5 décembre 2023
Réhabilitation de bâtiment contemporain
Aitor Ortiz - Bâtiment de Port Gallice à juan-les-Pins
Le ministère de la Culture et le Cerema ont lancé le palmarès de réhabilitation exemplaire d’édifices de la seconde moitié du XXe siècle, réHAB XX. Objectif : mettre en avant auprès du public et des professionnels des projets de réhabilitation qui répondent pleinement aux enjeux de la transition énergétique et aux enjeux patrimoniaux tout en assurant un haut niveau de confort été comme hiver.
Les dix projets lauréats ont été désignés le 21 novembre 2023.

La réhabilitation de bâtiments construits après 1948, est essentielle dans le cadre de la réduction globale de la consommation énergétique des bâtiments, car ils représentent environ 65 % du parc de logements et leurs performances actuelles présentent une importante marge de progrès. 

 

Encourager la réhabilitation responsable du bâti postérieur à 1948

L’objectif du palmarès est de valoriser des projets exemplaires pour mettre en avant de bonnes pratiques, et de développer une dynamique sur la réhabilitation responsable du bâti contemporain, notamment grâce à un réseau de partenaires (CAUE, fédérations professionnelles…) impliqués dans l’organisation du Palmarès. L'enjeu est de favoriser une approche globale de la réhabilitation des bâtiments, en intégrant trois enjeux principaux:

  • la qualité architecturale et les aspects culturels
  • le confort d’usage
  • les exigences de sobriété énergétique et de réduction des impacts environnementaux

Une attention spécifique a été portée aux techniques et matériaux employés, dans une démarche écoresponsable (qualité de mise en œuvre, sobriété carbone, évolution fonctionnelle, qualité d’exploitation / maintenance, coût de la réalisation, etc.).

Le Cerema apporte son expertise pour l’établissement du règlement du palmarès, pour l’évaluation technique des projets, puis pour capitaliser ces retours d’expérience et diffuser les enseignements et bonnes pratiques auprès des acteurs publics et privés.

 

Les objectifs du palmarès des réhabilitations exemplaires de l’architecture de la seconde moitié du XXe siècle :

 

  • Rendre visibles et encourager des projets qualitatifs, vertueux et soutenables, portés par des maîtrises d’ouvrages publiques ou privées
  • Mettre en avant des bonnes pratiques duplicables dans la mise en œuvre (méthodologie, économie, matériaux, choix de conception)
  • Démontrer que l’architecture est capable de mettre sa force de création et son expertise au service du plus grand nombre pour répondre aux enjeux écologiques et à la nécessité de faire évoluer le bâti existant.

10 lauréats reflétant la diversité des bâtiments a réhabiliter

Plus d'une centaine de dossiers de candidature a été examinée par le Cerema.

Le jury final, placé sous la présidence de Caroline Poulin, architecte-urbaniste, Grand prix national d’urbanisme 2021, et composé de représentants institutionnels et de personnalités qualifiées, s’est réuni le 7 novembre 2023.

Après des échanges nourris, cherchant l’équilibre entre qualité architecturale, qualité d’usage, performance énergétique, exemplarité de la démarche, faisabilité économique, le jury a souhaité mettre en avant dix lauréats représentatifs des types de bâtiments à réhabiliter aujourd’hui et répartis sur l’ensemble du territoire national. Ces projets lauréats, répartis selon différentes catégories, sont les suivants:

 

École Nationale Supérieure d'Architecture de Montpellier, Montpellier (34)

  • Crédit 11h45

    Architectes : MAIGNIAL Architectes et associés

  • Maîtrise d’ouvrage : ENSAM
  • Date de réhabilitation : 2022-2023
  • Programme : École nationale supérieure d'architecture

Construit en 1978, le bâtiment historique de l'école d'architecture de Montpellier a bénéficié d'une réhabilitation énergétique et architecturale entre 2020 et 2023. Cette intervention aux objectifs ambitieux devait permettre à elle seule de réduire de 60 % les consommations en énergie finale sur l'ensemble du site, incluant deux autres bâtiments érigés au début des années 2000. 

