En ce mois de septembre 2025, nous vous proposons de commencer votre lecture par un point d'actualité sur l'impact de la réglementation de la construction sur les matériaux biosourcés puis de faire une première étape du tour de France dans les roues des filières biosourcées et de la terre crue, des mesures des performances du béton de chanvre dans le Nord à un workshop pour les étudiants de l'école d'architecture de Montpellier sur la terre crue.
Vous trouverez également les liens vers les centres de ressources et les collectifs présents dans chacune des régions.
Une lettre d'information à conserver sur la durée !
Quelques réflexions autour du rapport Rivaton et l'évaluation de la RE2020
Le rapport de Robin Rivaton a été commandé par le Gouvernement afin de réaliser une évaluation postérieure de la Réglementation Environnementale 2020 (RE2020). L'objectif principal du rapport est de déterminer si la trajectoire des jalons 2025, 2028 et 2031 est réalisable sans freiner l’accès au logement. Le rapport est consultable sur le site du Ministère de l'écologie.
Le rapport Rivaton ne contient pas de propositions ciblant spécifiquement et uniquement les matériaux biosourcés, mais plusieurs de ses recommandations visent à assouplir le cadre réglementaire et technique de la RE2020, ce qui aurait des impacts significatifs pour l'usage du bois et d'autres matériaux biosourcés.
La proposition principale vise l'atténuation des impacts de la transition normative (EN 15804+A2)
La recommandation principale concernant la méthode de calcul vise à compenser la hausse des impacts carbone provoquée par le changement de norme d'Analyse du Cycle de Vie (ACV), connu sous le nom de passage de la norme A1 à A2. Le rapport propose de recalculer le seuil de départ de 2022 afin de neutraliser l'augmentation du poids carbone des composants due au passage à la norme A2.
Le passage à la norme A2 a lourdement impacté les solutions très bas carbone, y compris les matériaux biosourcés, car la prise en compte du carbone biogénique en fin de vie a été révisée, sauf pour le bois de structure. Bien que l'impact moyen de l'amendement A2 sur l'ACV globale d'un bâtiment soit limité, la disparition de fiches A1 non mises à jour et le passage à A2 ont créé des écarts importants pour certains produits (jusqu'à +157 kg éq. CO2/m2 sur les bâtiments étudiés). Le relèvement du seuil de départ vise à maintenir l’ambition initiale de réduction et à donner une "bouffée d’oxygène" aux acteurs confrontés à ces hausses de poids carbone, facilitant ainsi l'atteinte des jalons futurs, y compris avec des solutions bas carbone.
Financement de la production de FDES/PEP/configurateurs : Il est jugé nécessaire de mobiliser un financement significatif de la part de l’État pour soutenir la création de Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire (FDES) et de Profils Environnementaux Produit (PEP).
Les matériaux biosourcés bénéficient d'un effet report et connaissent un accroissement de la demande. Pour être compétitifs face aux valeurs des Données Environnementales par Défaut (DED) très défavorables, les producteurs de matériaux biosourcés doivent disposer de FDES spécifiques. L'aide au financement de ces fiches accélérerait la structuration des filières et la compétitivité des produits spécifiques, notamment pour les petites et moyennes entreprises (PME/PMI).
Le Hub des prescripteurs bas-carbone propose un webinaire de décryptage le 25 septembre prochain - lien d'inscription
Surcoûts, confort d’été, matériaux, contradictions réglementaires : quels axes d'amélioration pour la RE2020 ? - Les Cahiers techniques du Bâtiment ont publié en juillet 2025 un premier décryptage.
En écho à la proposition du rapport Rivaton, Karibati a publié, en juin 2025, un Etat des lieux des matériaux biosourcés sur la base INIES. À la fin de l’année 2024, la base INIES recensait 343 FDES de matériaux biosourcés (hors bois massif), sur un total de 3 630 fiches.
Réglementation incendie et biosourcés
Réglementation incendie et construction biosourcée en France, l’impossible équation ?
