Les continuités écologiques d’un territoire se composent de plusieurs éléments (illustration ci-contre pour la sous-trame forestière et les mares) :
- Les réservoirs de biodiversité : espaces où la biodiversité est la plus riche et où les espèces peuvent effectuer leur cycle de vie (repos, alimentation, reproduction)
- Les corridors écologiques : zones servant aux déplacements des espèces entre les réservoirs de biodiversité ;
- Les cours d’eau et canaux : éléments pouvant à la fois avoir un rôle de réservoirs et de corridors.
Ces continuités peuvent être interrompues par des obstacles d'origine anthropique, se traduisant par une rupture réduisant ou empêchant la libre circulation des espèces.
Ces obstacles, dénommés "points noirs" peuvent être ponctuels, linéaires ou surfaciques et de diverses natures (infrastructure de transport, seuil ou chute d’eau au sein d’un ouvrage hydraulique, milieux dégradés, paysages simplifiés, conurbation, sols artificialisés ou anthropisés, pollution lumineuse, chimique, sonore, etc.).
Une base de données pour mieux résorber les ruptures des continuités écologiques
Pour pouvoir mettre en œuvre ces mesures, il est nécessaire d’établir un état des lieux de ces points noirs à l’échelle nationale.
C’est dans ce cadre que le Ministère de la transition écologique (Direction de l’Eau et de la Biodiversité - DEB) a demandé au Cerema d’élaborer une méthodologie d’identification et de priorisation des points noirs, afin :
L’étude se déroule sur deux ans. La première année (2023) est consacrée à la mise au point de la méthode et la seconde (2024) à la réalisation de la cartographie et de la base de données.
En complément, le Cerema a aussi été missionné par la DEB dans le cadre du Fonds vert (axe 3 - accompagnement de la SNB 2030, volet 4 - restauration écologique) pour établir une grille de hiérarchisation des points noirs à résorber.
Des productions déjà disponibles
La grille de hiérarchisation vient d’être finalisée et mise en ligne sur le site du Centre de ressources Trame verte et bleue. Elle poursuit plusieurs objectifs :
- Accompagner les services instructeurs/responsables du financement dans la sélection et la hiérarchisation des projets déposés ;
- Aider et orienter les porteurs de projets qui répondent à un appel à projet ou à une enveloppe de financement ad hoc dans leur constitution de dossier (et notamment améliorer la vision intégratrice/multi-thématiques des projets de résorption des obstacles) ;
- Hiérarchiser les priorités d’intervention (et donc les investissements).
Cet outil pourra aussi être utilisée par les DREAL et par les Régions pour hiérarchiser les points noirs identifiés dans leur SRADDET (Schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires) ou leur SRCE (Schéma régional de cohérence écologique), PADDUC (Plan d'aménagement et de développement durable de la Corse) ou SAR (Schéma d’aménagement régional) pour les Outre-mer, ainsi que par les DIR (Directions interdépartementales des routes) ou tout autre service de l’État et les porteurs de projet afin d'inciter l’ensemble des parties prenantes concernées par ces points noirs prioritaires à initier les travaux de résorption. La grille ne prend en compte que les continuités écologiques terrestres.
Les points noirs considérés sont ceux liés à la fragmentation provoquée par certains types :
- d’infrastructures linéaires de transport ;
- de milieux agricoles intensifs ;
- de milieux sylvicoles intensifs ;
- de milieux urbanisés/artificialisés ;
- de pollutions ; seule la pollution lumineuse est traitée dans la grille.
Elle est accompagnée d'une notice expliquant son utilisation.
Une carte indiquant les niveaux de pollution lumineuse au sein des continuités écologiques vient également de paraître sur le site de la Trame verte et bleue (travail collaboratif PatriNat, DEB et Cerema).
Elle est issue du croisement de la synthèse nationale des enjeux de continuités écologiques régionales datant de 2017 et de l'indicateur de pollution lumineuse produit en 2021 dans le cadre de l'Observatoire national de la biodiversité, en France métropolitaine. Elle est le résultat d'un traitement de données régionales (SRCE - réservoirs de biodiversité et corridors écologiques - issus de méthodes différentes) effectué pour permettre une restitution à l'échelle nationale.