Cet article fait partie du dossier : Dynamiques et évolutions du littoral : la synthèse des connaissances sur l'évolution du littoral
Voir les 14 actualités liées à ce dossierCette collection qui vise à synthétiser les connaissances disponibles et à dégager une vision prospective du littoral de France métropolitaine et d'outre-mer est pilotée par le Cerema et réalisée avec de nombreux autres spécialistes, tels que le BRGM, le Shom, l'IFREMER, Météo France, les services du ministère en charge de l'environnement, afin de compléter les données et les analyses.
Ce 11e fascicule accompagné de son atlas cartographique et largement illustré de photos, de schémas et de cartes présente les connaissances disponibles pour l'île de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Ce document est construit autour de 5 chapitres :
- Le contexte physiographique : principales caractéristiques morphologiques du territoire fondées sur la géologie, la géomorphologie terrestre et marine et les habitats naturels participant à l’évolution du littoral.
- Les facteurs hydrodynamiques : principaux facteurs exogènes participant à la dynamique du littoral tels que les paramètres climatiques atmosphériques et océaniques, les niveaux marins, les vagues ou états de mer et l’hydrologie des principaux cours d’eau.
- Les données sédimentologiques : nature et répartition des sédiments sur les côtes et les fonds marins, ainsi que leurs mouvements dans le profil de plage ou le long du littoral.
- Impact des activités anthropiques : principaux aménagements réalisés sur les côtes et leur impact sur l’évolution du littoral, ainsi que les mesures prises pour limiter ces impacts.
- Evolution du littoral et des fonds : bilan des tendances passées d’évolution du littoral et des fonds, ainsi que les mouvements sédimentaires ponctuels liés au passage d’événements tempétueux morphogènes.
Un littoral particulièrement mobile
Ce document présente :
- les caractéristiques de ces côtes,
- leurs évolutions passées et actuellement constatées
- présente une prospective des évolution à venir sur la base des connaissances les plus récentes.
Situé dans l'Atlantique nord-ouest face au Canada, à 4750 km de Paris et 25 km de Terre-Neuve, l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon est composé d'une dizaine d'îles représentant un linéaire de 260 km de côtes peu artificialisées.
Ses trois îles principales qui comptent un peu plus de 6.200 habitants sont Miquelon et Langlade qui sont rattachées par un isthme, et Saint-Pierre qui est plus petite mais où se trouvent la plupart des activités économiques et 86% de la population. L'archipel abrite une forêt boréale, soumise à de nombreuses pressions, et le point culminant est à 240 m d'altitude. L'archipel comporte aussi de vastes tourbières, connectées par de nombreux cours d'eau, et de nombreux cordons littoraux construits par les étapes progressives de sédimentation, appelés beach ridges, comme l'isthme entre Miquelon et Langlade.
L'alternance de périodes glaciaires et interglaciaires ainsi que les mouvements sismiques ont façonné le paysage de l'archipel de différentes manières suivant les zones.
L'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon comprend quatre unités morphosédimentaires, encore mal connus sur le plan des mouvements de sédiments, ses côtes sont composées de falaises et de zones basses.
- Au niveau des côtes à falaises, on distingue les formations meubles morainiques [1], où le trait de côte possède une dynamique annuelle, et les formations rocheuses indurées, où le trait de côte évolue uniquement à une échelle géologique.
- Les cordons dunaires et lagunaires sont parcourus par un transit littoral à la source de dynamiques et d’instabilités caractéristiques des côtes basses meubles. Exposée à une agitation océanique très énergique, et régulièrement traversée par de multiples tempêtes et violents coups de vent, ces espaces évoluent sensiblement d’une année à l’autre, et leur tracé est d’une extrême mobilité.
Plusieurs espèces d'oiseaux, dont des espèces protégées comme le pluvier siffleur se reproduisent ou passent sur l'archipel, qui abrite aussi des phoques et des tortues. Cependant, le changement climatique qui entraîne le réchauffement des eaux, l'augmentation de l'acidité, la baisse des taux d'oxygène, a un impact sur les habitats naturels: migration d'espèces vers le nord, modification des périodes de reproduction, modification des rapports entre les espèces.
Quels mécanismes d'évolution du littoral?
Le changement climatique aura différents impacts sur l'archipel, qui sont détaillés sur différents plans dans l'ouvrage. Outre les impacts sur la faune et la flore, certains sites seront progressivement submergés, des zones humides se développeront. Les végétaux qui se trouvent sur la côte jouent un rôle crucial dans la réduction des impacts de l'érosion côtière et de la submersion marine.
La route de Langlade a déjà été déplacée plusieurs fois en raison de phénomènes de submersion, et l'isthme entre Miquelon et Langlade pourrait disparaître sur l'hypothèse d'une montée de 0,7 m du niveau de l'eau en 2011 (BRGM). Les communes de l'archipel utilisent déjà différentes techniques pour limiter l'érosion: enrochements et digues, brises-lames, entretien des cordons dunaires, végétalisation, limitation de la circulation...
Au niveau du littoral, le changement climatique entraîne aussi l'effondrement de falaises, l'envasement des baies, la reconfiguration des plages. Quant aux côtes basses, elles sont soumises aux actions de trois principaux agents dynamiques : la houle, la marée et le vent, et présentent une certaine mobilité.
Plusieurs facteurs développés dans l'ouvrage amplifient l'érosion, comme le déboisement important au cours du XXe siècle, la fréquentation des dunes notamment en raison de l'activité touristique, l'extraction de matériaux, la baisse du nombre de jours de gel (environ 200 par an), le vent...
À Saint-Pierre-et-Miquelon, l’élévation du niveau marin constatée est de 2 à 3 mm/an entre 1993 et 2011, et les études pour la construction du PPRL (plan de prévention des risques littoraux) à Saint-Pierre-et-Miquelon retiennent une montée des eaux de 0,7 m à l’horizon 2100.
L'urbanisation joue également un rôle sur l'environnement: perte de la diversité biologique, dégradation de la qualité écologique et sanitaire des eaux, diminution des ressources naturelles et des services rendus à la société par la biodiversité.
L'observation de l'évolution du trait de côte montre des tendances variables suivant les sites. La plus grande partie du littoral est stable, et environ 9% à 10% présentent un recul plus ou moins important sur Saint- Pierre et Langlade. A Miquelon l'érosion est plus importante et touche près de la moitié du linéaire. Dans tput l'archipel, environ 1% des côtes progressent. Les côtes basses d'accumulation sédimentaire sont particulièrement sensibles à l'érosion notamment en raison de leur sensibilité à la houle.
Pour télécharger l'ouvrage et l'atlas cartographique :
[1] Une moraine est un amas de blocs et de débris rocheux détachés d'un glacier et transportés en aval par celui-ci.
Dans le dossier Dynamiques et évolutions du littoral : la synthèse des connaissances sur l'évolution du littoral