18 avril 2019
Boris Leclerc, Cerema au Colloque Refmar 2019
Le Cerema et l'Infrastructure de Recherche Littoral et Côtière ILICO ont organisé une journée consacrée au niveau marin et au trait de côte, le 27 mars 2019 dans l’auditorium du Ministère de la Transition écologique et solidaire. Cette journée s’inscrivait dans le cadre plus large des journées REFMAR sur l’observation du niveau de la mer organisées par le Shom du 27 au 29 mars 2019.

Un public de plus de 150 personnes

Sébastien Dupray, Cerema au colloque Refmar du 27 mars 2019Élus, techniciens, professionnels publics et privés de l’aménagement du littoral, représentants d’associations d’usagers, chercheurs, venus de France et de nombreux pays francophones (un quart du public) ... étaient présents pour échanger et questionner pendant une journée les relations entre les variations du niveau marin et la mobilité du trait de côte, à différentes échelles de temps et d'espace.

Dans quelles mesures les phénomènes météo-marins extrêmes impactent-ils l'évolution du littoral ? Quelle est la signature sur nos côtes des effets des changements globaux ? Quelle peut être l'implication sociétale (historique, citoyenne, politique) face aux conséquences attendues de l'élévation du niveau de la mer et aux risques côtiers d'érosion et de submersion marine associés ?

Les introductions réalisées successivement par Katy Narcy, Direction générale de la prévention des risques (DGPR), Bruno Frachon,  Service hydrographique et océanographique de la Marine (Shom), Sébastien Dupray (Cerema) et Christophe Delacourt, Centre national de la recherche scientifique (CNRS) ont rappelé les forts enjeux sur cette thématique de l’évolution du littoral dans un contexte de changement climatique. A ce titre le prochain rapport du GIEC sur les océans et la cryosphère est particulièrement attendu à l’automne prochain.

 

Evènements météo-marins extrêmes

Participants dans salle de conférence du colloque Refmar 2019

Durant les trois sessions animées par Lucie Cocquempot, Infrastructure de recherche littorale et côtière (IR-ILICO), Boris Leclerc (Cerema) et Amélie Roche (Cerema) ont été détaillées les interactions entre le niveau marin, son évolution et les conséquences sur les littoraux de diverses côtes en France et dans le monde.

La première session consacrée aux événements météo-marins extrêmes à permis de présenter des retours d’expériences des derniers événements majeurs. Parmi ceux-ci, l’ouragan Irma qui a touché en 2017 les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélémy aux Antilles, a fait l’objet de différentes missions sur place par le Cerema Méditerranée et Normandie-Centre. Frédéric Pons du Cerema Méditerranée a présenté les relevés réalisés peu après le passage de l’ouragan sur ce secteur de la Caraïbe. Ce travail a mis en évidence les secteurs les plus touchés par les venues d’eau et le recul du trait de côte. Il a permis de formuler des préconisations en termes de développement de la connaissance (nouveaux levés Lidar), de prévention des risques (alimentation du futur plan de prévention des risques littoraux) et de techniques constructives (fondation plus profondes des bâtiments de front de mer).

Implication sociétale

Intervenant au colloque Refmar le 27 mars 2019

A l’issue de cette session a été retenue la nécessité d’un meilleur partage de l’information afin de capitaliser davantage la connaissance des événements historiques. A cet effet, les travaux du groupe de travail tempêtes initié par l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) à l’issue des précédentes journées REFMAR est de nature à contribuer très largement à cet objectif de capitalisation.

Suite à cette première session, ont été évoquées les modalités d’implication de la société civile dans les mécanismes de prise de décision et de contribution à la connaissance des phénomènes littoraux. Cette session animée par Lucie Cocquempot de l’IR ILICO a donné la parole à de nombreux acteurs, pour la plupart issus du milieu universitaire, afin de croiser les approches employées pour favoriser le développement de politiques de gestion intégrant l’évolution du littoral.

Parmi ces approches, une démarche développée sur le territoire de l’île d’Oléron vise à sensibiliser les élus à la prévention des risques littoraux. LittoSIM est un dispositif de simulation participative consacré aux stratégies de prévention du risque de submersion marine. Il est actuellement déployé auprès d’élus et d’agents communaux dans la cadre du Programme d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI) de l’île d’Oléron. Le dispositif intègre un modèle numérique de submersion marine, une modélisation des stratégies de prévention (et les programmes d’actions correspondant) et un jeu de rôles permettant aux participants de mettre en oeuvre la compétence risque à l’échelle communale et intercommunale.

LittoSIM propose une réflexion sur les effets des types d’aménagement du territoire et de la côte (défense dure, défense douce, retrait stratégique) sur la vulnérabilité des habitations, l’attractivité du territoire et les finances des communes. Dans le cadre du projet LittoSIM Gen, le Cerema est impliqué afin de contribuer à la transposition de cette démarche sur d’autres territoires.

Changements globaux

Boris Leclerc, Cerema intervient au colloque Refmar 2019

Cette approche illustre la possibilité de rendre concrets les phénomènes et les outils de prévention applicables au littoral. Cette session a démontré la possibilité d’impliquer le plus grand nombre dans la co-construction de démarches et de stratégies d’aménagements. Elle a également illustré la possibilité de développer des outils d’observation et de suivi des tendances d’évolution du littoral.

De ces tendances, il en a été question lors de la troisième session animée par Boris Leclerc du Cerema. Il s’agissait d’aborder la question des changements globaux. Ces changements ont été abordés sous l’angle du temps long et/ou de leurs impacts comparés en différents points du globe.

Une présentation a été consacrée au projet WACA (West Africa Coastal Areas) qui vise à améliorer la résilience des littoraux d’Afrique de l’Ouest. La côte ouest-africaine de la Mauritanie au Gabon comprend 17 pays. La zone côtière abrite près d'un tiers de la population de ces pays et la moitié du PIB de ces pays provient de l'agriculture, des pêcheries, des industries et des services produits sur leur côte. Presque toutes les capitales sont situées sur la côte, et la croissance rapide de la population et de l'économie le long de la côte présente à la fois une opportunité et un défi pour la durabilité des écosystèmes côtiers et des environnements anthropiques.

Les événements liés au changement climatique, tels que l'élévation et le réchauffement du niveau de la mer, l'affaissement des terres, et l'augmentation des inondations côtières contribuent à la vulnérabilité de la région. Les côtes s'érodent jusqu'à plus de 10 mètres par an dans certaines régions, et jusqu'à 30% des mangroves ont été perdues à la dégradation et à la destruction au cours des dernières décennies.

Dans ce cadre, le Cerema pilote la mise à disposition de données historiques fournies par le Shom et l’IGN avec le concours du BRGM dans le but d’améliorer, sur le temps long, la connaissance de l’évolution des littoraux de ces pays.

Conclusion

Cette session a illustré la pertinence de fournir des tendances d’évolution de long termes associées à une analyse comparée des effets du changement climatique sur les littoraux de différentes régions. De telles analyses permettent à la fois de mieux anticiper pour un développement plus raisonné des zones côtières mais aussi de donner du corps aux politiques publiques et aux actions entreprises plus localement.

La conclusion a été réalisée par Gilles Lurton, député de la 7e circonscription d’Ille-et-Vilaine. Il a illustré, par sa vision d’élu, la complexité à appréhender les mécanismes d’aménagement du littoral et à les porter auprès de la population.

L’ensemble des idées-phares de la journée ont été reprises par un facilitateur graphique sous forme d’une fresque :
Fresque idées-phares de la journée Refmar du 27 mars 2019 réalisée par un facilitateur graphique

Le programme de la journée du 27 mars 2019