Thibaut THOMAS - Vizea, 29 mars 2024 - mis en ligne le 28 juillet 2025
La réglementation incendie française, conçue pour des bâtiments maçonnés, peine à s’adapter à l’usage croissant du bois et des matériaux biosourcés dans la construction. La doctrine de la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris (BSPP) impose des mesures strictes pour la sécurité, notamment l’encapsulage du bois apparent et la protection des circulations verticales et horizontales. Plus les bâtiments sont hauts, plus la réglementation incendie devient contraignante, compliquant la réduction de l’empreinte carbone. Cette double exigence crée une tension entre objectifs environnementaux et sécurité incendie. Les concepteurs doivent donc concilier ces contraintes parfois contradictoires. Les retours d’expérience et sinistres guideront l’évolution des normes pour trouver un équilibre durable entre décarbonation et sécurité.
A lire sur le site de Vizea
La construction bois française ploie sous 4 ans de doctrine des sapeurs-pompiers
Jonas TOPHOVEN - Batirama - 21 août 2025
La doctrine des sapeurs-pompiers parisienne sur la protection incendie des constructions bois, publiée en 2021, n’a toujours pas été intégrée dans une réglementation claire, créant une incertitude pour la filière bois française. Le retard de plusieurs arrêtés, notamment sur les ERP, freine le développement de la construction biosourcée, risquant d’asphyxier l’architecture climatique et les ambitions gouvernementales. Plusieurs incendies récents, dont Grésy-sur-Aix en 2024, ont relancé le débat sur la sécurité des chantiers bois. La filière, avec l’aide d’un délégué interministériel, cherche à débloquer la situation malgré une confrontation persistante avec les pompiers. En Europe, la réglementation reste aussi incertaine, contrairement à la Suisse qui a adopté une approche plus ouverte et innovante. Le Forum International Bois Construction continue d’organiser des ateliers annuels pour débattre et faire avancer la réflexion, mais la situation reste bloquée après quatre ans d’attente.
A lire sur le site du média
 | Hauts-de-FranceCentres de ressources
Collectif biosourcé |
Le Cerema mesure les performances du béton de chanvre comme isolant dans les Hauts-de-France
Le Cerema a évalué le béton de chanvre comme isolant dans 115 logements rénovés dans les Hauts-de-France, comparé à la laine de bois. Les résultats montrent une performance thermique et une étanchéité à l’air du chanvre projeté souvent supérieures, notamment grâce à sa mise en œuvre. La qualité de l’air intérieur ne révèle pas de différences significatives liées au type d’isolant, rassurant sur l’usage des matériaux biosourcés. Des défauts de ventilation ont été détectés, impactant potentiellement la qualité d’air indépendamment de l’isolant. Le projet recommande d’étendre les mesures à un plus grand nombre de logements pour confirmer ces résultats.
En savoir + sur le site du Cerema
 | Grand EstCentre de ressources
Collectif biosourcé |
Calendrier : 23 septembre 2025 - Journée technique sur le biosourcé sur le territoire du "Pays Terres de Lorraine"
Le Pays Terres de Lorraine et la DREAL Grand Est ont le plaisir de vous inviter, dans le cadre du réseau des ambassadeurs des matériaux bio et géosourcés, à une journée technique BIOSOURCÉS « Élaborer son projet en construction et rénovation avec des matériaux biosourcés : retours d’expériences, témoignages et solutions concrètes »
En savoir + sur le site d'Envirobat
Guide : Eco-rénover dans les Vosges du Nord
Le site du PNR des Vosges du Nord guide les particuliers et professionnels dans une démarche complète d’éco-rénovation du bâti ancien, structurée en trois étapes : état des lieux, projet et organisation du chantier. Il propose un annuaire de professionnels engagés pour une rénovation durable ainsi que des conseils techniques adaptés aux constructions locales (pierre, pan de bois, etc.). De nombreuses ressources, formations et événements sont accessibles pour accompagner les projets, notamment la programmation 2025 « Habiter Autrement ». Le site valorise aussi la préservation du patrimoine, la qualité de l’air intérieur et l’intégration paysagère. Enfin, il annonce une refonte prochaine avec une extension au massif des Vosges.
