Dans la réglementation française, les utilisateurs d’Engins de Déplacements Personnel (EDP) non motorisés sont assimilés à des piétons et peuvent donc circuler sur les trottoirs et autres espaces autorisés aux piétons (article R. 412-34 du code de la route). Avant 2019, les EDP motorisés (EDPm) n’appartenaient à aucune des catégories de véhicules définies dans le code de la route, c’est le décret du 23 octobre 2019 (Art R412-43-1 du code de la route) qui a permis d’instaurer des règles pour la circulation.
Usage des Engins de déplacement personnels motorisés : que dit la réglementation ?
Ainsi les EDPm doivent être bridés par construction à 25km/h, avec un moteur non thermique ou à assistance non thermique et ils ne doivent pas disposer de siège à l’exception des gyropodes.
Pour conduire un EDPm, il faut avoir au moins 14 ans, avoir une assurance "responsabilité civile" et être équipé des équipements suivants : avertisseur sonore, système de freinage, catadioptres arrière et latéraux, feux de position avant et arrière, vêtement rétroréfléchissant (la nuit ou si la visibilité est réduite).
Il est par ailleurs interdit de transporter un passager, de tracter ou de se faire tracter, de porter un casque audio ou des écouteurs, de rouler de front, de circuler sur les trottoirs.
Les EDPm doivent respecter les mêmes règles de priorité que les véhicules (feux, priorité à droite, stop, circulation sur le bord droit, …). Ils peuvent circuler sur les voies vertes, zones de rencontres, aires piétonnes et accotements revêtus. Ils doivent obligatoirement emprunter les bandes et pistes cyclables si elles existent. En l’absence de ces dernières, ils peuvent circuler sur les chaussées limitées à 50km/h maximum. La circulation hors-agglomération est interdite, sauf dérogation.
Suite au développement accru de la pratique des EDP ces dernières années, il est apparu intéressant d’apporter un éclairage sur leurs usages en Normandie. Cet éclairage porte d’une part sur les conditions et caractéristiques des accidents impliquant des EDP, mais aussi sur les pratiques de mobilité et de sécurité des utilisateurs d’EDPm.
Au-delà de l’apport de connaissance, l’objectif opérationnel de l’étude était de déterminer des enjeux et pistes d’actions en sécurité routière, et de manière plus large dans le domaine des mobilités.
L’étude comporte trois parties :
Les principaux enseignements de l’enquête sont les suivants :
Les perspectives :
Les résultats de l’étude permettent de mettre en avant certaines pistes d’action afin de traiter ces problématiques d’accidentalité.
On observe que dans la majorité des cas, les EDP ne respectent pas la réglementation. Les facteurs d’accident les plus récurrents concernent notamment une utilisation de l’espace public et plus précisément les espaces où les EDPm ne sont pas autorisés à circuler ou bien le sont selon certaines conditions (trottoir, passage piéton sans mettre pied à terre, milieu hors agglomération).
Ainsi, il semble qu’il y ait une méconnaissance globale et/ou une volonté délibérée de ne pas respecter les règles de circulation auxquels les EDPm doivent se soumettre, ainsi que les espaces de circulation sur lesquels ils sont autorisés à circuler et à l’inverse ceux qui leur sont interdits. L’enquête réalisée sur la zone de Cherbourg a montré que selon les thématiques, les règles de circulation peuvent être moins bien connues (port d’un gilet rétro-réfléchissant le jour si visibilité réduite, circulation sur chaussée interdite en présence d’aménagement cyclable) que d’autres (circulation sur les trottoirs, circulation à 2 sur l’EDP). Cette étude permet donc d’envisager des actions de sensibilisation plus ciblées au plan local. Selon les thématiques, ces actions pourront être orientées sur la connaissance des règles, mais aussi sur leur fondement.
Des actions orientées sur l’aménagement de voirie semblent aussi à envisager : création d’aménagements cyclables sécurisés et continus pour permettre la circulation des EDP (notamment au niveau des traversées piétonnes), développement de zones de circulation apaisée pour permettre la mixité des usages en sécurité. La réalisation de zones de circulation apaisée (zones de rencontre, zone 30) attractives pour les EDP doit favoriser l’utilisation de la chaussée par ces derniers, et ainsi éviter l’occurrence d’accident sur les trottoirs.
L’analyse des PV d’accidents a aussi montré l’intérêt :
- d’assurer une bonne co-visibilité au droit des traversées piétonnes et cyclables,
- de veiller à la bonne lisibilité et compréhension des infrastructures pour permettre le déplacement de tous,
- sensibiliser l’ensemble des usagers sur la présence et le fonctionnement des EDP, notamment la problématique de masques mobiles (voiture qui cache un EDP).
Des actions semblent aussi envisageables autour du niveau de sécurité de l’EDP :
- mise en place d’ateliers de réparation (auto-réparations) et d’entretien des EDP,
- "Savoir rouler en EDP" (ports des équipements, maniabilité, adaptation en milieu urbain, adhérence liée au petit gabarit des roues, connaissances des règles de circulation générale, différentiel de vitesses entre EDPm et autres véhicules),
- Implication des vendeurs d’EDP sur l’aspect "prise en main" et développement des offres commerciales favorisant l’utilisation des équipements de sécurité.
- Sensibilisation des usagers et des opérateurs de location de trottinettes sur l’entretien et la réparation des trottinettes.
