3 juillet 2023
Panneau d'une aire de covoiturage en Aveyron
Wikimedia Commons
Le 22 juin 2023, le Cerema a organisé un webinaire, dans le cadre des Rendez-vous Mobilités, sur le thème du covoiturage. Cet événement a été l’occasion de réaliser un premier bilan du plan national covoiturage 2023-2027, de présenter ce que peut être une politique publique de covoiturage mais également de profiter du retour d’expérience de porteurs de projets. Retrouvez sur cette page la synthèse et le replay de l’événement !

Le Plan national du covoiturage au quotidien, annoncé en décembre 2022, fixe l’objectif ambitieux de tripler le nombre de trajets quotidiens réalisés en covoiturage d’ici 2027. En effet, le covoiturage du quotidien constitue une alternative à l’autosolisme, en particulier dans les territoires où il n’existe pas ou peu de services de mobilité. Démultiplier sa pratique est un enjeu stratégique face aux défis qui s’imposent à nous aujourd’hui : atteindre une plus grande sobriété énergétique dans nos déplacements, réduire les émissions de GES, améliorer la qualité de l’air dans les métropoles et garantir le droit à la mobilité pour tous.

Pour avancer concrètement dans cette voie, il faut agir conjointement sur la mise en place de services (lignes de covoiturage, de plateformes de mise en relation, organisation de l’auto-stop), la réalisation d’infrastructures (aires de covoiturage, voies réservées sur autoroute) et l'animation pour faire connaître et promouvoir les dispositifs existants, y compris auprès des employeurs. En outre, pour éviter le foisonnement des offres locales parfois illisibles pour les usagers et sans cohérence entre elles, il est indispensable d’organiser l’écosystème des acteurs du covoiturage autour d’une stratégie qui puisse traiter de l’ensemble des leviers.

Introduction

Quelle dynamique suite au lancement du plan national covoiturage ?

Héloïse Georgeault, cheffe de projet covoiturage et mobilité périurbaine à la Direction Générale des Infrastructures des Transports et des Mobilités (DGITM), a d’abord rappelé les principales mesures prévues dans le cadre du plan national covoiturage 2023-2027. Le bilan à 5 mois du plan est très encourageant : 120 000 primes de 100 € demandées en mai 2023 et 4,3 millions de trajets de covoiturage intermédié réalisés entre janvier et mai 2023, soit 2,5 fois plus qu’en 2022 sur la même période.

L’évolution du covoiturage informel, c’est-à-dire sans mise en relation via une plateforme, sera également mesuré dans les mois à venir grâce à un sondage. Enfin, s’agissant du fonds vert, les collectivités ont déjà déposé 200 demandes de subvention pour un montant total de 30M€. Une quarantaine de dossiers ont déjà été acceptés pour financer des lignes de covoiturage, des campagnes d’incitation financière, des aires de covoiturage et des campagnes de communication. Le budget n’étant pas encore totalement consommé les collectivités sont toujours invités à déposer leurs dossiers de demande de subvention.

 

Développer la pratique du covoiturage à l'échelle régionale

Jean-Baptiste Ray, directeur de la stratégie chez Ecov, a ensuite décrit ce que pourrait être une politique publique de covoiturage pour optimiser le développement de la pratique. Le développement du covoiturage nécessite effet la mise en œuvre d’une multiplicité de leviers qui relèvent de différents acteurs : la région, les départements, les AOM, les éventuels syndicats mixtes de transport et les communes. La coordination entre ces acteurs est donc indispensable pour développer un système covoiturage. Les régions, en tant que cheffe de file de la mobilité ont un rôle déterminant dans cette coordination entre acteurs. Jean-Baptiste Ray propose ainsi d’articuler les politiques publiques de covoiturage autour de 3 piliers  :

  • la définition d’une stratégie mobilisant des outils dévaluation et de suivi ;
  • la mise en œuvre opérationnelle réalisée par un pilote et s’appuyant sur des opérateurs de covoiturage planifié, des opérateurs de lignes de covoiturage et un système d’information clair à destination des usagers ;
  • et la réalisation d’infrastructures favorisant la mise en relation et le partage des trajets.

 

Quelles actions mettre en œuvre ? A quelles échelles territoriales ?

Le dispositif régional d'incitations financières Aelop des Pays-de-la-Loire

Sébastien Bourcier, chef de projet Mobilités à la région Pays-de-la-Loire a présenté les grandes lignes du dispositif d’incitations financières au covoiturage du quotidien Aleop covoiturage mis en place par la région depuis janvier 2021. En utilisant les plateformes de covoiturage des 4 opérateurs partenaires de la région, les conducteurs bénéficient d’une subvention et les passagers voyagent à coût réduit. Initialement, les conducteurs percevaient de 2€ à 5€ par trajet passager réalisé dans la limite de 6 trajets maximum par jour et par conducteur. Le dispositif a ensuite évolué suite à l’étude menée par le Cerema et présentée par Damien Courbe, chef du groupe mobilités à la direction territoriale Ouest du Cerema. Le bilan global du dispositif est très satisfaisant dans la mesure ou les objectifs de la région ont été atteints :

  • une réduction de l’empreinte carbone à travers le lancement d’une forte dynamique autour du covoiturage (multiplication par 6 des trajets intermédiés entre 2021 et 2022) ;
  • une dynamique présente y compris en zones peu dense ;
  • et une cible prioritaire atteinte avec 90% des trajets réalisés pour des déplacements domicile/travail et domicile/étude.