Le projet porté par MAIGNIAL Architectes et associés s'est attaché à révéler l'écriture architecturale originelle de l'existant, diluée par des interventions antérieures, tout en accompagnant le bâtiment dans son évolution technique et fonctionnelle.

 

Mouzaïa 58, Paris (75)

  • Crédit : Pierre L'Excellent

    Architectes : CANAL Architecture

  • Maîtrise d’ouvrage : Régie immobilière de la ville de Paris
  • Date de réhabilitation : 2020
  • Programme : Résidence étudiants et jeunes travailleurs, ateliers d’artistes et espace de coworking

Conçu par les architectes Claude Parent et André Remondet en 1974, le bâtiment situé au 58 rue de Mouzaïa constitue un exemple remarquable du courant de l’architecture brutaliste à Paris. Il fait partie d'un ensemble immobilier comprenant également le 66 rue de Mouzaïa, qui a fait l'objet d'un important projet de transformation mené par CANAL Architecture et la Régie Immobilière de la Ville de Paris. 

La mise en œuvre de cette opération repose sur le principe de décote « Duflot », un dispositif instauré en 2013 qui permet la mobilisation du foncier public en faveur de la production de logements sociaux. Ainsi, les anciens bureaux de la Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales (DRASS) ont été transformés en un programme mixte comprenant une résidence pour étudiants et jeunes travailleurs, des ateliers d'artistes et des espaces de coworking.

 

Centre d'art et de rencontres, Ugine (73)

  • Architectes : Lis & Daneau Architectes
  • Maîtrise d’ouvrage : Commune d'Ugine
  • Date de réhabilitation : 2019
  • Programme : Centre d’art

Ce projet de transformation porte sur l'ancienne église du Sacré-Cœur construite à Ugine, une commune industrielle savoyarde d'environ 7 000 habitants, en 1959 par l'architecte Claude Fay, au sein d'un nouveau quartier proche de l'usine de métallurgie. L'intervention subtile et minimaliste de la jeune agence Lis & Daneau Architectes en 2019 a permis de redonner vie à ce bâtiment qui était resté désaffecté pendant de nombreuses années. Ainsi, l'église a été transformée en un centre d'art contemporain.

 

85 rue Petit, Paris (75)

  • Architectes : Encore Heureux Architectes
  • Maîtrise d’ouvrage : SNC Emerige
  • Date de réhabilitation : 2021
  • Programme : Logement 

Situé au cœur de l'îlot du 19e arrondissement de Paris, cet ancien garage automobile, érigé en 1968, a été transformé en un immeuble d’habitations de 75 logements. À l'origine, cette construction abritait un garage Renault, comprenant un showroom, des bureaux, ainsi que de nombreuses places de stationnement. Le projet conçu par l’agence d’architecture Encore Heureux consiste en une démolition partielle et une adaptation lourde de la structure pour accueillir 5 000 m² de logements aux espaces spacieux, chacun bénéficiant d'un espace extérieur privatif.

 

Résidence Montera-Gabon, Paris (75)

  • Crédit : Jarded Chulsky

    Architectes : François Brugel Architectes Associés

  • Maîtrise d’ouvrage : Paris Habitat
  • Date de réhabilitation : 2022
  • Programme : Logement social

Située dans le 12e arrondissement de Paris, la résidence Montera Gabon est composée de deux bâtiments abritant 106 logements sociaux. Le projet de réhabilitation, conduit par François Brugel Architectes Associés, visait à inscrire cette construction de 1957 dans une nouvelle trajectoire environnementale et énergétique, ainsi qu'à améliorer la qualité d'usage des logements. 

Outre les travaux d'amélioration énergétique réalisés sur les deux édifices, le confort d'usage des logements a été optimisé par la création de 38 balcons intégrés aux façades, élargissant ainsi les espaces de séjour et les chambres.

