Retour sur les temps forts du salon : présentation d'une étude sur l'impact des mobilités douces sur le commerce, évaluation socio-environnementale des projets numériques, commande publique en matière d'éclairage, exploitation des données, observation foncière...
Le salon Innopolis a pour objectif de favoriser les échanges entre les acteurs de la ville durable et de la ville intelligente, et de mettre en avant des solutions pour l'aménagement des territoires. Il a eu lieu les 19 et 20 septembre 2023 à Paris et a accueilli 4000 visiteurs : élus et agents des collectivités locales, urbanistes, paysagistes et architectes, syndicats et associations, entreprises, institutions publiques, chercheurs... Le Cerema était présent et ses spécialistes sont intervenus pour présenter des outils, des méthodes, des projets en cours en matière d'aménagement durable.
Ouverture du salon
Une table ronde en présence de Pascal Berteaud, directeur général du Cerema, Gilles Avérous, président de Villes de France, Geoffroy Boulard, Vice-président de la Métropole du Grand Paris a ouvert le salon.
L’occasion pour Pascal Berteaud de rappeler que, dans un contexte de défis énergétiques, climatiques, sociaux, les collectivités sont déjà à l’action pour favoriser l’adaptation des territoires. Des programmes permettent de faire évoluer la maitrise des données numériques par les acteurs publics, comme CAPAcities (voir ci-dessous) qui réuni des entreprises et des collectivités pour réfléchir à l’exploitation et la valorisation des données à partir de cas d’usage concrets, ou encore le Programme numérique responsable, destiné à évaluer des solutions mises en œuvre depuis plus d’un an dans les territoires, comme de l’irrigation connectée, l’éclairage intelligent, via une méthodologie combinant analyse coûts-bénéfices et analyse multi-critères.
A l’échelle du Grand Poitiers, un consortium qui a réunit le Cerema, Efficacity et Abylon, a accompagné le territoire dans sa démarche de transition écologique en impliquant les acteurs sociaux-économiques. Cette démarche ayant été un succès, Pascal Berteaud a également annoncé le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt auprès des collectivités, pour accompagner les territoires dans l’élaboration de leur stratégie de transition écologique.
Les mobilités douces, quels impacts sur l’attractivité commerciale des centres-villes ?
Nicolas Gillio, chargé de mission Appui socio-économique aux territoires au Cerema, a participé à une table ronde qui portait sur l'impact du développement des mobilités douces en ville sur l'attractivité commerciale. Il a présenté les principaux résultats d'une étude menée avec le soutien du Ministère de la Transition Ecologique et en partenariat avec le Club des Manageurs de Commerce de Centre-Ville, sur l’attractivité commerciale et l’impact des aménagements en faveur des modes actifs entre 2022 et 2023.
Cette enquête s’est d’abord adressée aux managers de centre-ville (une trentaine) afin de recueillir leur avis sur le rôle qu’ils occupent par rapport aux projets d’aménagement de l’espace public et sur la situation vécue par les commerçants sur leur territoire. La deuxième partie de l’enquête organisée entre novembre 2022 et janvier 2023 a été adressée directement aux commerçants afin d’objectiver et prendre en compte le ressenti des commerçants de centre-ville. Les résultats exploités se fondent sur environ 250 réponses reçues réparties sur 4 villes : Béziers, Fronton, Rouen et Vienne.
