28 juillet 2025
Transport par câble Papang à la Réunion
Cerema
Après plus de deux ans de fonctionnement du Papang, la Communauté Intercommunale du Nord de la Réunion (CINOR), l’ADEME, l’Agence Française de Développement (AFD), la Banque des Territoires et le Cerema ont souhaité revenir sur les différentes phases (études, réalisation et exploitation) de ce transport par câble pour aider l’émergence d’autres projets.

Le transport par câble urbain, dénommé Papang en référence au rapace endémique de La Réunion, est le premier de l’Océan Indien et d’Outre-Mer. 

Implanté à Saint-Denis sur le territoire de la CINOR, le Papang a été mis en service le 15 mars 2022. Il permet de relier le quartier du Chaudron sur le littoral, à Bois-de-Nèfles dans les hauteurs et dessert 3 stations intermédiaires. Doté de cabines de 10 places, il peut transporter jusqu’à 1 200 personnes par heure et par sens. Connecté au réseau de transports en commun (TC), ce mode de transport du quotidien offre un haut niveau de service aux habitants avec un temps de trajet d’environ 15 minutes sur une longueur de 2,7km.

La CINOR, l’ADEME, l’AFD, la Banque des Territoires et le Cerema financent conjointement la réalisation de ce retour d’expérience réalisé par le Cerema en 2024-2025. La mission a été découpée en deux parties : 

  • La première correspond à une analyse des différentes étapes du projet et a été réalisée sur la base du corpus documentaire (études stratégiques et opérationnelles, données d’exploitation disponibles…), des entretiens avec les principaux acteurs du projet, des visites et observations in-situ ainsi qu’une enquête auprès des usagers.
  • La deuxième correspond à une expertise du service et de ses aménagements et a été réalisée principalement sur la base d’observations terrains.

 

Une analyse des phases d’études, de réalisation et d’exploitation

Entrée du Papang - Cerema

La première partie de la mission a eu pour objectif de synthétiser l’ensemble de la démarche depuis la conception jusqu’à l’exploitation du Papang. Des focus spécifiques ont été réalisés sur les points clés de réussite du projet :

  • Le lancement du projet et sa gouvernance,
  • Les aménagements réalisés et leurs impacts,
  • L’exploitation et le niveau de service,
  • L’intermodalité et la fréquentation,
  • Les avis des usagers sur le transport par câble.

Quelques éléments saillants sont mis en avant ci-dessous mais le rapport revient en détail sur les différents points d’attention relevés. 

D’abord l’examen du contexte démographique et topographique, lors des études préliminaires réalisées en 2016, a montré la pertinence du transport par câble par rapport à d’autres solutions plus classiques de transport en commun en site propre (bus). De plus l’existence d’emprises maitrisées et peu bâties, en particulier une coulée verte, ont facilité l’insertion de l’infrastructure.

Surtout l’un des facteurs déterminant de réussite de ce projet a été l’investissement politique continu dans le portage de l’opération, notamment traduit par la mise en place d’une équipe technique dédiée, ou encore par la conduite d’une concertation large ayant permis une appropriation par la population ce mode de transport nouveau pour le territoire.

Si le projet a malgré tout suscité quelques oppositions institutionnelles, les craintes de dérangement visuel de l’installation sont aujourd’hui levées. Les nuisances sonores sont aussi globalement maitrisées, même si quelques zones d’attention ponctuelles nécessitent des mesures de réduction.

Généralement l’anticipation des problématiques qui peuvent intervenir en exploitation est un enjeu fort. L’intégration d’exploitants expérimentés dès la conception semble indispensable, ainsi que la préparation des conditions facilitant le suivi des performances (techniques mais aussi environnementales et de qualité de service). La possibilité de mettre en œuvre les actions correctives en phase exploitation doit également être prévue. 

La problématique de l’évacuation en cas d’incident fait partie des sujets à anticiper au maximum car elle conditionne la performance du transport par câble.  Plus largement les dimensionnements des équipes ou des locaux sont aussi à évaluer avec soin.

Parmi les points positifs on a pu notamment relever l’atteinte très rapide des objectifs de fréquentation notamment grâce aux publics scolaires et étudiants. De plus, les éléments recueillis tendent à montrer un report modal depuis la voiture particulière assez significatif. Surtout, la satisfaction des usagers du Papang est particulièrement forte. On note également la réussite de l’insertion du projet dans les différents quartiers qui a permis une réelle appropriation des riverains.

Ces points devront être confirmés dans le temps. Ils n’empêchent pas la mise en place d’une démarche continue d’amélioration du service pour une meilleure attractivité, comme proposé dans la seconde phase.

 

Des propositions d’amélioration en particulier autour des stations

La seconde phase de la mission identifie les pistes pouvant permettre d’améliorer l’usage et la qualité de service des pôles d’échanges, ainsi que l’attractivité du téléphérique.

L‘expertise a été réalisée sur la base d’observations terrain et d’entretiens usagers, de l’aménagement des stations au fonctionnement des pôles d’échanges multimodaux (PEM), en passant par l’accessibilité multimodale aux différents sites. 

Il s’avère que chaque station a des spécificités à prendre en compte, en lien avec son insertion dans le quartier, sa proximité à des pôles générateurs forts, un enjeu d’activités de loisirs ou encore une intermodalité forte. Pour chaque PEM, des identités et fonctions propres ont alors été proposées, esquissant des orientations possibles vers lesquelles ces pôles d’échange pourraient tendre.

Des actions sont proposées pour les 5 pôles d’échanges du Papang, afin d’améliorer la qualité de service, le fonctionnement ou encore l’aménagement urbain (comme par exemple mobilier urbain, nouveaux services alternatifs, signalétique, information multimodale, organisation spatiale…). Ces recommandations sont répertoriées en 3 catégories : à la fois des interventions "faciles", réalisables à très court terme, et des opérations d’ampleur plus conséquente, envisageables à moyen voire long terme qui impliquent différents acteurs du territoire.

La CINOR compte maintenant mobiliser les différents acteurs des transports et, plus largement ceux du territoire, pour mettre en œuvre ces actions. 

 

Des perspectives de développement des transports par câble, notamment dans l’Océan Indien

Alors que plusieurs projets sont à l’étude, notamment à Mayotte et à la Réunion, l’ambition de cette démarche est aussi d’apporter aux collectivités qui souhaitent s’investir dans la réalisation d’un transport par câble, des enseignements sur lesquels s’appuyer pour éviter certains écueils et identifier les bonnes pratiques à mettre en œuvre tout au long des différentes phases d’un projet de transport par câble.

Les deux rapports d’étude correspondant à chacune des phases sont disponibles en téléchargement sur la plate-forme documentaire du Cerema.