6 mai 2020
Pole de l'habitat social à Strasbourg
Wikimedia Commons
Une étude-action a été menée à Strasbourg auprès des occupants de logements sociaux. L'objectif: sensibiliser et favoriser l'action pour un environnement intérieur sain. Retour sur la démarche et ses enseignements.

En 2018 et 2019, le Cerema Est, en partenariat avec l’ATMO Grand Est (association de surveillance de la qualité d’air) et l’APPA Grand Est (association pour la prévention de la pollution atmosphérique), a mené une étude-action de promotion d’un environnement intérieur sain dans les logements sociaux.

Cette étude-action, commanditée par l’Eurométropole de Strasbourg, s’est ancrée dans le cadre du Plan Régional Santé Environnement (PRSE) 3 et concernait la qualité sanitaire de logements sociaux

 

Une série d'actions pour améliorer la qualité de l'AIR intérieur

logo du plan environnement santé Grand EstLa démarche s’adressait aux résidents de ces logements et, plus largement, aux habitants des quartiers concernés.

Trois familles d’actions ont été menées :

  • des actions de prise en charge à domicile,
  • des accompagnements de foyers,
  • des actions de sensibilisation collective.

Cette étude a permis de toucher plus de 400 personnes et de tirer de nombreux enseignements sur la mise en œuvre de ce genre d’action aussi bien que sur la gestion quotidienne de la qualité de l’air dans les logements sociaux.

 

Les actions de prise en charge à domicile

Il s’agissait de visites de Conseillers en Environnement Intérieur conventionnelles, qui concernaient ainsi des patients allergiques et/ou asthmatiques, préalablement identifiés par des médecins.

Des problèmes de moisissures ont été fréquemment observés dans les logements. Leur cause s’avère souvent être un surpeuplement du foyer ou un système de ventilation défaillant, pour des raisons techniques ou d’usage des occupants.

Les deux tiers des patients exprimaient en réalité une demande de relogement qui pouvait être motivée par d’autres facteurs que la qualité sanitaire du bâti, ce qui a été une limite de l’exercice.

Les médecins prescripteurs se sont cependant révélés satisfaits du dispositif qui constituait un accompagnement personnalisé pour la mise en œuvre de mesures préventives propices à l’amélioration de l’état de santé des patients par un meilleur environnement.

 

Les accompagnements individuels de foyers

L’objectif était d’améliorer la qualité sanitaire des logements visités par des propositions d’amélioration des pratiques domestiques adaptées à chaque foyer par les Conseillers en Environnement Intérieur.

Les logements proposés par les bailleurs sociaux étaient concernés par des problèmes de moisissures et les mêmes conclusions en ont été tirées que pour les prises en charge à domicile (défauts de ventilation ou demandes de relogement). Dans ce cas de figure, il est  recommandé de réaliser un bilan des systèmes de ventilation en place, ce qui apporte une réelle plus-value à la démarche.

Il s’agit d’un des enseignements clefs de cette étude-action : une démarche pluridisciplinaire associant expertise technique et approche humaine aurait permis une analyse plus pertinente des situations rencontrées.

 

Les actions de sensibilisation collective

Elles ont été menées conjointement par les trois partenaires de l’étude-action.

Le public cible de ces actions de sensibilisation était en grande majorité les habitants des quartiers de la politique de la ville. Ces interventions ont été organisées par l’intermédiaire des centres socio-culturels, des associations de quartiers et des établissements de la petite enfance.

Certaines interventions ont également permis de sensibiliser des personnels techniques des bailleurs sociaux concernés par l’étude-action. Les bailleurs ont rapporté qu’elles avaient eu des répercussions positives sur les pratiques des agents.

Le Cerema Est a ensuite procédé à la rédaction de rapports pour chacune des actions, d’un bilan d’activités et d’un bilan d’évaluation.

 

Conclusion

Cette étude-action commanditée par l’Eurométropole constituait une expérimentation et donc un challenge à relever pour le groupement APPA, ATMO Grand Est et Cerema Est.

Le travail réalisé par les trois partenaires a démontré son efficacité et sa complémentarité. Dans l’éventualité d’une nouvelle étude-action de ce type, il devrait être envisagé une répartition des actions différentes et un partenariat renforcé avec par exemple des diagnostics techniques systématiques dans les logements par le Cerema, et si besoin des mesures de polluants.

Outre, la mise en exergue de problèmes récurrents d’humidité dans les logements et de défauts dans les systèmes de ventilation ou leur entretien, cette étude-action a permis de toucher un public généralement éloigné de la thématique de la qualité d’air intérieur. En effet, la population des quartiers de la politique de la ville n’est pas celle qui s’intéresse habituellement à cette problématique bien qu’elle soit concernée en premier lieu (leur méconnaissance du sujet les rendent plus vulnérables au risque par des pratiques parfois peu vertueuses), d’où l’intérêt de cette action.