Parmi les objectifs de ce travail :
- Intégrer le point de vue des commerçants pour en tirer des retours d’expérience
- Aboutir à un projet acceptable et positif (au sens "gagnant-gagnant") pour les commerçants et les collectivités de bout en bout
- Donner envie à d’autres managers et collectivités de mener une concertation avec les commerçants (et les usagers)
- Faire ressortir des bonnes pratiques sur la conception des projets et la concertation avec les commerçants
- Mettre en évidence les écueils à éviter pour les collectivités
- Mutualiser les expériences des territoires pour les collectivités qui développeront des projets à l’avenir
Plusieurs études et enquêtes plus ou moins récentes mettaient en évidence les points suivants :
- La piétonisation est un facteur d’attractivité commerciale mais également une réponse aux attentes des clients (Strasbourg, résultats du baromètre des CV)
- La piétonisation engendre une évolution des commerces sur le périmètre
- Les perceptions des commerçants concernant les pratiques de mobilité de leurs clients sont souvent différentes des pratiques réelles (Rouen, 2016)
- Les piétons et les cyclistes seraient de bons clients d’après l’Ademe et Fub (2004, Grand Londres)
- L’accessibilité en voiture des commerces de centre-ville est jugé difficile par les commerçants (Nantes, 2020)
Les résultats de l’enquête sont à replacer dans un contexte très particulier ces derniers mois pour le commerce physique de centre-ville, avec des facteurs tels que la sortie de la crise sanitaire depuis début 2022, l'augmentation des prix de l’énergie, le contexte inflationniste et la baisse du pouvoir d’achat des ménages depuis la fin de l’année 2022, ou encore la crise traversée par de nombreuses enseignes de prêt-à-porter du commerce physique.
L’enquête met en évidence des résultats contre-intuitifs par rapport aux idées souvent mises en avant sur les impacts des projets de réaménagement des centres-villes en faveur des modes actifs (marche, vélo) et des transports en commun: Les commerçants sont globalement satisfaits des travaux et de leur impact sur leur magasin (effet direct) ainsi que sur l’environnement urbain (effet indirect).
Des points d’insatisfaction apparaissent néanmoins :
Si l’information des commerçants est jugée satisfaisante en amont des travaux, la concertation est en revanche perçue comme insuffisante dans certaines villes (Rouen) alors qu’elle est plébiscitée par les commerçants biterrois.
L’offre de stationnement de livraison est de façon unanimine jugée insuffisante dans les 4 villes de l’enquête et ce notamment dans les espaces motorisés ou semi-piétons alors que dans les espaces 100% piétons, elle est plus satisfaisante car organisée et réglementée en fonction des heures de la journée.
Pour résumer :
Développer les territoires intelligents sans mettre en danger la planète ? Mode d’emploi !
Cet atelier qui portait sur la question du numérique responsable et de l'impact environnemental des technologies numériques, a été l'occasion pour Marie-Laure Papaix, chef de projet économiste villes et territoires intelligents de présenter une méthode du Cerema pour l'évaluation d’impact socio-éco-environnemental des technologies numériques.
Pour se mettre en conformité avec la Loi REEN (réduire l'empreinte environnementale du numérique) les collectivités de plus de 50 000 habitants doivent montrer qu'elles évaluent l'impact de leurs solutions numérique. Or à ce jour la seule méthode utilisée (Analyse du Cycle de Vie) est trop complexe pour la plupart d'entre elles. L'ANCT et la Banque des territoires se sont donc associées au Cerema pour proposer une méthode plus simple d'utilisation, utilisable par toute collectivité disposant d’un chargé de mission numérique pour objectiver l’impact de ses projets numériques.
Pour évaluer le caractère "responsable" ou non, des projets numériques des collectivités, le Cerema a donc proposé une approche inspirée de la méthode d’analyse "coûts/bénéfices" issues des transports qu’il adapte à la thématique numérique. Cette méthode d'évaluation est actuellement testée sur 12 cas d'usage dans une dizaine de collectivités, représentant leurs usages les plus répandus du numérique essentiellement avec l'internet des objets (IOT). Pour chaque cas d’usage, la méthode permettra d'objectiver les impacts économiques, sociaux, sociétaux, environnementaux, selon les orientations retenues par les instances politiques du territoire.
Les premiers cas d'usage (deux projets peuvent encore être intégrés à l'étude) sont:
UrbanSIMUL, un outil à l'appui de la stratégie foncière
Manon Chategnier-Mizzi, cheffe de projet Enjeux foncier et Territoires au Cerema, a présenté avec Faustine Lefranc, de l'agglomération du pays de Dreux, le retour d'expérience de l'outil UrbanSIMUL qui permet d'observer l'occupation foncière et son évolution, et qui appuie les collectivités dans l'élaboration et la mise en oeuvre de leurs politiques d'aménagement. L'utilisation d'UrbanSIMUL a été explicitée à partir de cas d'usage de la collectivité, qui a souligné la qualité de l'outil et celle de l'accompagnement du Cerema pour sa prise en main.