 

Symbiose, Nantes (44)

  • Architectes : Claas Architectes
  • Maîtrise d’ouvrage : Nantes Métropole Habitat
  • Date de réhabilitation : 2022
  • Programme : Logement social 

Cet immeuble, construit dans les années 70 et comprenant 24 logements sociaux, a fait l’objet d’une réhabilitation thermique et d’une surélévation par la création d'une serre maraîchère visant développer une activité d'agriculture urbaine. Le projet Symbiose, porté par Nantes Métropole Habitat et conçu par Claas Architectes, exploite le potentiel solaire des toitures en y intégrant des serres bioclimatiques conçues pour capter l'énergie solaire, préchauffer l'eau chaude sanitaire du bâtiment et offrir de nouveaux espaces aux résidents.

 

Chalet, Bolquère (66)

  • Architectes : BAST

  • Maîtrise d’ouvrage : Propriétaires habitants
  • Date de réhabilitation : 2022
  • Programme : Habitat individuel 

Située à 1700m d’altitude, ce chalet de Cerdagne avait été construit dans les années 1960 pour être maison de villégiature. Le projet élaboré par le BAST (Bureau Architectures Sans Titre) propose une réorganisation de ce vaste espace habitable afin d'y aménager une unité de vie au rez-de-chaussée, comprenant de nouveaux espaces à usages indéterminés entre intérieur et extérieur. À cet effet, l'ensemble du rez-de-chaussée a été agrandi par l'ajout d'une galerie thermique devant les parois de granit. Cet espace non chauffé a été conçu pour jouer un rôle d'isolation thermique par l’extérieur.


Tour Ravel, Sarcelles (95)

Crédit : Coline Bublex
  • Architectes : EQUATEUR
  • Maîtrise d’ouvrage : CDC Habitat
  • Date de réhabilitation : 2018
  • Programme : Logement social

Construite en 1959 par Jacques Henri-Labourdette, la tour Ravel accueille 56 logements sociaux répartis sur 14 étages, ainsi que 3 commerces au rez-de-chaussée. Le projet mené par l'agence EQUATEUR visait à atteindre des objectifs thermiques et acoustiques ambitieux tout en préservant l'architecture originelle de ce repère urbain dominant la gare de Garges-Sarcelles. 

L'intervention propose une réhabilitation complète, comprenant notamment une reconfiguration du rez-de-chaussée avec la création de sas, une isolation thermique ayant nécessitait une dépose des anciennes façades, une rénovation des pièces humides et un raccordement au réseau de chaleur urbain.


Port Gallice, Juan-les-Pins (06)

  • Architectes : Atelier d’Architecture Philippe Prost
  • Maîtrise d’ouvrage : SAS Gallice 21
  • Date de réhabilitation : 2022-2024
  • Programme : Équipement du domaine public portuaire

Aménagé en 1967 par Guillaume Gillet, le port de Gallice est situé à Juan-les-Pins, au bord de la mer Méditerranée. Ses deux bâtiments, construits en béton armé, s’inscrivent dans la topographie existante du site. La réhabilitation complète de ces édifices visait à révéler et renforcer les qualités bioclimatiques de l’architecture moderne d’origine, typiquement méditerranéenne. Le projet mené par l'Atelier d'Architecture Philippe Prost végétalise et aménage le toit-terrasse, autrefois recouvert de gravillons, pour créer un jardin public en belvédère, alliant ainsi l’espace naturel à l’espace maritime.

 

École Jacques Gilbert-Collet, Chevilly-Larue (94)

  • Crédit : Takuji Shimmura

    Architectes : croixmariebourdon architectes associés

  • Maîtrise d’ouvrage : Ville de Chevilly-Larue
  • Date de réhabilitation : 2022
  • Programme : École maternelle 

Ce projet concerne la réhabilitation thermique d'une école maternelle située à Chevilly-Larue. L'école Jacques-Gilbert Collet, datant des années 1990, présentait des qualités architecturales et fonctionnelles remarquables, bien que sa complexité morphologique et son abondance de surfaces vitrées généraient un inconfort thermique important. Le projet de réhabilitation mené par l'agence Croixmariebourdon architectes associés propose de répondre à ces problématiques par l’introduction d’un nouveau dispositif d’inspiration bioclimatique.