4 août 2021
Vue de l'isthme de Langlade depuis Grande Miquelon
Wikimedia Commons- Vue de l'isthme de Langlade depuis Grande Miquelon
Le Cerema est intervenu début mai à Saint-Pierre-et-Miquelon, pour une mission concernant l’érosion de l’isthme qui relie la presqu’ile de Langlade à Miquelon. Depuis plusieurs années, le trait-de-côte recule sur cette formation sableuse, un processus qui semble s’être étendu géographiquement en février et mars 2021 à la suite d’une série de tempêtes.

L’isthme de Langlade est exposé aux houles et sujet à l’érosion, mais avec le changement climatique (périodes de gel plus courtes, élévation du niveau de la mer, augmentation des événements climatiques…) le recul du trait-de-cote pourrait s’accélérer.

En mars, une tempête a entraîné une coupure de la route sur 20 à 40 m, nécessitant une intervention d’urgence pour consolider l’ouvrage de protection de la route.

 

Quels aménagements pérennes pour protéger le cordon dunaire?

Effondrement de la route sur plusieurs mètres en bordure de dune
Effondrement de la route Miquelon-Langlade - Cerema

Depuis les années 2000 une quinzaine de chantiers d’enrochements ont été réalisés parfois en urgence pour protéger la route qui relie Miquelon à Langlade, et le conservatoire du littoral a réalisé des aménagements plus légers (barrières en bois, plantations…) au niveau d’une zone naturelle au bout de l’isthme.

Ces travaux ont un coût et doivent être optimisés en tenant compte des enjeux locaux présents et à venir. Par ailleurs, ils ont un impact sur les mouvements de sédiments et le rechargement sédimentaire des plages. En effet, les enrochements sont souvent utilisés pour protéger des digues ou des talus côtiers, mais il faut tenir compte des inconvénients liés cette technique, tels que :

  • La perte de sable au pied d'ouvrage par la réflexion des vagues ;
  • L’abaissement du niveau de la plage et l’augmentation de l'érosion à proximité du haut de plage ;
  • Le risque de dégradation et de rupture brutale par l’action des vagues durant de forts évènements de tempête ;
  • La possibilité de coûts d’entretien importants ;

Le Cerema, spécialiste en matière d’observation du trait de côte, de gestion du littoral et de prévention des risques, a été sollicité par l’Etat conjointement avec le BRGM pour établir un diagnostic sur les causes de l’érosion et proposer des modes de protection pérennes du littoral. Plusieurs visites sur site ont déjà été réalisées pour élaborer le diagnostic et envisager des solutions de gestion du site et des enrochements. Deux spécialistes se sont rendus sur place début mai 2021 pour compléter les propositions.

Pour identifier les solutions d’entretien et de gestion adaptées à moyen et long terme, le Cerema a réalisé une analyse comparée de différentes alternatives adaptées.

Le système d’enrochements qui supporte pour partie la route est très endommagé. Il présente des affaissements sous l’effet des sollicitations hydrodynamiques.

Les observations ont montré qu’un ouvrage rigide pour maintenir le trait-de-côte n’est pas viable à moyen et long terme, à moins d’envisager une stratégie globale permettant de limiter les dégradations de l’ouvrage.

 

Des solutions orientées vers une gestion durable

La proposition d’aménagements du Cerema repose sur une combinaison de solutions de gestion durable du trait-de-côte au niveau de l’isthme et d’entretien des enrochements :

  • Agir sur la dégradation des enrochements au niveau de la plage en le réparant avec les matériaux adéquats.
  • Agir sur l’érosion de la plage en la rechargeant avec un volume conséquent (potentiellement de 300.000m3) sur une distance de 2 km, avec des matériaux similaires à ceux de l’isthme et provenant d’un site peu éloigné. Ce point doit faire l’objet d’études de plus long terme pour identifier les gisements marins potentiels.
  • Conforter l’observation des phénomènes littoraux en période calme et en post-tempête.

Depuis la visite de terrain en mai 2021 des travaux de reprise de l’ouvrage endommagé ont été entrepris.