28 février 2020
Prévention risques
Henry Salomé
Comment protéger au mieux les populations face aux risques ? Que faire pour sensibiliser chacun à faire face et acquérir les bons réflexes ?
Parce qu’une population informée avec les bons réflexes est une population moins exposée, la Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL) Nouvelle-Aquitaine a sollicité le Cerema pour étudier et analyser des actions innovantes de culture du risque réalisées en France métropolitaine et en Outre-mer pour les diffuser localement et s’en inspirer. Débutée en février 2018, l’étude a été rendue en mai 2019.
Grâce au partage de ces expériences, la DREAL souhaite favoriser l’émergence de nouvelles actions de sensibilisation aux risques naturels en Nouvelle-Aquitaine.

Les services de l’Etat en Nouvelle-Aquitaine se sont engagés à construire une stratégie régionale de culture du risque.

 

Qu’est-ce que la culture du risque ?

C’est « la connaissance par tous les acteurs (élus, techniciens, citoyens, etc.) des phénomènes naturels et l'appréhension de la vulnérabilité. L'information des populations, et ceci dès le plus jeune âge, est le moteur essentiel pour faire progresser la culture du risque. Celle-ci doit permettre d'acquérir des règles de conduite et des réflexes, mais aussi de débattre collectivement des pratiques, des positionnements, des enjeux, etc. Développer la culture du risque, c'est améliorer l'efficacité de la prévention et de la protection », selon le portail national de référence Georisques.

 

Comment favoriser une éducation aux risques naturels ?

En 1987, le droit à l’information des citoyens en matière d’information sur les risques majeurs a été instauré.

De là, découlent les démarches et les obligations de documents actuels comme le document d’information communale sur les risques majeurs (DICRIM) ou l’information des acquéreurs et des locataires (IAL).

Des actions d’information se sont également développées via Internet, des campagnes de communication, des expositions pédagogiques, etc.

 

Aujourd’hui, la politique de prévention des risques repose sur 7 piliers fondamentaux parmi lesquels figurent l’information préventive et l’éducation des populations.

Issu de la démarche française de prévention des risques établie en 2010, ce pilier se justifie notamment par le fait que « la gravité du risque est proportionnelle à la vulnérabilité des enjeux » c’est-à-dire qu’une population informée et au fait des bons réflexes est une population moins exposée et moins sensible aux risques.

 

Risques
La Promenade des Tamaris à La Rochelle avec des arbres peints en bleu pour montrer les hauteurs auxquelles la mer était montée durant la tempête Xynthia en février 2010. Campagne de sensibilisation auprès du public pour ouvrir des concertations concernant la création d’ouvrages sur cette promenade permettant de contenir l’eau en cas de futures tempêtes. Charente-Maritime, France.

Mais, l’acculturation aux risques reste directement dépendante de la perception de ces risques par les populations.

Les différentes stratégies élaborées en matière de prévention des risques naturels tendent aujourd’hui à impulser une dynamique pour la sensibilisation de tous les acteurs afin « d’apprendre à vivre avec », à l’image d’un des défis de la stratégie nationale de gestion des risques d’inondation.

Afin de guider les citoyens vers une conscience du risque de nouvelles approches de sensibilisation et d’éducation doivent être investies.

 

 

 

Un panel d’actions innovantes de culture du risque

Au terme de recherches et d’un recensement approfondi, l’étude du Cerema (à retrouver en fin d'article ) décrit une cinquantaine d’actions récentes en fonction de différents critères comme l’aléa naturel, le format de l’action (vidéo, application mobile, jeux, concours, exposition, etc.), la cible ou encore le porteur de l’action (services de l’État, collectivités, associations, etc.).

 

Risques
A gauche: Exposition sensorielle et itinérante "Risques littoraux, êtes-vous bien préparés ?" (Source : Communauté de Communes Océan-Marais de Monts)  - A droite : Maquette en 3D du bassin versant du Rhône permettant de visualiser les inondations du Rhône grâce à une application sur tablette (Source : Cerema)

 

Une grande majorité des actions innovantes ont pour point commun de faire s’impliquer le public.

Par exemple, un « spectacle-expérience », proposé par une association, permet aux spectateurs de vivre une évacuation en temps réel.

Un jeu de plateau permet aux joueurs de percevoir la réalité du terrain en matière de prévention des risques (aménagement du territoire, gestion de crise, responsabilité des élus, etc.).

Certaines d’entre elles s’attachent aussi à contextualiser le(s) risque(s) sur le territoire de manière à rendre la problématique plus concrète afin de mieux se l’approprier.

 

Quels sont les leviers possibles pour développer des actions et accroitre la culture du risque ?

Au terme de ses recherches, le Cerema a identifié huit leviers qui permettent d’amorcer des actions de culture du risque :

  • s’aider de l’ensemble des acteurs pour susciter l’intérêt du public, grâce aux témoignages de professionnels ou d’experts (scientifiques, historiens, acteurs de la gestion de crise, etc.) ou encore des habitants eux-mêmes ;
  • commémorer un événement marquant du passé afin de raviver les mémoires ;
  • s’appuyer sur des outils ludiques et/ou pédagogiques afin de transmettre, mieux comprendre et intégrer des connaissances et des messages de prévention ;
  • utiliser les nouvelles techniques et technologies de l’information et de la communication telles que réseaux sociaux, applications mobiles, réalité virtuelle, etc. ;
  • recourir aux sciences participatives ou aux méthodes collaboratives afin de s’approprier le risque ;
  • tirer parti des disciplines artistiques et culturelles dont le caractère ludique et divertissant permet de réduire le côté anxiogène associé aux risques ;
  • changer de regard sur les risques pour sortir du déni et dépasser le catastrophisme ;
  • inviter au partage d’une culture commune afin de responsabiliser et de mobiliser durablement tous les types d’acteurs.

 

Ces pistes pourront servir de base à la mise en œuvre d’actions concrètes dans les territoires, pour les porteurs de ces réalisations comme les collectivités locales, les associations ou encore les services de l’État.

Une étude diffusée et exploitée

Ces recherches apportent un éclairage et nourrissent les réflexions de la DREAL Nouvelle-Aquitaine qui s’est engagée avec les services des DDT(M) et des préfectures dans une démarche de co-construction d’une stratégie régionale de culture du risque. Cette stratégie ne manquera pas de reprendre les grands principes évoqués dans ce recueil des bonnes expériences.

 

Par ailleurs, la culture du risque étant un thème d’actualité à forts enjeux, le Cerema va continuer de l’investir en 2020 avec :

  • la réalisation d’un guide sur la mise en œuvre d’actions de culture du risque : bilan, recueil de bonnes expériences… ;
  • l’organisation de journées techniques d’information sur le thème : « Culture du risque : le citoyen premier acteur de sa sécurité » le 15 juin à Bordeaux et à l’automne à Aix-en-Provence.

Dans le dossier Développer la culture du risque dans les territoires : le dossier