11 avril 2019
Immeubles effondrés rue d'Aubagne à Marseille
M. FEREGOTTO
A la suite de l'effondrement de trois immeubles dans le centre-ville de Marseille, les autorités ont mis en place un collège d'experts pour évaluer la sécurisation des bâtiments. Le Cerema participe à ce groupe d'experts afin d'apporter ses compétences en géotechnique. Après des investigations sur le terrain, un rapport a été rendu concernant les risques de mouvements du sol.

Le contexte

Le lundi 5 novembre 2018 dans la matinée, deux immeubles situés rue d’Aubagne dans le centre de Marseille se sont effondrés, suivi quelques heures plus tard par un troisième qui avait été déstabilisé par le premier effondrement.

La ville de Marseille a rapidement mis en place un collège d’experts pour l’accompagner sur tous les points techniques dans le cadre des différentes opérations qu’il a fallu mené suite à ce sinistre.

 

Constitution du collège d’experts

Intervention géotechnique sur les immeubles effondrés
Intervention rue d'Aubagne- M. FEREGOTTO

Le Cerema a été missionné dans le cadre de ce collège pluridisciplinaire pour apporter son expertise en géotechnique, dans la mesure où une défaillance du sol pouvait être envisagée.

Piloté par la ville de Marseille avec l’appui du Bataillon de Marins-Pompiers de Marseille, ce collège d’experts est composé comme suit :

  • deux bureaux d’étude structure : AXIOLIS et le CSTB ;
  • deux bureaux d’études géotechnique : GEOTECH et le Cerema Méditerrannée
  • un maître d’oeuvre démolition : EDICTIS
  • un architecte : ARCHIPOLE SUD
  • un bureau de contrôle : APAVE

 

Les missions

Les missions du collège d’experts ont évolué au cours des semaines.

Elles ont principalement consisté à statuer sur la sécurisation des bâtiments, ainsi que sur la possibilité de permettre aux sinistrés de retourner dans leurs appartements (pour, en fonction du contexte, récupération d’effets personnels, déménagements, ou réintégration du logement).

 

Les investigations géotechniques

Pour réaliser ces missions, un diagnostic géotechnique était nécessaire. Une campagne de reconnaissances a été mise au point par le bureau d’études GEOTECH et le Cerema pour pouvoir répondre à deux objectifs :

  • le dimensionnement d’un système de contreforts pour assurer si nécessaire le confortement des murs des immeubles situés de part et d’autre de la zone d’effondrement.
  • la caractérisation des terrains de fondations rencontrés sous les bâtiments de la rue et de l’hydrogéologie de la zone.

Cette campagne a donc fait l’objet de reconnaissances in situ réalisées par les équipes de GEOTECH : 4 sondages carottés, 3 sondages pressiométriques, 7 essais au pénétromètre dynamique, et 12 reconnaissances de fondation à la minipelle. Des échantillons ont été prélevés pour la réalisation d’essais de laboratoire.

 

Les contreforts

Face aux incertitudes sur la stabilité des immeubles situés de part et d’autre de la zone d’effondrement, un système de contreforts basés sur une structure métallique a été imaginé.

Cette structure prend appui sur un massif en béton armé fondé sur des micropieux en chevalet. L’étude de ces fondations est restée au stade du prédimensionnement, l’instrumentation mise en place ayant montré que les murs concernés ne montraient pas de signes d’instabilités.

 

Le diagnostic

Marseille immeubles rues d'AUbagne après l'effondrement
Rue d'Aubagne à Marseille - Georges Seguin CC-BY

Un diagnostic portant sur la structure, la géotechnique et l'état du réseau a été réalisé en vue de réouvrir la zone. La synthèse des investigations a mis en évidence des terrains de surface constitués de remblais et de l’altération des formations du Stampien qui constituent le substratum.

Nous sommes en présence d’un terrain de fondations de nature et de consistance variables, avec de façon générale des propriétés mécaniques correctes.

Cependant ces terrains présentent une sensibilité notable à l’eau, que ce soit via les phénomènes d’érosion interne pour les formations à dominante sableuse et sablo-limoneuse, ou via un affaiblissement des caractéristiques mécaniques des formations argileuses provoqué par d’importantes augmentations de teneur en eau.

 

Conclusion

Les premiers résultats des investigations de sol ont permis d’écarter un risque géotechnique majeur à l’échelle de la rue (par exemple un glissement de terrain, ou la présence de cavités de grande dimension), et donc de permettre aux occupants, lorsque l’état structurel était jugé acceptable et en l’absence de fortes pluies, de venir récupérer leurs effets personnels.

La synthèse des diagnostics géotechniques et structurels a ensuite permis d’établir :

  • une classification suivant 4 types définis au préalable dans le cadre du collège d’experts. Chaque type est associé à la possibilité ou non de réintégrer l’immeuble ;
  • une liste de préconisations à respecter et d’éléments à faire diagnostiquer par les propriétaires pour les bâtiments de type 2, et notamment l’état des réseaux privatifs pour éviter tout contact prolongé des terrains de fondations avec l’eau.

Le collège d’experts a produit un rapport de synthèse marquant la fin de sa mission de sécurisation d’urgence et d’assistance technique. Les bâtiments ne présentant aucune pathologie majeure ont été réintégrés par leurs occupants, tandis que les études et travaux restant à réaliser peuvent se dérouler à un rythme plus serein.