20 août 2019
Contrôle automatique de la surcharge des poids lourds
Des systèmes destinés à peser et à verbaliser automatiquement les poids-lourds et les VUL (véhicules utilitaires légers) en surcharges font actuellement l’objet de recherches et d’essais sur une autoroute dans l’est de la France. Les essais au cœur de l’opération de recherche sont menés par le Cerema, en vue d’un déploiement par l’État sur l’ensemble du territoire en 2021.

Parmi les objectifs : réduire l’accidentalité et la dégradation des chaussées liée aux surcharges

L’accidentalité liée aux poids-lourds est importante : les chiffres pour 2016 montrent que 493 personnes sont décédées suite à un accident impliquant un camion (qu’elles ne conduisaient pas), ce qui représente 14% de la mortalité routière en France en 2016. Les accidents impliquant un poids lourd sont généralement graves : ils sont mortels dans 15 % des cas, contre 5% pour les accidents sans présence de poids-lourd. Les problématiques de surcharge entraînent une augmentation du risque d’accident, si bien que le contrôle de surcharge est un enjeu important en termes de sécurité routière.

capture d'écran d'un article dans la presse locale sur l'expérimentationDe plus, une forte circulation de poids-lourds, combinée à des aléas climatiques sévères, conduit à accélérer la dégradation des chaussées. En effet, le trafic poids-lourds est beaucoup plus agressif que le trafic de véhicules légers et il est estimé que la passage d’un essieu de poids-lourds à 13t a un impact sur la chaussée équivalent au passage de 10 000 essieux de véhicules légers à 600kg. Le budget de l’entretien routiers en France est supérieur à 10M€ par an, ce dernier intégrant le coût des dégradations liées aux surcharges de poids-lourds qu’il est difficile d’estimer précisément, d’où tout l’intérêt de chercher à limiter la charge à l’essieu de nos camions.

De 2008 à 2011, 28 systèmes de pesage en marche des poids-lourds a été déployé aux points stratégiques du réseau routier national, afin d’identifier les véhicules de transport routier présumés en surcharge (pour chaque type de poids-lourd, un poids maximal qu’il ne faut pas dépasser est fixé par le code de la route). Cependant, ce système nécessite la présence de policiers ou de gendarmes pour extraire les véhicules soupçonnés d’infraction pour subir des contre-pesées.

Cet équipement est utilisé par les DREAL lors de ses opérations de contrôle, afin de présélectionner les véhicules à contrôler, et fournissent des données détaillées du poids-lourds : le poids total, les poids d’essieux, la catégorie de véhicule, sa position sur la voie, la vitesse, la longueur, etc.).

Lorsqu’un véhicule est détecté comme étant probablement en surcharge de plus de 5% par rapport au seuil autorisé, une photographie du véhicule et le relevé de la plaque d’immatriculation sont réalisés. Le système est composé de capteurs piézoélectriques conditionnées en barreaux et insérés dans la chaussée qui permettent de déterminer une estimation du poids statique à partir de forces d’impacts dynamiques appliquées par les roues des poids lourds lors de leurs passage sur les capteurs. Lors des contrôles, les policiers et les contrôleurs des transports terrestres se connectent à distance au système depuis une aire de contrôle à l’aide d’une tablette tactile pour visualiser en temps réel les véhicules présumés en infraction et les extraire du trafic pour être pesés à l’aide d’un appareil homologué, voire verbalisés si l’infraction est confirmée. Le système présente une réelle efficacité avec un taux de près de 95% de surcharges confirmées.

Ces systèmes ont été déployé et évalués depuis 2008 avec l’expertise du Cerema. Près de trente EPM (équipement de pesage en marche), reliés à un serveur central, sont installés sur le réseau routier national (concédé et non-concédé). Ils contrôlent le poids de plus de 20 millions de camions chaque année.

 

Deux dispositifs évalués sur l’A4 dans le cadre d’un programme de recherche jusqu’en 2020

Afin de pouvoir rendre ce contrôle de surcharge automatique, deux systèmes font actuellement l’objet de recherches portées par l’État dans l’est de la France. Ils fournissent notamment des estimations de poids statiques de poids-lourd par essieux, ceci permettant de calculer les impacts dynamiques, donc la sollicitation réelle de l’infrastructure.

Après une première phase positive d’étude de faisabilité, une seconde phase d’expérimentation menée par le Cerema et l’IFSTTAR a commencé en laboratoire et se poursuit sur l’A4. L’objectif de cette seconde étape est préparer l’homologation et de le déploiement de futurs dispositifs tout en poursuivant leur évaluation jusqu’en 2020. Deux systèmes de contrôle automatique développés par deux entreprises européennes (Sterela - France et Kapsch TC - Autriche) et une instrumentation IFSTTAR/Cerema font l’objet d’essais périodiques sur le site de Saint-Avold sur l’autoroute A4 en Moselle. Là encore, si un véhicule présente une présomption de surcharge, il est photographié et sa plaque d’immatriculation relevée, et les données sont traitées automatiquement.

Système de pesage en marche
Système de pesage en marche conçu par Sterela - Crédit : Sterela

L’objectif est de parvenir à une mesure très précise, avec une marge d’erreur dans les tolérances des prescriptions de la métrologie légale (inférieure à ±5% pour le poids total par exemple), en améliorant les dispositifs pour y parvenir. Pour suivre l’évolution des précisions, des comparaisons sont donc effectuées périodiquement entre le poids calculé par l’EPM et celui mesuré par un pèse-essieux statique classique.

Alors que 81% du fret en France passe par la route, ce dispositif peut jouer un rôle déterminant en matière de sécurité routière et de dégradation aux chaussées en permettant de sanctionner les véhicules en surcharge, en limitant les dégradations du réseau routier et également en contribuant à limiter la concurrence déloyale entre les transporteurs routiers.

 

Article de presse sur l'expérimentation