Cet Essentiel fournit aux élus et à leurs équipes les clés pour mettre en œuvre une stratégie locale en faveur de l'économie circulaire. Alexandre Pavoine, responsable du secteur d’activité sur la gestion des ressources et l’économie circulaire du BTP et Laurent Eisenlohr, chef de groupe économie circulaire et matériaux, auteurs de cet Essentiel, ont répondu ensemble à 3 questions sur l'action que peuvent mener les collectivités.
Le Cerema est impliqué depuis longtemps dans l'accompagnement des acteurs du BTP, privés et publics, pour développer l'économie circulaire. Où en est-on aujourd'hui ?
Le Cerema accompagne depuis des années les acteurs publics comme privés du BTP dans la mise en œuvre de l’économie circulaire. Depuis quelques années, le contexte évolue rapidement avec une réglementation de plus en plus exigeante, mais surtout avec une prise de conscience collective que l’économie circulaire est une démarche gagnante : elle permet de réduire les impacts environnementaux, décarboner le secteur du BTP, préserver les ressources non renouvelables tout en créant de la valeur pour les territoires et les entreprises.
Les enjeux actuels sont multiples : structurer et consolider des filières de réemploi et de recyclage, anticiper dès la conception des projets les flux de matériaux et déchets, développer des pratiques qui rendent les chantiers plus sobres en ressources, et sécuriser les approvisionnements en matériaux dans un contexte de tensions croissantes. L’économie circulaire n’est donc pas seulement une culture réglementaire, mais une opportunité stratégique pour renforcer la compétitivité du secteur, améliorer son image et répondre concrètement aux attentes sociétales et environnementales.
Pour inscrire l'économie circulaire dans les pratiques sur un territoire, cet Essentiel souligne qu'une dynamique doit être mise en place pour créer un écosystème d'acteurs. Y a-t-il des exemples d'outils, ressources, dispositifs intéressants mis en place par des territoires ou par des acteurs du BTP ?
L’Essentiel rappelle que l’économie circulaire ne peut se déployer qu’à travers une dynamique collective, mobilisant un écosystème d’acteurs locaux. Plusieurs territoires et acteurs du BTP ont déjà expérimenté des outils et dispositifs intéressants :
- Plateformes de réemploi et de recyclage : par exemple, les plateformes physiques ou numériques permettant l’échange de matériaux entre chantiers, telles que Cycle Up, Mineka ou Granulat+. À Lyon, la plateforme Mineka met en relation entreprises et architectes pour donner une seconde vie aux matériaux de construction, tandis que BTP Match propose un service de mise en relation en temps réel pour les matériaux.
- Cartographies et observatoires : certaines collectivités comme la Métropole de Lyon ou la Région Île-de-France ont développé des cartographies des gisements disponibles (terres excavées, granulats recyclés, déblais), facilitant l’identification des ressources locales et leur valorisation dans les projets.
- Labels et démarches de certification : le label 2EC, porté par le Cerema, accompagne et audite des projets pour garantir le respect d’engagements concrets en économie circulaire. Par exemple, des opérations de réhabilitation de bâtiments publics ou d’aménagement d’infrastructures ont été suivies et auditées pour démontrer la traçabilité et la valorisation des matériaux.
- Réseaux d’acteurs locaux : des clubs et clusters comme µInfra@2050, Team2 dans les Hauts-de-France, Odéys en Nouvelle-Aquitaine ou Novabuild dans les Pays-de-la-Loire favorisent les échanges, le partage de pratiques et la mutualisation des initiatives autour de la circularité dans le BTP.
- Outils contractuels : des maîtres d’ouvrage publics, notamment des métropoles et départements, intègrent des clauses spécifiques dans leurs marchés pour exiger du réemploi, le recours à des granulats recyclés ou la mise en place d’un suivi des flux de déchets. C’est par exemple le cas de la Métropole de Lille, qui impose désormais des objectifs chiffrés de réemploi dans certains projets de construction et de voirie.
Ces initiatives montrent qu’il existe une grande diversité de leviers, allant des outils techniques et numériques aux cadres contractuels et organisationnels, permettant de passer d’une intention politique à une mise en œuvre opérationnelle et mesurable de l’économie circulaire sur les territoires.
Quels travaux mène actuellement le Cerema sur le sujet de l'économie circulaire ?
Le Cerema conduit actuellement plusieurs travaux structurants pour développer l’économie circulaire appliquée au BTP. Il y a les guides méthodologiques : élaboration de méthodes opérationnelles pour la valorisation de matériaux alternatifs (terres excavées, sédiments, granulats recyclés, etc.), destinées à leur utilisation en construction et aménagement. Ces guides constituent aujourd’hui des références pour les maîtres d’ouvrage et les entreprises de travaux.
En matière de projets opérationnels, le Cerema assure l'accompagnement de chantiers exemplaires à travers le label 2EC, qui audite et garantit le respect d’engagements en économie circulaire, et réalise des études territoriales pour mieux prévenir et gérer les flux de déchets du BTP.
Nous développons aussi des outils numériques : développement de solutions comme GEREMI (portail cartographique des ressources granulaires minérales du BTP) et Diag’TP, permettant d’anticiper les flux de matériaux et déchets et d’intégrer une gestion circulaire dès la phase amont des projets de travaux publics.
Et en matière d'appui aux territoires et aux filières, le Cerema accompagne des collectivités dans la définition de stratégies locales, la mise en place de démarches intégrées d’économie circulaire, le développement d’indicateurs de circularité et le soutien à la structuration de filières de réemploi et de recyclage.
Pour 2026-2027, nous avons défini plusieurs priorités, portant sur :
- la généralisation du diagnostic amont pour les chantiers de travaux publics,
- le développement d’outils numériques pour simplifier le suivi, la traçabilité et l’identification des filières de valorisation,
- un accompagnement renforcé des maîtres d’ouvrage publics dans leurs politiques de commande circulaire,
- la valorisation de chantiers exemplaires, afin de démontrer concrètement la faisabilité et la valeur ajoutée de l’économie circulaire dans le BTP.
