
Cette étude sur « l’évolution de l’accessibilité des sites olympiques et de leur environnement immédiat aux personnes en situation de handicap », portée par la DIJOP (délégation interministérielle aux JOP) et la DGALN (direction générale de l’aménagement, le logement et la nature) s’intéresse à l’ensemble de la chaîne de déplacement. Elle comprend un volet sur les transports, qui fait l’objet d’un premier rapport d’étude du Cerema, et s’attache à prendre en compte les quatre grandes familles de handicap, et plus largement aux personnes à mobilité réduite ou en situation de handicap (parents avec poussette, enfants, personnes portant de lourdes charges, personnes âgées, étrangères, distraites…). Les volets spécifiques sur l’accessibilité de la voirie et des espaces publics, puis sur les bâtiments et des quartiers, seront publiées ultérieurement.
L’étude sur l’évolution de l’accessibilité des transports doit répondre à la question « Est-ce que les JOP ont permis d’accélérer et de rendre plus qualitatifs les travaux d’accessibilité dans les transports ? ».
Ce rapport présente l’état des lieux des obligations, des réalisations et des projections avant la phase de préparation aux Jeux (année 2019 et antérieures) et les réalisations spécifiques (travaux et équipements, organisations, formations…) pour l’accueil des Jeux de Paris 2024.
Enjeux d’accessibilité
Les Jeux Olympiques et Paralympiques ont permis de mettre en œuvre des aménagements en faveur de l’accessibilité universelle des sites des Jeux (épreuves, sites d’entraînement, villages des athlètes et médias), d’hébergement, ainsi que des transports, afin d’agir sur toute la chaîne de déplacements. De nombreux acteurs se sont mobilisés : le COJOP Paris 2024 la Solidéo, les collectivités territoriales, les acteurs du transports (Île-de-France Mobilité, RATP, SNCF et Aéroports de Paris, Taxis).
L’enjeu de l’accessibilité des transports était important, alors que 25 sites accueillaient des épreuves en Ile-de-France, dont 12 à Paris et 13 en petite couronne, avec une fréquentation de 7 millions de spectateurs qui devaient être orientés au maximum vers les transports en commun. L’étude revient sur l’organisation des transports en Ile-de-France : les différents acteurs, leur champ de compétence, leur rôle dans l’organisation des mobilités, les objectifs en termes d’accessibilité.
Des instances de coordination politique et techniques
La tenue des objectifs fixés sur la mobilité et l’accessibilité des transports est due à une volonté politique et technique. La création du Comité stratégique des mobilités (COMOB), présidé par le ministre des Transports et la ministre des Sports et Jeux Olympiques et Paralympiques et réunissant les services de l’État, les collectivités locales et des acteurs du transport en Île-de-France, a permis de coordonner les parties prenantes et les actions en faveur de la mobilité. Un groupe de travail sur l’accessibilité des transports a découlé du COMOB, il était piloté par la DIJOP et avait pour objectif de s’assurer que les 10 mesures prioritaires définies par le Comité interministériel du handicap du 20 septembre 2023 soient remplies.
Une implication des personnes en situation de handicap
Une des bonnes pratiques identifiées lors de la préparation des Jeux est la création d’un Groupe d’experts d’usage, constitué par des personnes handicapées représentant les grandes familles de handicap. Ce GEU a été mobilisé par la Solidéo, la DIJOP, la ville de Paris et le COJOP (Paris 2024) et il a pu parcourir certaines sites d’épreuves (Accor Arena, Adidas Arena…) et différents pôles de transports (Gare de Lyon et Aéroport Charles De Gaulle). L’expertise apportée a été l’occasion de faire évoluer les plans des constructions neuves et des rénovations, de tester les sites (signalétique, sanitaires, places adaptées…) et les cheminements pour y accéder depuis les transports (parcours sur voirie, passage de la sécurité, accueil…).
Des avancées concrètes pour les usagers
Cette étude réalisée par le Cerema, s’appuie sur une analyse documentaire et des entretiens avec les parties prenantes liées aux transports en Île-de-France, et de présenter les changements relatifs à la tenue des JOP, que ce soit en termes d’organisations internes ou de réalisations techniques.
Chaque transporteur ainsi que l’autorité organisatrice de la mobilité (AOM) a dû revoir son organisation interne, que ce soit en termes de comitologie, de plan d’action ou de formation du personnel. Des solutions d’accessibilité qui peuvent prendre la forme d’aménagements physiques, d’actions liées à l’information des voyageurs ou d’assistance voyageurs, ont aussi été mises en place.