En savoir + sur eco-renover.parc-vosges-nord.fr
Ressource en développement pour la filière Chanvre
La Chanvrière, leader européen de la transformation du chanvre industriel, investit 15 millions d’euros pour créer une nouvelle usine à Juniville (Ardennes), qui traitera 50 000 tonnes de chanvre par an, en complément de ses sites saturés à Bar-sur-Aube et Saint-Lyé. Ce projet, validé en 2024, prévoit une mise en service fin 2027 et la création de 15 à 20 emplois. La coopérative, fondée en 1973, regroupe 780 adhérents et produit 12 000 à 15 000 hectares de chanvre par an, couvrant 25 % de la production européenne. Le chanvre est utilisé dans divers secteurs : papier, textile, plasturgie, construction (béton de chanvre), alimentation et cosmétique. La nouvelle usine s’implantera sur 5 hectares dans la vallée de la Retourne, avec l’objectif d’augmenter la production locale et répondre à une demande croissante. La Chanvrière cherche aussi à recruter de nouveaux producteurs pour cultiver 5 000 hectares supplémentaires. Ce développement illustre la montée en puissance d’une filière écologique, durable et à faible impact environnemental.
La Chanvrière, leader européen du chanvre industriel près de Troyes, poursuit son expansion dans les Ardennes
Stéphane Magnoux, Le Parisien - 26 mai 2025
 | Bourgogne-Franche-ComtéCentre de ressources Collectif biosourcé
|
Bâtiment exemplaire : Paray-le-Monial (Saône-et-Loire) - Un bâtiment référence de « l’écologie intégrale »
À Paray-le-Monial, le groupement d’achat Le Cèdre a inauguré une extension de bureaux de 1 200 m² conçue selon les principes de l’écologie intégrale, alliant performance environnementale, bien-être humain et viabilité économique. Sans climatisation, il offre un confort thermique grâce à une ossature bois, une isolation à base de béton de chanvre en ITE et de paille en toiture, et un système de chauffage renouvelable par chaudière à granulés. Le projet intègre 50 % de matériaux réemployés et associe les salariés aux choix d’aménagements, favorisant leur bien-être. Les coûts ont été maîtrisés à environ 2 000 €/m². L’écologie intégrale, telle que définie par Le Cèdre, englobe quatre dimensions : environnementale, humaine, relationnelle et spirituelle. Ce bâtiment illustre cette vision globale, renforçant l’attractivité de l’entreprise et son image de marque employeur.
Article du 9 juillet 2025 à lire dans le Journal du Palais
Ressource : Ouate de Cellulose - Soprema
Soprema investit 30 millions d’euros pour construire une usine à Beaune dédiée à la fabrication de ouate de cellulose à base de glassine, un papier siliconé recyclé issu des supports d’étiquettes. Ce nouveau site, opérationnel fin 2025, renforcera la présence du groupe dans l’Est de la France et créera une trentaine d’emplois. La ouate de cellulose glassine offre d’excellentes performances thermiques, un confort d’été et une pose facile, tout en valorisant une matière première largement jetée aujourd’hui. Soprema est la seule entreprise française à utiliser la glassine pour ses isolants, contribuant ainsi à une filière durable et innovante.
Monique Clémens, Les échos - 15 septembre 2025
 | Auvergne-Rhône-AlpesCentres de ressources Collectif biosourcé |
Filière : Le pisé revient en force en Auvergne-Rhône-Alpes
Le pisé, technique traditionnelle de construction en terre crue, revient en force en Auvergne-Rhône-Alpes grâce à son faible impact carbone comparé au béton et ses excellentes propriétés d’isolation thermique, particulièrement utiles face aux canicules. Ce matériau est fabriqué en compactant de la terre locale, souvent issue de déchets de chantier, ce qui en fait une solution écologique et circulaire. Malgré un coût de construction plus élevé, le pisé séduit les promoteurs immobiliers soucieux de réduire l’empreinte environnementale de leurs projets (voir article de France3). À Grenoble, le projet Terre d’Emma illustre cette tendance en combinant murs en pisé et remplissage bois-paille, visant des labels environnementaux ambitieux et une meilleure résilience climatique. Ce retour du pisé témoigne d’une volonté croissante d’intégrer des matériaux biosourcés et bas carbone dans la construction moderne (voir article du journal du bâtiment et des TP).
