améliorer l’acceptabilité. Isabelle Saffrey (Banque des Territoires) et Pierre Brun-Ney (ADEME) ont présenté les dispositifs permettant d’accompagner le développement de ces alternatives, notamment le Fonds Vert ou le programme AVELO (désormais AVELO2).
Les expériences de mobilité solidaire dans les territoires
L’inclusion est un enjeu majeur des politiques de mobilité. C’est particulièrement le cas dans les territoires ruraux, où l’offre de mobilité est souvent limitée, mais également dans les métropoles et les territoires périurbains. Les services de mobilité solidaire visent à répondre à ces enjeux d’inclusion, en offrant des solutions de mobilité aux personnes en situation de fragilité, que ce soit du fait de l’isolement, du handicap, de l’âge, de vulnérabilité économique… Comme l’a indiqué David Dubois, les services de mobilité solidaire peuvent être très diversifiés : aides financières individualisées, services de transport d’utilité sociale, prêt ou location de véhicules à tarif réduit…
La mise en œuvre des ZFE-m met ces enjeux d’inclusion et de justice sociale sur le devant de scène, comme l’ont rappelé Florian Maitre et Damien Combet. Outre la mise en place de solutions de mobilité alternatives, ils ont insisté sur la nécessité d’aider financièrement les populations les plus vulnérables, et d’accompagner les changements de comportements pour les personnes concernées par les restrictions de circulation.
Dans l’agglomération lyonnaise, c’est une des missions assurées par l’Agence des mobilités créée par la Métropole, comme l’a rappelé Virginie Chaverot.
Le développement des usages du covoiturage
À l’heure où les coûts de la mobilité deviennent une préoccupation majeure pour les ménages, le recours plus fréquent au covoiturage peut représenter un important gisement d’économies. C’est également un levier majeur de décarbonation des mobilités et de réduction des émissions de polluants. Jean-Luc Bloch, Damien Combet et Florian Maitre ont présenté quelques initiatives lancées sur leurs territoires en faveur du covoiturage.
À La Plagne, les covoitureurs disposent d’emplacements de stationnement réservés et bénéficient de réductions sur les forfaits de ski. Métropole Savoie et la Communauté de communes de la Vallée du Garon ont pour leur part mis en place des incitations financières à la pratique du covoiturage : les conducteurs proposant une offre de covoiturage reçoivent une indemnité, tandis que les passagers bénéficient de la gratuité du trajet.
Isabelle Saffrey et Pierre Brun-Ney ont présenté quelques dispositifs de soutien aux projets de covoiturage, notamment le plan national covoiturage du quotidien et les actions de la Banque des Territoires auprès des collectivités ou des opérateurs de covoiturage.
La mobilité connectée au service de l’optimisation des déplacements
Inciter les personnes à changer de mode de déplacement au profit de services de mobilité moins émetteurs est un exercice complexe. Le développement des services numériques peut venir accompagner ce processus, comme l’a indiqué Laurent Chevereau (Cerema). Une des promesses de la mobilité par agrégation de service - ou MaaS - est de fluidifier le parcours client des voyageurs, pour leur permettre d’utiliser plus facilement les transports publics et d’autres formes de mobilité.
En France, après une première réalisation emblématique à Saint-Etienne, le concept de MaaS se décline de différentes manières dans les territoires, comme l’illustre l’Observatoire des MaaS réalisé dans le cadre de France Mobilités. Jean-Luc Bloch a notamment présenté le dispositif Go Savoie Mont-Blanc, qui permet aux voyageurs de réserver en un clic tous les moyens de transport pour accéder aux stations de sports d’hiver de Savoie et Haute-Savoie. Virginie Chaverot a a rappelé l’intérêt d’une meilleure intégration tarifaire dans les transports publics.
Florian Maitre et Laurent Chevereau ont également a rappelé les besoins de standardisation des données et des systèmes billettiques, préalables indispensables au développement du MaaS.
La journée Territoires & Mobilités a été organisée par l’UGAP en partenariat avec le Cerema, l’ADEME, le Groupement des autorités responsables de transport (GART), l’association des maires ruraux de France (AMRF), l’association des maires et des présidents d’intercommunalités du Rhône (AMF69) et l’Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM). Elle était labellisée dans le cadre de la démarche France Mobilités.
Ressources
Contacts
Département Mobilités du Cerema Centre-Est dmob.dterce@cerema.fr
Liste des participants
Florian MAITRE, Vice-président de la Communauté d'agglomération Grand Lac, en charge des mobilités, de l’intermodalité et du projet de territoire, Conseiller départemental de Savoie, délégué aux mobilités du quotidien, Vice-président du GART, délégué à la mobilité digitale
Jean-Luc BOCH, Maire de La Plagne Tarentaise, Président de l’Association Nationale des Maires des Stations de Montagne
Virginie CHAVEROT, Maire adjointe à l’économie de proximité, aux déplacements à Lentilly, Vice-présidente de la Communauté de communes du Pays de l’Arbresle, en charge de la mobilité, Vice-présidente du SYTRAL Mobilités
Damien COMBET, Maire de Chaponost, Vice-Président de la Communauté de Communes de la Vallée du Garon en charge de la mobilité, Vice-président du SYTRAL Mobilités
Isabelle SAFFREY, Responsable mobilité et efficacité énergétique à la direction régionale Auvergne-Rhône-Alpes de la Banque des Territoires
Pierre BRUN-NEY, Ingénieur Mobilités actives et partagées, direction régionale Auvergne-Rhône-Alpes ADEME
Laurent CHEVEREAU, Directeur de projets Mobilité servicielle au Cerema Territoires et Ville
David DUBOIS, Directeur de projets Politiques et services de mobilité au Cerema Centre-Est