C’est la question qui a guidé les échanges lors des séminaires organisés les 14 et 17 Septembre 2018 à Saint-Astier et à Lalinde, avec l’appui du Cerema, sous l’égide de la Préfecture et de la Direction Départementale des Territoires de la Dordogne (DDT 24). L’ambition était de faciliter les échanges participatifs autour des témoignages, selon le principe "les élus parlent aux élus".
Le plan de mobilité rurale en fil conducteur des deux journées
Le fil conducteur de ces deux séminaires était le plan de mobilité rurale (PMRu) comme outil d’aide à la planification des actions de mobilité en territoire peu dense.
Les séminaires ont été construits selon deux temps d’échanges :
- Des éléments de diagnostic des mobilités et de présentation de la méthode simplifiée d’élaboration d’un PMRu, présentés par le Cerema ;
- Une table ronde, animée par le Cerema, autour de témoignages et de retours d’expériences d’actions de mobilité portées portés par des territoires ruraux ou peu denses ou des associations.
Une mobilisation témoignant de l’appétence des acteurs du territoire pour le sujet mobilité
Un niveau de participation très intéressant sur les deux sites, 83 personnes à Lalinde et 65 personnes à Saint Astier, avec une représentation d’élus (parlementaires, maires, présidents de communauté de communes) de plus de 70% de l’ensemble des participants.
Une richesse de thèmes abordés dans les échanges
Différentes thématiques en lien avec la mobilité ont soulevé des interrogations ou fait émerger des pistes de réflexion, comme :
- la mobilité au services de tous : notion de mobilité inclusive, de motilité et d’intermodalité ;
- la mobilité des jeunes au travers des freins et des leviers cognitifs, psychologique, physiques et matériels ;
- la mobilité des personnes âgés ou des seniors : quels services pour maintenir le lien social et limiter l’isolement ?
- la mobilité et la sécurité : quel accompagnement ? Quelle sensibilisation ou éducation à la mobilité proposer ? Quel partenariat avec l’école ?)
- la mobilité et la famille ;
- quelle compétence, et pour qui ? et quelle gourvernance pour une mobilité efficace pour tous ?
- quelle communication pour mieux faire connaitre les offres et services de mobilité accessibles sur le territoire ?
- la mobilité et les infrastructures : le réseau viaire des territoires ruraux est inadapté aux mobilités actives !
Des témoignages porteurs de sens et de solutions de mobilité lors de la table ronde
Plusieurs associations ont participé à ces journées et ont pu promouvoir leurs actions :
L’association AGIR abcd accompagne la mobilité des publics fragilisés et maintient le lien physique et social.
Deux actions sous l’égide d’Agiroute à destination des seniors autour du code de la route et du code la rue et l’action CAR 24 pour conduire l’automobile d’un retraité dans le département ont été réalisées.
L’action Vélec portée par le pays de la Vallée de l’Isle en Périgord, dans le cadre de l’appel à projet TEPCV qui répond aux besoins de mobilité du quotidien et de proximité (moins de 10 kilomètres) via l’accompagnement financier pour l’achat de vélo à assistance électrique. Ainsi 408 primes à l’acquisition d’un VAE ont été distribuées en 10 mois.
La plateforme de mobilité du Périgord Vert « Mover » qui répond aux besoins et accompagne les usagers vers une mobilité mieux partagée, en termes d’information, de conseil et d’animation territoriale.
Le site internet : www.mover-perigord-vert.fr
L’association Rézo pouce qui a développé un dispositif d’autostop organisé et sécurisé pour toutes les mobilités du quotidien. Le système combine :
- les principes de sécurité puisque les usagers conducteurs et autostoppeurs sont identifiés par leur inscription sur le site ;
- de mutualisation grâce à des outils de communication et application diffusés vers les collectivités ;
- d’intermodalité. Rézo pouce est en connexion/rabattement vers les autres modes de transports collectifs.
Le site internet : www.rezopouce.fr
Quelques paroles d’acteurs
« La communication autour des solutions de mobilité n’existe pas ; elle est encore à créer sous toutes ces formes : électronique, virtuelle, papier ou gazette..., pour toucher tous les publics »
« Les petites collectivités n’ont pas d’ingénierie propre et doivent faire appel à des bureaux d’études pour les accompagner et les aider à décider »
« Sans compétence mobilité il nous sera difficile d’agir efficacement »
« Comment peut-on mutualiser des savoirs et des actions pour nous engager dans l’action sans risque ? »
« Le smartphone n’aide pas les jeunes à apprendre par eux-mêmes ; ils attendent du sur mesure sans s’interroger sur le champ des possibles… »
« Nous, les élus, sommes prêts à nous engager vers les mobilités actives si tous les acteurs notamment le conseil départemental nous accompagnent pour sécuriser les infrastructures »
« La sécurité reste un sujet fort dans les territoires ruraux : je ne suis pas prête à laisser mes enfants faire de l’autostop ou partir à vélo ! »
« Je faisais du vélo avant ; j’ai arrêté car les conditions de circulation sont trop dangereuses ; les automobilistes ne sont pas sensibilisés et ne respectent pas les deux roues »
« Nous vivons dans un département attractif et touristique : les flux sont trop importants en saison touristique et créent de plus en plus souvent des conflits d’usage avec les habitants »
« La mobilité est un enjeu de sociabilisation dans les territoires ruraux, d’accès aux services et d’intégration en tant que citoyen ou d’insertion professionnelle ; sans mobilité on n’existe plus socialement… »
« N’ayons pas peur de faire des aménagements qualitatifs et de promouvoir des services de qualité ; seul le qualitatif nous permettra de favoriser les changements de comportements de mobilité et d’aider à mieux intégrer les mobilités actives dans notre espace public »
« Nous sommes placés devant un choix pour les 30 ans à venir. Notre responsabilité d’élu pour demain, c’est la mobilité décarbonée »