 

Près de 2 usagers sur 3 sont des nouveaux covoitureurs ou ont fait évoluer leur pratique et covoiturent de façon plus régulière pour se rendre sur leur lieu de travail

 

Enfin, la région a réalisé une enquête qui a été relayée auprès des usagers par les opérateurs de covoiturage partenaires. On apprend ainsi que près de 2 usagers sur 3 sont des nouveaux covoitureurs ou ont fait évoluer leur pratique et covoiturent de façon plus régulière pour se rendre sur leur lieu de travail. Parmi ces usagers, 88 % étaient des autosolistes. Ce résultat est particulièrement encourageant et démontre ainsi que ce dispositif ne vient pas concurrencer les transports collectifs ou les modes actifs.

 

La stratégie de covoiturage de Tisseo Collectivités, AOM de l’agglomération Toulousaine

Sylvain Mitchell, conseiller mobilité employeurs chez Tisséo Collectivités, a d’abord présenté le schéma directeur covoiturage toulousain. Tisseo Collectivités a en effet réalisé une feuille de route spécifique au covoiturage sur son ressort territorial avec l’aide de l’agence d’urbanisme de l’agglomération toulousaine (AUAT). L’objectif est de se coordonner avec les autres partenaires compétents en matière de covoiturage (collectivités, opérateurs de covoiturage, gestionnaires routiers), de prévoir les outils, les ressources et les investissements nécessaires.

 

L’élaboration de cette stratégie covoiturage a conduit à identifier 9 thématiques qui ont chacune été déclinées en fiches actions.

 

Tisseo Collectivités a également expérimenté le déploiement de plateformes de mise en relation dans le cadre du projet COMMUTE réalisé en partenariat avec des employeurs du territoire. Ces expérimentations conduisent Tisseo Collectivités à développer le covoiturage planifié à grande échelle, sur l’intégralité de son ressort territorial en 2023.

 

La coopération transfrontalière pour promouvoir le covoiturage au sein des entreprises dans l’arc Jurassien

Enfin, Inès Maire-Amiot, chargée de mission transition énergétique au Parc naturel régional du Doubs Horloger, a présenté le dispositif mis en œuvre dans l’Arc Jurassien pour développer le covoiturage. Afin de faire face à une forte croissance du trafic automobile et des nuisances associés, les pouvoirs publics français et suisses ont coopéré dès 2011 pour promouvoir massivement le covoiturage comme alternative à l’autosolisme.

L’essentiel des efforts a été consacré sur l’animation du dispositif dans les entreprises et sur la communication (site internet, réseaux sociaux, plaquettes de communication, kit de communication pour les entreprises, challenge annuel, vidéos, wébinaires, etc.).

 

Le coût d’acquisition d’un nouveau covoitureur est de 350 €

 

Une première évaluation du dispositif a été mené en 2018 et a permis de montrer d’une part que 25% des collaborateurs concernés par le dispositif covoiturent et d’autre part que le coût d’acquisition d’un nouveau covoitureur est de 350 € et que le coût annuel pour pérenniser la pratique du covoiturage est de 20€ par covoitureur.

 

Une nouvelle COMMUNAUTé COLLABORATIVE et d'autres dispositifs d'appui

BANDEAU

logo expertisePour conclure, Gérôme Charrier, chef de groupe politique et services de mobilité à la direction Territoires et Villes du Cerema a annoncé l’ouverture d’une communauté collaborative sur le covoiturage sur la plateforme Expertises Territoires. Cette communauté est ouverte à tous et vous permet d’échanger directement entre acteurs, de partager des retours d’expérience, de poser vos questions, de partager des ressources documentaires et de diffuser des événements sur votre territoire. Les thématiques abordées au sein de cette communauté sont :

  • les services (plateforme de mise en relation, lignes de covoiturage, autostop-organisé) ;
  • les aménagements (voies réservées, aires de covoiturage, stationnement réservé) ;
  • l'animation et le conseil en mobilité pour faire connaitre les services de covoiturage ;
  • les stratégies territoriales de covoiturage ;
  • le potentiel de covoiturage d'un territoire ;
  • l'évaluation d'un service de covoiturage.

Pour vous inscrire, suivez les étapes décrites ici.

Pour la suite, le Cerema publiera à l’automne un « Essentiel » sur la thématique du covoiturage. Il s’agit d’un document de 12 pages synthétique et pédagogique pour sensibiliser élus et techniciens à la thématique du covoiturage.

Enfin, le Cerema lancera également un appel à partenaires sur l’émergence de stratégie de covoiturage afin d’appuyer localement les territoires, partager les bonnes pratiques et capitaliser ces retours d’expérience au niveau national.

 

Dans le dossier Les Rendez-vous Mobilités du Cerema

A lire aussi