Le secteur du bâtiment et des travaux publics ainsi que celui de l’industrie génèrent chaque année environ 200 millions de tonnes de déchets minéraux non dangereux valorisables dans les travaux publics. Afin de permettre l’évaluation des caractéristiques environnementales et sanitaires de ces matériaux, et de prévenir en particulier tout risque de contamination de la ressource en eau, le Cerema a développé avec l’appui de l’Ineris des méthodologies, validées par le ministère chargé de l’environnement.
Création du label Mat'Valo
Afin de s’assurer que les installations de recyclage élaborent des matériaux alternatifs selon des standards au moins équivalents à ceux recommandés par le Cerema, ce dernier et l’Association Nationale pour l’utilisation des Graves de Mâchefer en travaux publics (ANGM) s’associent pour créer et déployer le label Mat’Valo permettant d’attester de la qualité environnementale, sanitaire et géotechnique des matériaux alternatifs. Ce label s’adresse à l’ensemble des installations de recyclage produisant des matériaux alternatifs couverts par des guides du Cerema (mâchefers d’incinération de déchets non dangereux, déchets de déconstruction du BTP, laitiers sidérurgiques, sables de fonderie, cendres de centrale thermique, etc.).
La livraison sur les chantiers de matériaux alternatifs certifiés selon le référentiel Mat’Valo permettra d’assurer auprès des maîtrises d’œuvre ainsi que des entreprises de travaux publics que les process de production sont régulièrement audités par le Cerema. Cela permettra également, pour les exploitants d’installations de recyclage, de faire valoir et communiquer sur leur engagement dans la production de matériaux alternatifs de qualité, sujet qui a particulièrement motivé l’ANGM pour entrer dans la démarche au côté du Cerema.
Garant de la qualité du processus, ce label est confié au Cerema en charge de réaliser les audits et délivrer le cas échéant les certifications. Les interventions sur site, au-delà d’une évaluation documentaire, viendront attester des bonnes conditions d’approvisionnement et de gestion des déchets entrants ainsi que de celles liées à l’élaboration des matériaux alternatifs avec une attention particulière sur les contrôles et la traçabilité jusqu’à la valorisation sur site.
Quatre installations ont été auditées au cours d’une phase d’expérimentation de la démarche et seront prochainement certifiées par le Cerema.
Le processus sera progressivement déployé avec une montée en charge via la mobilisation d’un réseau d’auditeurs au sein des directions territoriales du Cerema.
Préfiguration d’une action nationale en faveur du réemploi des matériaux générés par les travaux d’enfouissement des réseaux
Le réemploi des matériaux générés par les projets de construction et d’aménagement est la démarche à privilégier pour la gestion circulaire des ressources dans la mesure où elle répond concrètement aux exigences de réduction de la consommation des ressources, de réduction des émissions carbone et qu’elle participe également à la réduction des nuisances. Le réemploi n’est toutefois pas une démarche "qui coule de source", et les bonnes conditions pour sa mise en œuvre nécessitent plusieurs impératifs :
- Une anticipation, via notamment des actions de diagnostic en amont des projets afin d’identifier les matériaux qui vont être générés ;
- Une bonne connaissance des exigences techniques portant sur les matériaux afin d’attester de la faisabilité de l’opération ;
- Des conditions de chantier favorables (matériel, localisation, espaces de stockage si besoin)
- Des critères de commande publique permettant cette démarche.
S’il est évident qu’il n’est pas possible de systématiser le réemploi, le Cerema agit en revanche pour que toutes les opportunités puissent être saisies.
C’est dans cette logique qu’Enedis s’est rapproché du Cerema afin d’élaborer une méthodologie opérationnelle testée dans un premier temps sur quelques chantiers dans le sillon Rhodanien et qui à présent à vocation à être essaimée à l’échelle nationale de l’entreprise.
Fort de ce retour d’expérience, le Cerema et Enedis élaborent un programme d’actions à l'échelle nationale, en faveur du réemploi des matériaux générés par les travaux d’enfouissement des réseaux. L'objectif est de réunir l’ensemble des parties prenantes : opérateurs, syndicats professionnels et associations de collectivités, entreprises, bureaux d’études et maîtres d’ouvrages autour d’un programme commun.
Plusieurs orientations de travaux sont déjà identifiées :
- L’actualisation de doctrine technique existante, en particulier le guide SETRA pour le remblayage des tranchées datant de 1994 ;
- La production de méthodes opérationnelles et spécifiques à chaque typologie de réseau enterré (chaleur, eau, électricité, gaz) ;
- La production d’un guide pour l’adaptation des règlements de voirie ;
- La production et le déploiement de formations professionnelles en particulier à destination des gestionnaires de réseaux et des entreprises ;
- La capitalisation dans une approche d’amélioration continue et l’aide au déploiement de la démarche ;
- La valorisation des projets.
A l’occasion de ce salon, le Cerema, Enedis et GRDF ont présenté leurs initiatives et engagé une réflexion sur les suites à donner dans la perspective d’une première rencontre des parties intéressées début 2026.
Les projets numériques du Cerema :
Le passage à l’échelle d’une économie circulaire exige une connaissance fine de spécificités territoriales qu’aucun acteur ne sait à ce jour décrire dans son ensemble. Acteur de référence parmi les opérateurs du ministère, disposant de liens forts avec les maîtres d’ouvrages et les entreprises, le Cerema capitalise et produit de la donnée sur les matériaux granulaires minéraux pour la construction et les aménagements.
Dans ce contexte, le Cerema s’organise pour enrichir un jumeau numérique des territoires avec les données techniques géolocalisées sur les matériaux. Dès 2026, cette base de données, enrichie des caractéristiques des matériaux correspondant aux normes pour les différents usages, aura vocation à être partagée avec les DREAL et enrichie par elles afin de leur faciliter le suivi des schémas régionaux des carrières. L’exploitation par de l’intelligence artificielle de ce jumeau numérique réunissant un ensemble de données descriptives des territoires nous projette vers une capacité inédite de réponse aux projets d’économie circulaire.
Une première application de cette maquette via l’exploitation de notre base de données sur les producteurs d’enrochements a été présentée lors du salon.
De plus, une démonstration a été proposée sur l’outil OPTIMUS (OPTImisation des Mesures par un Unique Système) permettant une capitalisation et la consultation en trois dimensions des données de caractérisation d’une carrière afin d’en faciliter l’exploitation. Développé par le Cerema et l'école Polytechnique d'Angers, OPTIMUS permet de visualiser en 3D une carrière et les caractéristiques intrinsèques des matériaux disponibles (connues par des sondages et différents types d'essais): on connaît la disponibilité des matériaux en fonction des usages envisagés. L'outil est pour l'instant utilisé par le Cerema et les carriers pour la gestion des carrières, et est mis à jour par le Cerema en exploitant les relevés drones des carriers.
L'interface permet à plusieurs utilisateurs d'échanger en direct et de naviguer dans la carrière via l'interface 3D.
Deux autres présentations du Cerema :
Durabilité des sols traités à la chaux et/ ou liants hydrauliques
Retour d'expérience à 10 ans sur les écrans étanches sols-ciment pour conforter les digues en bord de Loire, et à 1 an sur un dispositif d'étanchéité complet en sols traités sur le canal Seine-Nord Europe.
Eco-conception et analyse environnementale
Présentation de l'Analyse du Cycle de Vie, des outils pour l'évaluation environnementale, et l'application aux marchés de travaux routiers. Les guides et publications du cerema à ce sujet, notamment "Guide de recommandations pour l’évaluation des émissions de GES des projets routiers" de 2020, sont mentionnés.