Cet article fait partie du dossier : Le Cerema accompagne les territoires de montagne dans leurs transitions, en intégrant leurs spécificités et leur diversité
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Cet article retrace les grandes étapes de cette expérience et livre ses principaux enseignements.
Porteur d’une politique cyclable globale, le Syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise (Smmag) veut développer la pratique du vélo sur son périmètre d’action, notamment en zone de montagne.
Comment faciliter l'usage du vélo sur les routes de montagne ?
Pour les territoires situés sur les massifs montagneux bordant l’agglomération grenobloise, la circulation est essentiellement garantie par des axes routiers à la géométrie contrainte. On y trouve des déclivités importantes, une sinuosité marquée, des ouvrages d’art ou des largeurs réduites. Pourtant, sur ces itinéraires aussi la pratique du vélo se développe et les usagers se manifestent pour revendiquer des aménagements plus sûrs et confortables.
Il devient prioritaire pour le Smmag d’augmenter la cyclabilité de ces secteurs en améliorant la sécurité des cyclistes ainsi que les conditions de cohabitation avec les usagers motorisés. Néanmoins, afin d’accompagner cet essor, il s’agit de composer avec plusieurs collectivités puisque les compétences de gestionnaires de voirie, de pouvoir de police et d’autorité organisatrice des mobilités sont réparties entre les différents niveaux territoriaux.
Dans ce contexte, le Cerema est intervenu avec pour objectif de faire émerger des solutions d’aménagements emportant le consensus entre ces collectivités territoriales.
La mission s’est structurée autour de l’animation d’un groupe de travail rassemblant l’ensemble des acteurs. Ce groupe s’est réuni autour du Smmag et de ses intercommunalités que sont la Communauté de communes de l’Oisans, la Communauté de communes du Grésivaudan, l’Agglomération du Pays Voironnais et Grenoble Alpes Métropole (Gam). Il a inclus d’autres acteurs partageant la problématique, en particulier les Communautés de communes Coeur de Chartreuse, de l’Oisans, du Massif du Vercors, l’Agence Ecomobilité Savoie Montblanc, l’Agence d’urbanisme de la région grenobloise, sans oublier le principal gestionnaire de voirie du périmètre, le Département de l’Isère.
Afin de s’approprier l’ensemble de la problématique et projeter des solutions, des ateliers de travail se sont structurés autour de 3 étapes :

Premier atelier : Recueillir l’expression des acteurs et identifier des sites à enjeux
La démarche a démarré sur la base d’un état des lieux partagé. Cela a permis de recueillir l’expression des acteurs sur :
- les enjeux des routes de montagne en fonction des types d’usager du vélotafeur au cyclosportif en passant par le cycliste du dimanche, du potentiel de report modal, de la sécurité ou du confort ;
- les contraintes spécifiques aux routes de montagne notamment du point de vue de l’exploitation et des doctrines d’aménagement.
Quoique généraliste, cette étape a permis de partager un certain nombre de constats et ainsi poser les bases d’un compromis. On retiendra le constat partagé de l’augmentation des usages, des enjeux de sécurité sur certains itinéraires, du potentiel limité de certains itinéraires pour la mobilité du quotidien et inversement du potentiel touristique à valoriser pour d’autres.
Un travail cartographique a ensuite permis de donner corps à ces enjeux et contraintes. Une sélection d’itinéraires présents sur le territoire a permis d’illustrer les différentes situations et d’initier la recherche de solutions.

Deuxième atelier : Choix des sites et présentation du benchmark
Le Département de l’Isère a introduit ce deuxième atelier avec des retours d’expériences d’aménagements cyclables sur route de montagne. Cela a permis d’ouvrir un premier temps de travail sur la recherche de solutions à "largeur constante" pour améliorer la cyclabilité des routes de montagne. Ces réflexions se sont également appuyées sur un benchmark national d’aménagements observés sur des voiries en zone peu dense. Ces aménagements pouvaient être à la frontière des recommandations existantes mais ont permis d’ouvrir les discussions et d’interroger les règles d’implantation de certains aménagements.
C’est ainsi que le groupe a travaillé sur des dispositifs d’apaisement des vitesses hors agglomération, des outils de régulations des flux ou encore le rééquilibrage des largeurs de voies pour proposer des aménagements séparatifs ou améliorer la cohabitation entre les vélos et les modes motorisés.
Après en avoir défini ensemble les domaines d’emplois, les participants ont projeté ces dispositifs sur les itinéraires retenus afin d’en améliorer la cyclabilité. En se confrontant à la réalité des infrastructures, cette approche a permis de tester la faisabilité et les limites d’emplois de ces outils.
Troisième atelier : Se projeter vers la phase de test
Pour le dernier atelier, Grenoble Alpes Métropole a introduit la séance avec des retours d’expérience sur la logique d’aménagement test. À la lumière de cette présentation, le groupe a ensuite travaillé sur la consolidation des solutions d’aménagement cyclable en situation contrainte et s’est projeté sur leur mise en œuvre dans une logique d’aménagement expérimental. Pour ce faire, sur chaque itinéraire retenu, un certain nombre d’intrants conditionnant la phase de test ont été identifiés et caractérisés :
- la faisabilité technique de l’aménagement projeté ;
- les acteurs concernés et les enjeux de concertation/d’accompagnement pour garantir l’acceptabilité du projet.
Par la suite, pour chaque situation rencontrée, les enjeux et les grandes lignes d’un protocole d’évaluation ont été définis. Cela a permis de renforcer la notion de test en partageant ce qui devait être mesuré pour s’assurer du bon fonctionnement de l’aménagement et par la suite de sa pérennisation ou non.

En se confrontant à un niveau plus précis, ce travail de projection a également contribué à l’approfondissement des fiches de domaines d’emplois des solutions d’aménagement en situation contrainte. Ces fiches, conçues sur une base consensuelle et consolidées par ce travail de projection, constituent aujourd’hui une référence unique en France éclairant l’utilisation de dispositifs d’apaisement, de régulation des flux et d’équilibrage des niveaux de service pour améliorer la cyclabilité d’axes routiers intermédiaires ou secondaires.
Perspectives
S’ils sont mis en œuvre, ces aménagements tests pourraient permettre de consolider davantage les domaines d’emplois des outils recensés. Cette prochaine étape appartient maintenant aux collectivités locales en associant parfois de nouveaux acteurs, notamment le niveau communal.
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