La plus-value de l’application UrbanSIMUL réside dans sa capacité à exploiter les informations issues de plusieurs bases de données nationales géo localisées.
Les algorithmes d’UrbanSIMUL permettent de générer à partir des données collectées des éléments d’analyse et de d’aide à la décision comme :
- Les gisements fonciers potentiels nus
- Les niveaux d’enjeux et de contraintes
- L’évolution du bâti
Commande publiQue éclairée : vers un éclairage durable et responsable
Cette table ronde portait sur les choix opérés par les acteurs publics lors de la commande publique pour réduire l'impact environnemental de l'éclairage public. Paul Verny, responsable de la mission "éclairage, maîtrise de l'énergie et des nuisances liées à la lumière" au Cerema, est intervenu suite à une étude réalisée en 2022 sur les bilans carbone en éclairage public pour apporter des éléments de contexte au regard du sujet de la table ronde : la commande publique responsable et la nécessaire prise en compte dans un futur proche de critères environnementaux (ex : ACV, bilan GES, Profils environnementaux des produits...) dans la sélection des projets. Mon propos était en résumé :
A l'instar de la RE 2020, la prise en compte des critères environnementaux deviendra indispensable dans la sélection des projets au même titre que les critères financiers et techniques aujourd'hui. Mais les difficultés notamment à obtenir des données comparables et fiabilisées rend ces comparaisons encore trop aléatoires.
Aujourd'hui, certaines pratiques des collectivités vont dans le sens de moindre consommation des produits en essayant de réemployer des mâts enlevés sur une rue et remis sur une autre (sous réserve de s'assurer de leur tenue mécanique) ou encore via le retrofit (remplacement du bloc optique lampe + réflecteur par une platine LED en conservant la coque du luminaire).
Faire parler des données: comment capacities transforme les services publics
Sur le plateau télé du salon, Sophie Houzet, responsable de la mission Villes et Territoires Intelligents au Cerema, est intervenue avec Anthony Guéroult de la Communauté d’agglomération de Lisieux Normandie pour présenter la démarche CAPACities pilotée par le Cerema, qui a permis d’accompagner 5 collectivités dans la gestion de leurs données.
L’intervention a été l’occasion de souligner l’intérêt de la coopération entre les collectivités et les opérateurs de services, pour mieux cerner les besoins de la collectivité et y répondre. Les acteurs de la collectivité, de leur côté, se sensibilisent à l’enjeu des données et de leur exploitation dans le cadre de la transition écologique des territoires.
Les cas d’usages de ces 5 territoires ont été analysés en profondeur dans le cadre d’ateliers avec 5 entreprises, toutes très impliquées dans la démarche, et une méthodologie, des outils véritablement opérationnels pour la collectivité ont été mis au point (ces ressources sont disponibles sur le site web du projet).
Suite au succès de la première édition, le projet CAPACities est relancé pour une deuxième édition.
Un temps fort CeremaLab
Le dispositif CeremaLab a été présenté lors d'un temps fort, en présence de plusieurs start-ups qui ont expliqué leur activité et leur partenariat avec le Cerema : NEOVYA Mobility by Technology (spin off du Cerema et de l'Université Gustave Eiffel), U.R.B.S et UrbanThink Platfor.
Par ailleurs le lancement le 6 octobre de la communauté CeremaLab sur la plateforme collaborative Expertise et Territoires a été annoncé.
La remise des prix aux entreprises lauréates de l'appel à projets CeremaLab "Solutions techniques pour l’adaptation au changement climatique en Île-de-France et Normandie" : La Fabrik à Yoops, mube, NEOLITIK, Roofscapes et WIND my ROOF et deux prix "coup de cœur" pour les sociétés Environnement Recycle BTP et Les Bâtineurs.