Interview de Jacques Berling, SNCF
Directeur de projet Train Léger Innovant à la SNCF
On sent une effervescence sur le sujet des petites lignes et des systèmes ferroviaires légers. Pourquoi la SNCF y travaille-t-elle en ce moment ? Quelle analyse portez-vous sur la situation actuelle des petites lignes ?
Redynamiser ces lignes est une clef pour donner envie aux Français de prendre le train. Rejoindre en train des destinations moins fréquentées en empruntant les lignes de desserte fine, suppose souvent d’effectuer plusieurs correspondances, avec des temps d’attente parfois importants entre chaque trajet.
L’enjeu, c’est donc de proposer plus de fréquence sur ces petites lignes et un service de meilleure qualité, tout cela grâce au train léger innovant.
Crédit photo : © SNCF
L’enjeu, c’est donc de proposer plus de fréquence sur ces petites lignes et un service de meilleure qualité, tout cela grâce au train léger innovant.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ce "train léger innovant", qu’est-ce que cela veut dire et qu'attend-on de ce projet concrètement ?
C’est un train fabriqué à partir de matériaux recyclés, et recyclables, alimenté par des batteries dont l’autonomie pourrait dépasser les 200 kilomètres. Celles-ci seront rechargées lors des arrêts terminaux. On l’appelle train léger, car il pèsera environ 30 tonnes (soit 10 tonnes par essieu), dans le but de ne pas générer de défauts sur la voie et d’économiser de l’énergie.
Par ailleurs, nous travaillons sur un système de suspension active, performante pour la voie et le train. Et confortable pour ses passagers. A bord, il y aura une seule cabine de conduite digitale placée au milieu du train pour des raisons d’économie, et un système d’aide à la conduite pour le conducteur.
Enfin, l'espace intérieur sera modulable pour s’adapter aux besoins des régions, avec un accès facilité pour les voyageurs en situation de handicap, un espace disponible pour transporter plus de vélos ainsi que du micro-fret.
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La SNCF porte plusieurs projets de train léger ou très léger fortement médiatisés ces derniers mois. Mais le terme "Train Léger" n'est pas très clair et les projets de la SNCF et d'autres sont multiples, cela porte à confusion. Pouvez-vous nous aider à mieux comprendre ?
La SNCF propose une gamme complète de solutions pour les petites lignes.
Le train léger innovant diffère en termes de gabarit des autres projets, tel Draisy qui est un train très léger. Nous visons une capacité de 60 à 80 places assises, là où Draisy, pensé pour les plus petites lignes, en propose une trentaine.
Grâce à sa capacité à interagir avec la signalisation du réseau structurant, le train léger innovant sera en outre à même de franchir les passages à niveaux à pleine vitesse et de rejoindre les grandes gares sans rupture de charge pour ses passagers.
Quelles sont les attentes des voyageurs et collectivités auxquelles ce projet répond ?
C’est la volonté des régions de ne plus recourir, d’ici 2030, à des trains roulant au diesel qui a guidé notre réflexion. Notre proposition est d’offrir plus de trains, plus écologiques et au même coût, en jouant sur la performance économique en exploitation du système Train Léger innovant : une signalisation performante et automatisée, un train qui abime moins les voies et demande moins de maintenance pour le réseau.
Nos passagers pourraient voir leur temps de parcours diminué grâce à ce train léger et performant, augmentant ainsi la productivité et réduisant en conséquence le coût kilométrique.
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Notre proposition est d’offrir plus de trains, plus écologiques et au même coût, en jouant sur la performance économique en exploitation du système.
Vous insistez sur la performance, pouvez-vous détailler une innovation ou une amélioration phare du projet qui participe de cette performance ?
Nous travaillons à la définition d’une liaison au sol innovante dont le but est de réduire l’agressivité liée aux efforts dynamiques sur le rail, les traverses et le ballast. Nous envisageons un système basé sur des roues indépendantes, sans bogie ni essieu pour une réduction significative de la masse du train. Elles seront couplées à l’utilisation de suspensions pilotées, ce qui permettra d’éviter les limitations de vitesse sur les petites lignes tout en garantissant un haut niveau de confort pour les passagers.
Nous serons par ailleurs particulièrement vigilants quant à la maintenabilité de l’ensemble du système.
Vous décrivez un système technique poussé. Le projet rassemble 11 partenaires sous votre direction, dont neuf industriels. Pourquoi la SNCF a-t-elle fait appel au Cerema dans ce projet ?
Le Cerema est un acteur incontournable des questions de mobilité. La réussite du projet nécessite une bonne adéquation entre les innovations développées et les attentes des usagers et des collectivités.
Le Cerema, en tant que contact neutre des territoires, apportera au consortium son regard expert sur les enjeux d’un nouveau service de mobilité qu’est le TLi, qu’ils soient sociaux, économiques ou politiques.
Une dernière question : Comment placez-vous ce projet dans le contexte de la mise en concurrence de l'exploitation des petites lignes ?
Ce projet est avant tout une solution pour les petites lignes en réinventant ce maillon ferroviaire de mobilité décarbonée. L’objectif de la mise en concurrence pour le ferroviaire est avant tout d’accroître sa part modale par rapport à la route.
Merci !