Le Cerema publie une note d’enjeux environnementaux sur le développement des navettes maritimes
Dans le cadre de la convention signée avec la Direction Interrégionale de la Mer Méditerranée (DIRM), une équipe pluridisciplinaire du Cerema conduit une étude d’opportunité sur le développement de navettes maritimes en Méditerranée (PACA, Occitanie, Corse), inscrite au Plan d’actions du Document Stratégique de Façade (DSF) Méditerranée :
Action PTM-MED-05 "Accompagner le développement des navettes maritimes, connectées avec le réseau de transport en commun, pour favoriser l’accès aux plages et pôles urbains, et répondre au flux touristique en saison" .
L’objectif est d’évaluer la pertinence de développer des liaisons de navettes maritimes estivales ou permanentes pour améliorer la mobilité du quotidien et répondre aux flux touristiques. Structurée en trois volets – benchmark des innovations, état des lieux des services existants et identification de liaisons pertinentes – la mission permettra d’alimenter la stratégie de façade en cours de révision par la DIRM.
Une note d'enjeux axée sur trois thématiques
La note d’enjeux, première étape du volet relatif à l’identification de liaisons pertinentes, se fonde sur un travail de recherche bibliographique et de synthèse. Son objectif est double : partager les principaux enjeux en matière de climat et de biodiversité, avec les acteurs publics impliqués, et éclairer sur la pertinence de développer des liaisons maritimes, en complémentarité avec les réseaux et infrastructures de transport existants.
La note identifie trois grandes thématiques stratégiques :
- l’atténuation du changement climatique ;
- l’adaptation au changement climatique
- la préservation de la biodiversité.
Les stratégies et documents de référence sont présentés et les enjeux sont déclinés pour le transport maritime et le littoral méditerranéen.
Atténuation du changement climatique
L’atténuation du changement climatique repose sur l’objectif de neutralité carbone à horizon 2050 défini par la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC). Elle se décline en plan d’actions dans la Planification Écologique.
Les leviers d’action s’appuient sur deux axes complémentaires :
- La sobriété : maîtrise de la demande de transport, report modal, optimisation des taux de remplissage des véhicules ;
- Le progrès technologique : amélioration de l’efficacité énergétique et recours à des sources d’énergie bas-carbone.
Pour le secteur maritime et fluvial, la SNBC2 prévoit une décarbonation complète des émissions domestiques d’ici 2050. Plusieurs documents stratégiques déclinent cet objectif, notamment la Stratégie Nationale pour la Mer et le Littoral (SNML), la Stratégie Portuaire, la Feuille de route de décarbonation de la filière maritime et les Documents Stratégiques de Façade (DSF). Les principaux leviers identifiés concernent :
- les gains d’efficacité énergétique ;
- le développement de carburants alternatifs et d’offres d’avitaillement adaptées dans les ports ;
- l’adaptation et la combinaison des solutions aux différents profils de flotte.
Le secteur du transport maritime fait face à des défis importants liés à l’hétérogénéité des navires, du niveau encore inégal de maturité technologique et des besoins énergétiques importants.
Adaptation au changement climatique
L’adaptation au changement climatique s’appuie sur la Trajectoire de Réchauffement de Référence pour l’Adaptation au Changement Climatique (TRACC), basée sur un réchauffement global de +3°C à l’horizon 2100 (soit +4°C en France), ainsi que sur le Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC 3). Ce plan vise à renforcer la résilience des territoires et des infrastructures, à protéger la population et le patrimoine naturel et à adapter les activités humaines. face aux effets du changement climatique.
Sur la façade méditerranéenne, deux aléas majeurs, la submersion marine et le recul du trait de côte, couplés à la hausse accélérée du niveau de la mer, menacent les infrastructures littorales et portuaires : augmentation de la fréquence des inondations, dégradation et fragilisation des structures soumises à la salinité et à l’érosion, coûts d’entretien accrus et interruptions d’exploitation ponctuelles.
Préservation de la biodiversité
La préservation de la biodiversité s’inscrit dans les orientations de la Stratégie Nationale pour la Mer et le Littoral (SNML). Elle vise à concilier activité maritime, transition écologique et protection durable du patrimoine naturel. Elle se décline à différents niveaux de planification :
- à l’échelle des façades maritimes, à travers les Documents Stratégiques de Façade ;
- à l’échelle locale, via les Chartes des Aires Marines Protégées.
Les principaux enjeux identifiés concernent :
- la limitation de l’artificialisation des espaces littoraux ;
- la gestion de la fréquentation et la réduction de la sur-fréquentation des sites naturels ;
- la réduction du dérangement des espèces lié à l’activité maritime ;
- la limitation des pollutions engendrées par l’exploitation des navettes maritimes.
Les navettes maritimes, une solution de mobilité compatible avec les enjeux stratégiques ?
La note décrit les caractéristiques d’un service de navettes maritimes et souligne leur potentiel en tant que solution de transport collectif complémentaire aux réseaux terrestres.
Les navettes maritimes constituent un service de transport collectif de passagers par voie d’eau, qui assure la liaison entre deux points plus ou moins rapprochés, avec ou sans arrêt intermédiaire, selon un horaire publié et une régularité ou fréquence identifiable. Encadrées par le Code des Transports et l’arrêté du 23 novembre 1987, elles se caractérisent par un service fiable et régulier (hors périodes d’aléas climatiques), un attrait touristique et de loisirs et une grande diversité de navires. Leur usage dépend de la zone desservie, du niveau de service offert, de leur intégration au réseau de transport et du temps de traversée, conditionné par les temps d’accostage et d’arrêt en station.
Trois opportunités principales sont mises en avant :
- Offrir une alternative à la voiture, complémentaire aux transports en commun terrestres : Réduire le trafic routier et ses impacts en termes d’émissions de GES, offrir un niveau de service performant par rapport au service routier, développer les transports en commun en complémentarité ou renforcement de l'offre TC existante ;
- Adapter les infrastructures de transport littorales au changement climatique : Proposer une solution de mobilité efficiente face à la vulnérabilité des infrastructures de transport sur le littoral, aux phénomènes marins ;
- Préserver la biodiversité : Limiter l'artificialisation des sols (infrastructures portuaires), et réguler la fréquentation des sites / encadrer l'accès à des sites naturels ou des territoires insulaires.
Enfin, la note détaille les leviers de décarbonation mobilisables par les navettes maritimes : sobriété (report modal), innovations technologiques (navires plus performants, carburants alternatifs) et infrastructures d’avitaillement en énergies décarbonées.