Écologique et efficace contre la chaleur, la construction en pisé revient comme une solution de remplacement au béton
Loreena Duret - France3 Région - 4 juillet 2025
En savoir + sur le site du média
Un immeuble d'habitation privilégiant la terre crue en construction à Grenoble
Thomas Richardson - Le journal du bâtiment et des TP - 6 juin 2025
En savoir + sur le site de la revue
Rapport : La Métropole du Grand Lyon a confié à Ville & Aménagement Durable une mission d’analyse transversale d’un panel de programmes immobiliers construits avec des matériaux bio et géosourcés (aboutis ou non)
Le rapport examine les enseignements tirés de l'expérience, les facteurs qui facilitent l'intégration de ces matériaux et les moyens de renforcer leur adoption future. Huit facteurs ont été déterminants pour le succès de l'intégration de ces matériaux dans les projets étudiés
1. Documents cadres et volonté politique : La présence de documents cadres (réglementations nationales ou locales, cahiers des charges de ZAC, référentiels locaux, etc.) retranscrivant une volonté politique affirmée en faveur de ces matériaux et permettant d'anticiper leur intégration dès le début du projet.
2. Filières structurées et cadre normatif : Le choix de matériaux et de techniques constructives qui disposent de filières structurées et d'un cadre réglementaire et normatif favorable (par exemple, les Règles professionnelles reconnues, comme celles pour la construction paille).
3. Jeu d'acteurs favorable : La nécessité de disposer d'interlocuteurs formés, expérimentés ou, au minimum, volontaires pour étudier ces solutions constructives, de la maîtrise d'ouvrage à l'équipe de maîtrise d'œuvre et aux entreprises.
4. Produits optimisés et éprouvés : L'utilisation de produits ou de procédés optimisés et éprouvés, garants d'une bonne mise en œuvre sur le chantier.
5. Économie de projet maîtrisée : Une conception adéquate permettant de maîtriser l'économie du projet, notamment par la compatibilité entre la conception architecturale et la technique constructive, le choix du bon matériau au bon endroit, et l'optimisation structurelle.
6. Valorisation des qualités : La valorisation des qualités intrinsèques de ces matériaux (en termes environnementaux, de confort d’été/hygroscopique, esthétiques, sociaux et pédagogiques) auprès de la maîtrise d’ouvrage et des futurs usagers.
7. Vigilance accrue sur le suivi : Une vigilance accrue sur le suivi de chantier est essentielle pour éviter toute « contre-référence » susceptible de fragiliser la filière.
8. Appui sur les opérations de référence : S'appuyer sur des opérations de référence réussies, ayant mis en œuvre ces matériaux, pour apporter la « preuve par l’exemple ».
Le rapport est à consulter sur le site de la métropole de Lyon
 | Provence-Alpes-Côte d'AzurCentres de ressources
Collectif biosourcé
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Annuaires des Professionnels des Ecomatériaux
Depuis 2022, la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de la région Provence-Alpes-Côte d’azur a décidé d’accompagner la transition écologique et énergétique au travers du programme Rénover+. Afin de faciliter les marchés publics, elle a publié un guide régional des matériaux éco-durables.
Cet annuaire est disponible sur le site de la CMA
De son côté EnviroBat BDM complète cette information avec un Annuaire des matériaux biosourcés et géosourcés en Provence-Alpes-Côte d’Azur afin de recenser les filières, les formations, les réseaux... qui existent en région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Ressource disponible sur le site d'EnviroBoite
Calendrier - le 10 octobre 2025 - 2e rencontres régionales de la construction terre
Un événement EnvirobatBDM, les EcoBatissonS, CAUE 83 et Asterre
S'inscrire sur le site d'EnvirobatBDM
 | OccitanieCentres de ressources
Collectif biosourcé
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Calendrier : Toca Tierra 2025 - La Terre crue dans la construction
Toca Tierra est un événement pédagogique qui a lieu chaque année à l’école d’architecture de Toulouse au démarrage de l’année universitaire.
Durant une semaine, des matériaux biosourcés et géosourcés sont mis à l’honneur. Les étudiants découvrent un matériau, son histoire, son utilisation dans la construction et plus généralement dans l’architecture lors d’ateliers d’expérimentation pratique, de visites, de conférences et d’une exposition. Pour cette 8e édition le focus est mis sur la terre crue, matériau millénaire, qui présente de multiples intérêts en architecture.
Workshop du 6 au 10 octobre 2025 - Des ateliers, une exposition, des rencontres, des projections