Cet article fait partie du dossier : Dossier "Vers des rues apaisées"
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La ville d’Angoulême souhaitait se fixer un cadre méthodologique et élaborer une feuille de route, pour que chaque nouvel aménagement d’espace public soit élaboré sur la base d’un idéal commun, co-construit avec la ville et ses habitants.
La déclinaison d’une fine trame verte et bleue au cœur de la cité témoignant des continuités écologiques et paysagères, le potentiel de désimperméabilisation des sols, la palette arborée idéale face au changement climatique (outil Sésame) ou encore la cartographie des îlots de chaleur urbains : cette démarche innovante de "ville apaisée et vivante" vient faire la synthèse de plusieurs études précédentes réalisées par le Cerema, tout en permettant de traduire les attentes citoyennes sur une feuille de route de réaménagement d’espaces publics.
Cette démarche a été accompagnée financièrement par l’ADEME, l’Agence de l’Eau Adour Garonne et la Région Nouvelle-Aquitaine, avec la présence lors des réunions de l’Etat (DREAL, DDT, ABF), et de nombreux partenaires associés (CA Grand Angoulême, syndicat de bassin, associations, etc.).
Le besoin de définir un idéal, et de le traduire concrètement en termes d’aménagement
La ville d’Angoulême souhaitait traiter la question du réaménagement de l’espace public de manière transversale, et sur la base d’une co-construction avec les habitants via la participation citoyenne. Pour ce faire, ce cinquième volet (sur 7) du partenariat "La nature au service d’une ville apaisée et vivante" reliant la ville au Cerema, a permis de définir :
- ce qu’était une "ville apaisée et vivante",
- quels leviers d’action utiliser pour tendre vers cet objectif ambitieux,
- comment solliciter les habitants et acteurs du territoire pour que ces derniers contribuent au projet urbain.
C’est ainsi que de nombreuses thématiques ont été abordées, de la nature à la mobilité, de la gestion des déchets à la vitalité commerciale, en passant par le sentiment de sécurité sur les espaces publics, ou encore la présence de toilettes et de point d’eau potable.
Un premier travail a alors été de définir ce qu’était une "ville d’Angoulême apaisée et vivante" :
une ville calme (sans bruits, …mais lesquels ?), sécurisée (…de quoi ?), piétonne et cyclable tout en maintenant une offre mesurée de stationnement voiture sur les centralités, familiale, intergénérationnelle, et végétalisée, notamment.
A travers 6 ateliers (3 en salle et 3 sur le terrain), les élus et les services issus de tous horizons (espaces publics, voirie, patrimoine arboré, grands projets, politique de la ville, urbanisme, mobilités, police municipale, culture, éducation, jeunesse) ont déterminé les contours précis de la définition, en mettant en face des exemples réussis de réalisation, ainsi que d’autres à ne pas suivre.
| Calme | Sécurité | Egalité h/f | Santé | Accessibilité | |
|---|---|---|---|---|---|
| Positif | Convivialité (présence de familles, facilité des échanges) Absence de bruits motorisés / fermé aux voitures Ambiance piétonne Mobilier urbain urbain permettant de se poser / reposant Eclairé / mis en lumière Présence de la nature / d'arbres Circulation apaisée Absence de bruit tard le soir (si terrasse) Ambiance "village" Bruits apaisants (fontaine) | Fermeture de l'accès voitures / Espace piétonnier Espace ouvert Espace fermé à l'aide de grilles Bonne visibilité sur l'ensemble de l'espace public Bonne lisibilité de l'espace public Limitation des vitesses Animé Circulation à pied aisée | Mixité d'usage Présence de familles Favorise les échanges Animé (en lien avec la sécurité) | Espace aéré Espace végétalisé Favorise l'activité physique et la pratique sportive Ombragé Espace convivial Relations sociales Pratique de la marche et du vélo Point d'eau Lieux de repos (bancs) Lieu de bien-être | Facile d'accès / espace public perméable Respect des normes d'accessibilité de l'espace public Espace plat Présence de bancs et mobilier de repos Espace public simple et lisible Espace public accessible à tous et accueillant de nombreux usages Stationnement PMR Espace mixte piéton/ voiture / facilité d'accès pour tous. |
| Négatif | Conflits d'usage entre les différents modes de déplacement |
| Pratique d'activité fortement connotées comme étant masculines (sports / loisirs notamment) |
| Oppressant / peu de place pour circuler à pied |
L’objectif a été ensuite de traiter de manière très transversale tous ces enjeux, en s’appuyant sur trois exemples de potentiels réaménagements d’espaces publics :
- La place du Commandant Raynal : une place sur le plateau en entrée de ville piétonne, avec ses terrasses de restaurant, une présence forte de piétons, mais également une proximité de stationnements voiture,
- La place Mulac : une grande place en ville basse, à usage principal de parking mais soulevant de nombreux autres enjeux (proximité écoles et commerces, square, marché hebdomadaire),
- La place Hildesheim : une place piétonne en quartier politique de la ville, à proximité de grands ensembles, dont les usages restent encore à définir.

Enfin, plusieurs outils de participation citoyenne ont été travaillés avec la collectivité, afin que la co-construction dans le cadre d’ateliers publics et de déambulations terrain soit exhaustive, transversale, pédagogique et à la portée de tous. Des outils ont été présentés pour mener à bien des ateliers et les déambulations sur site avec les riverains, dans le cadre de projets de réaménagement d’espaces publics.
Définition de la "ville apaisée et vivante"
Une ville vivante, ce sont des espaces publics avec :
Végétalisation d'une rue piétonne / Ville d'Angoulême Une mixité d’usages : présence de familles, mixité par la pratique de loisirs, mise en valeur du paysage, de l’activité économique, des commerces de proximité, de la culture et valorisation du patrimoine, proposition de différentes offres de mobilités, lieux de repos, lieux de fraîcheur, etc.
- Une mixité générationnelle : des enfants, des familles, des personnes âgées,
- De la végétation : des arbres, des arbustes, des plantes herbacées, et une diversité de strates,
- De la biodiversité : végétale (plusieurs espèces, plusieurs strates), et de la diversité animale (plantes mellifères, arbres favorisant l’avifaune, nichoirs, etc.)
- Des lieux de rencontres : terrasses de bar/café, des restaurants, de l’animation culturelle ponctuelle (concerts, théâtre de rue, troc aux plantes, etc.), ou quotidienne (projections "sons et lumières" en période estivale), terrain de pétanque, bancs, fontaine, valorisation du panorama,
- Des espaces ludiques : jeux pour enfants, panneaux pédagogiques ludiques, table de ping pong, terrain de pétanque,
- La présence du sport sur l’espace public (itinéraire marche, via ferrata improvisée, panier de basket)
- La présence de la culture et de la valorisation du patrimoine local,
- Des animations (concerts, expositions, théâtre de rue, marché nocturne, vide grenier, piétonisation par urbanisme tactique, retransmission de match, courses d’orientation, etc.),
- Présence du piéton sur l’espace public.

Ces éléments de définition ont été déclinés sur plusieurs aménagements ; de la renaturation de cours d’école à la requalification de places piétonnes, en passant par des projets de voirie, des parvis de bâtiments religieux ou encore des opérations de renouvellement urbain (Bel Air Grand Font).
Le dernier exemple en date est la requalification de la place Marengo sur la ville historique (plateau) ; une rue piétonne avec de nombreuses polarités commerciales, au pied de bâtiments classés, et à quelques pas de l’hôtel de ville, place qui était auparavant très minérale (voir photo en début d’article).
Présentation de l'ensemble de la démarche menée avec la ville d'Angoulême :
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