Le rapport d’étude présente les actions suivantes menées par les acteurs publics :
État
Le dispositif « 1000 taxis accessibles » de l’État pour augmenter l’accessibilité des taxis (rampe d’accès, hauteur du compartiment voyageur…) avec une formation pour les conducteurs et une campagne de sensibilisation. Une licence est attribuée pour 5 ans, accompagnée d’un aide. Un premier retour d’expérience sera présenté en 2025 au Sénat. Ce dispositif comprenait le contrôle de l’accueil des personnes en situation de handicap dans les taxis et VTC.
Ile-de-France Mobilités
- Définition et financement des plans d’actions d’accessibilité des opérateurs en vue d’accueillir les JOP, avec la formation des salariés en contact avec le public et les volontaires des jeux.
- Mise en place de navettes réservables pour accéder aux sites olympiques et paralympiques pour les usagers en fauteuil roulant (UFR). Le service a été ouvert à toutes les personnes détentrices d’un billet PSH et PFR et leur accompagnant.
RATP
- Généraliser l'accessibilité sonore et visuelle du réseau du métro francilien pour faciliter la mobilité des voyageurs ayant des déficiences sensorielles. Différentes actions pour l’information voyageurs ont été mises en œuvre, dont certaines pourront être déployées à plus large échelle comme l’application Stop bus pour demander l’arrêt sans avoir à se lever, la sonorisation des bus et métros, la signalisation en braille l’accessibilité du site web et des automates… Les agents en gares et stations ont été formés et sensibilisés ;
- Rehausser le niveau d'information sur l'accessibilité du réseau francilien pour permettre aux usagers de mieux préparer leurs trajets en amont ;
- Améliorer la qualité des services d'assistance et la coordination des différents opérateurs réalisant ces prestations d'assistance en Île-de-France et dans les Régions.
- Mise en accessibilité des stations et gares de la RATP, qui est réalisée en grande partie mais reste complexe à mettre en œuvre sur les sites du métro les plus anciens. Les bus sont accessibles à 98% et permettent une alternative.
- Renforcement de la base des données d’accessibilité.
SNCF
La SNCF a mis en place un plan spécial JOP comprenant la formation / sensibilisation des agents volontaires et ceux qui sont en contact avec le public, les prestataires, les agents Transilien.
- Réalisation de diagnostics d’accessibilité dans les gares prioritaires et mise en accessibilité de 9 gares stratégiques pour les jeux. 229 gares d’Ile-de-France ont été rendues accessibles dont 69 prioritaires pour les jeux;
- Création d’une plateforme unique d'information et de réservation des prestations d'assistance en gare à l'intention des voyageurs en situation de handicap ;
- Améliorer la qualité des services d'assistance et la coordination des différents opérateurs réalisant ces prestations d'assistance en Île-de-France et dans les Régions. Le service Assist’enGare a été créé par SNCF & Connexions pour réserver des prestations d’assistance en gare.
- Accroître la disponibilité des équipements en gare, notamment des ascenseurs.
Aéroports de Paris
Un plan d’action pour les JOP a été mis en place :
- Formation des agents en relation avec les personnes en situation de handicap,
- 5 salles de changes dans les aéroports de Paris pour préserver l’intimité des usagers et de leur accompagnant
- L’expérimentation permettant aux voyageurs d’utiliser leur fauteuil roulant personnel jusqu’à la porte de l’avion et la présence d’un prestataire unique pour accompagner les PSH de l’aéroport et jusqu’à la gare ferroviaire
- Aide à la préparation du voyage
- Amélioration des déplacements aux abords et dans l’aéroport (adaptation des ascenseurs, aménagement de rampes d’accès, facilitation des cheminements…)
- Développement de l’assistance et du confort d’attente
Aix-Marseille-Provence-Métropole
Deux sites olympiques se trouvaient à Marseille, et des actions pour la mise en accessibilité des lignes et arrêts de bus ont été menées.
Un héritage durable pour l’inclusion
Le rapport souligne une amélioration significative de l’accessibilité des transports en commun en Île-de-France.
Plus qu’un événement ponctuel, les JOP 2024 ont constitué un accélérateur de transformation, avec une volonté affirmée de pérenniser les dispositifs et de maintenir un haut niveau d’exigence.
Au-delà des infrastructures, l’impact est aussi social : la sensibilisation des usagers et des agents de transport a progressé, posant les bases d’un changement de culture durable autour de l’accessibilité.