18 mai 2022
Vue d'un tronçon de la route, 1x 1 voie
Dans le cadre de la concertation sur le projet de réaménagement de la route départementale reliant Nantes à Pornic, le conseil départemental de Loire Atlantique a fait appel au Cerema pour réaliser les prévisions de trafic et le bilan en termes d’émissions de gaz à effet de serre.

L’impact environnemental des projets d’aménagement qui intègre les émissions de gaz à effet de serre doit être évalué dès la phase amont des projets. Le Cerema a développé un outil de calcul des émissions de Gaz à effet de serre (GES) qui permet de déterminer l’impact de différents scénarios d’aménagement. Cet impact est calculé pour toute la durée de vie de l’ouvrage, depuis la phase chantier jusqu’à l’exploitation.

 

Une modélisation des émissions depuis la phase chantier jusqu’à la livraison 

Carte des tronçons concernés par la réflexion

La route Nantes - Pornic (RD 751) est longue de 40 km, dont 14,5 km à 2x2 voies et 25,5 km à 2 voies et est très fréquentée. Le Conseil départemental a souhaité évaluer plusieurs variantes d’aménagement de cette route dont une mise en 2 x 2 voies complète à 110 km/h, et connaître dans quelle mesure elles sont compatibles avec les objectifs de neutralité carbone en 2050 fixés par la Stratégie nationale Bas Carbone. La différence entre les émissions avec ou sans l’aménagement est aussi calculée de manière à apprécier l’impact des variantes d’aménagement.

Les hypothèses d’aménagement sur cette route divisée en 4 sections portaient sur le contournement de lotissements, le maintien à deux voies de certaines portions ou leur mise à 2 x 2 voies totale, la création de certains raccordements et des variantes de tracés allant d’un aménagement sur place à des tracés très éloignés de l’axe actuel.

Cette évaluation des émissions de gaz à effet de serre a été menée à partir des informations réunies sur la réalisation du chantier et des aménagements (construction et entretien pour les différentes variantes), ainsi que d’une modélisation du trafic à l’échelle du département.  

L’évaluation a été réalisée pour la situation actuelle, puis à l’horizon 2027 (issue de la phase 1 du projet) et 2047 (livraison des derniers aménagements). 

Deux scénarios d’évolution de la circulation et des technologies ont été testés avec les mêmes hypothèses de développement au niveau du territoire en s’appuyant sur les préconisations du référentiel d’évaluation socio-économique des projets d’infrastructures :

  • Un scénario "AMS" : Avec des mesures supplémentaires visant à maîtriser la circulation et développer des technologies sobres en émissions carbone permettant d’atteindre la neutralité en 2050.
  • Un scénario "AME" : Avec les mesures existantes en 2017, ce qui implique une évolution tendancielle de la circulation et des évolutions technologiques, moins rapide que dans le scénario précédent.

 

Quel impact des aménagements envisagés sur les émissions de GES ?

Vue de la route Nantes Pornic
Route Nantes- Pornic © Paul Pascal/ Département de Loire-Atlantique

Après le bilan carbone des phases de construction et d’entretien en fonction des différentes hypothèses d’aménagement, celui de la circulation est mené en deux étapes :

  • d’abord en calculant les émissions de gaz à effet de serre par rapport à la situation de référence (la situation future si aucun aménagement n'est réalisé), aux horizons 2027, 2047 et même 2070 pour intégrer les effets de long terme des aménagements ;
  • Ensuite, en procédant à l’analyse des variantes au regard des objectifs de neutralité de la stratégie nationale bas carbone et du budget carbone, qui impose une baisse des émissions de 28% en 2030 et 97% en 2050 par rapport à 2015.

L’étape suivante a consisté à comparer les différentes variantes en termes d’évolution des émissions de GES et de demande en énergie. Cette analyse a notamment montré que les mises en 2 x 2 voies, qui impliquent un rallongement des trajets, augmentent l’impact des émissions liées à la fabrication des véhicules en induisant une usure supplémentaire. Elles ont aussi un impact sur la consommation d’électricité, et en cas de retard sur l’électrification du parc, sur les émissions de GES liées aux carburants, ces émissions étant plus importantes à 110 qu’à 90 ou 80 km/h et les trajets étant rallongés par ces aménagements.

Enfin, une évaluation du respect du budget carbone à l’horizon 2050 a montré l’importance du phasage des aménagements et l’impact du rallongement des parcours sur les émissions. Par ailleurs, l’évolution du parc roulant et la décarbonation des carburants sont des paramètres prédominants pour le respect du budget carbone. Quel que soit le scénario d’aménagement retenu, le budget carbone ne peut être respecté que si la décarbonation du parc de véhicule est très rapide et s’accompagne d’une maîtrise de la demande.

 

Pour approfondir :