Après un premier webinaire thématique consacré au bâtiment en mars 2022, un second sur les infrastructures routières en mai 2022, un troisième webinaire sur l’eau et la biodiversité a été organisé en juin 2022 par la direction territoriale Normandie-Centre du Cerema dans le cadre du projet EICPAD1. Des experts du Cerema, des représentants de l’AIRF2, de collectivités territoriales du Maroc, du Bénin, de Côte d’Ivoire et de Madagascar ont été réunis pour un échange autour des questions de solutions fondées sur la nature, de gouvernance, de gestion intégrée de la ressource en eau, de stratégie régionale de l’eau, de services écosystémiques ou encore de trames écologiques.
Les territoires concernés : le bassin versant du lac Itasy à Madagascar jusqu’à la commune de Libourne en Gironde en passant par le bassin versant du fleuve Ouémé au Bénin et la région Nouvelle-Aquitaine en France.
La biodiversité, fragile et menacée : source de services écosystémiques pour les humains
La biodiversité permet de rendre de nombreux services aux humains : support (épuration, infiltration, production de biomasse), approvisionnement (énergie, matériaux, produits alimentaires), culturels (détente, tourisme, qualité de vie), régulation (ralentissement des ruissellements, régulation thermique, adsorption des polluants atmosphériques…).
Or, ces services se trouvent affectés par les menaces qui pèsent sur la biodiversité : urbanisation, artificialisation, intensification agricole, espèces exotiques envahissantes, pollution, fragmentation des habitats….
De plus, le dérèglement climatique vient accentuer ces menaces et les activités humaines : inondations, ruissellements, contamination de la ressource en eau, sécheresses, vagues de chaleur….
La nature, menacée par les activités humaines et par le changement climatique, peut également être une source de solutions pour s’adapter à ces perturbations voire à y remédier.
Les solutions fondées sur la nature, incontournables à toutes les échelles pour préserver l’eau et la biodiversité
Que ce soit à l’échelle du bassin versant d’un fleuve pour lutter contre les inondations, de celui d’un lac pour améliorer la qualité de l’eau, prévenir les risques de ruissellement, d’érosion et de perte d’habitat ou à l’échelle d’une ville pour reconnecter les trames écologiques et apporter du rafraîchissement urbain, les Solutions Fondées sur la Nature (SFN) apparaissent comme des actions incontournables face aux risques liés au changement climatique.
Plantation de haies vives ou agro-forestières, aménagements anti-érosifs, pratiques agroécologiques pour restaurer la fertilité des sols, reboisements, techniques d’hydraulique douce, restauration de milieux naturels dégradés...sont autant de pratiques mises en œuvre dans les bassins de l’Ouémé au Bénin ou du lac Itasy à Madagascar qui permettent de s’adapter à moindre coût aux problématiques de changement climatique tout en concourant à une restauration de la biodiversité et des milieux naturels et à une préservation de la ressource en eau.
Sur un territoire communal, la déclinaison des trames écologiques à une échelle fine, comme sur la commune de Libourne, appuyée sur une méthodologie rigoureuse et robuste développée par le Cerema, permet aux pouvoirs publics de repérer les secteurs à préserver, les points de discontinuité liés à la fragmentation écologique et de planifier de manière ciblée et stratégique des SFN en faveur de la reconnexion des différentes trames sur le territoire communal.
La figure suivante illustre la répartition des continuités terrestres (trame verte) et des points de conflits (fragmentation) sur le territoire de la commune de Libourne :
La mise en œuvre de ces actions permettra d’améliorer la reconquête de la biodiversité mais également de rafraîchir le milieu urbain ou encore de limiter les risques de ruissellement et d’inondation en favorisant l’infiltration par la désimperméabilisation des sols.
Nécessité d'une gouvernance transversale
Ces pratiques vont de pair avec une gouvernance forte, partagée et transversale. Dans la gestion intégrée de la ressource en eau (GIRE) et la gestion intégrée du risque inondation (GIRI) déclinées au Bénin et à Madagascar, la mise à contribution des populations locales, en particulier des femmes, le renforcement de capacité des acteurs de terrain, l’implication des acteurs institutionnels et des aménageurs sont autant de clés pour faciliter l’acceptation des mesures envisagées.
L’efficacité des SFN mises en œuvre est réelle, les besoins des populations sont grandissants et des moyens importants sont nécessaires pour pouvoir décliner ces mesures à plus grande échelle.
L’importance de la gouvernance se retrouve à différentes échelles, comme l’échelon régional de la Nouvelle-Aquitaine. Sur ce territoire, un état des lieux scientifique robuste, objectivé et partagé sur la ressource en eau, suivi d’une concertation a permis de faire émerger une politique régionale de l’eau, transversale, dotée d’objectifs ambitieux et de moyens pour accompagner les acteurs du territoire dans sa déclinaison.
De la diversité des situations présentées, de la richesse des échanges et des partages d’expérience, il ressort de ce troisième webinaire la synthèse suivante :
1 EICPAD :Expertise, Ingénierie et Compétences au service des Politiques d’Aménagement durable des territoires francophones
Contacts:
Coordination :
Cerema Ouest (Denis Musard)
AIRF (Céline Gibert)
Organisation du webinaire : Cerema Normandie Centre (François Chevaux)