10 avril 2025
Salle de crise
Cerema
Dans le cadre de l’élaboration de son Plan Intercommunal de Sauvegarde et des nouvelles procédures instaurées pour la gestion de crise, Grenoble-Alpes-Métropole a organisé avec le Cerema un vaste exercice pour tester les procédures du PICS et l’efficacité de la solidarité intercommunale.

Les communes peuvent demander l’activation du Plan Intercommunal de Sauvegarde (PICS) si elles pensent ne pas pouvoir faire face seules à une crise, et recourir à l’appui d’autres communes de l’intercommunalité, voire de l’intercommunalité. Grenoble-Alpes-Métropole a défini de nouvelles procédures PICS et souhaitait vérifier leur compréhension et leur efficience lors de la gestion d’un événement dimensionnant. Pour l’intercommunalité, la gestion de crise en soutien des communes est une nouvelle mission, l’exercice avait pour objectif de vérifier le caractère fonctionnel du dispositif et des nouveaux outils associés.

 

Un exercice inédit pour tester la coopération 

Le 1er avril 2025, un exercice de crise de grande ampleur a été organisé par le Cerema et la métropole Grenobloise, pour tester les procédures de continuité et rétablissement des compétences communautaires ainsi que la solidarité intercommunale, et faire émerger les points forts et les pistes d’amélioration du dispositif.

Le scénario de l’exercice, qui s’est déroulé sur une journée, combinait plusieurs risques naturels présents sur le territoire de la collectivité : d’abord de fortes pluies, cumulées à un redoux et la fonte des neiges associée, auquel ont été rajoutés, pour les besoins de l’exercice, des salves orageuses. Les conséquences de ces événements "primaires" conduisant à l’occurrence d’événements "secondaires" :

  • Les inondations torrentielles et de versants ;
  • Des glissements de terrain ;
  • Des coulées de boue ;
  • Des phénomènes de suffusion ;
  • Du ruissellement suite à une salve orageuse avec de la grêle ;
  • D’autres évènements perturbateurs extérieurs (rupture d’eau potable, submersion du réseau pluvial, rupture de voirie…)

L’exercice a commencé dès la veille avec l’envoi de vigilance météo orange orage / pluie, suivi d’une mise en alerte effectué par la préfecture la veille au soir. Le jour J, les fortes pluies, engendrant des inondations, des coupures d’axes routiers, des coulées de boue impactant des enjeux tels que des réservoirs d’eau potable, des établissements scolaires et des EPHAD, ont ponctué la journée sur trois secteurs différents de ce territoire de plaines et de montagnes. Au fil de la journée, la gestion de crise est passée d’un pilotage communal à un pilotage intercommunal, puis préfectoral.

Un tel scénario est aujourd’hui très exceptionnel, mais pourrait survenir. L’objectif est de mettre le système de gestion de crise à l’épreuve avec une crise d’ampleur. 

Ce scénario faisait intervenir l’intercommunalité, les 6 communes sinistrées et les 10 communes solidaires ainsi que 8 communes observatrices (soit 24 des 49 communes de la métropole), le Cerema, la préfecture.

En amont de l’exercice qui a défini par l’intercommunalité et le Cerema, les procédures PICS ont été rappelées et un livret explicitant la procédure a été fourni aux participants pour le jour de l’exercice. 

 

Une mise en exergue des points forts et des points faibles

L’exercice portait sur l’organisation et n’avait pas de volet opérationnel sur le terrain. Il a mis en évidence les difficultés et les points positifs dans la gestion de cet épisode de crises inédit, dans lequel l’intercommunalité joue un rôle pivot. Durant l’exercice, le Cerema a coordonné l’ensemble de l’équipe d’animation (5 agents Cerema, 3 GAM) ainsi que les observateurs présents dans l’ensemble des centres de crise.

Par la suite, sur la base des retours d’expérience à chaud et à froid, un rapport de synthèse sera rédigé par le Cerema afin de permettre à GAM d’améliorer son PICS.

 

L’exercice a permis de :

 

  • Tester la communication entre la commune, l’intercommunalité et la préfecture, vérifier si chacun connaît son rôle et ses missions durant l’exercice.
  • Tester l’organisation de crise interne et la cellule de crise de la Métropole, ainsi que l’utilisation des outils.
  • Observer la bascule de la direction des opérations de la mairie vers la préfecture : la commune identifie-t-elle les limites de ses capacités, demande-t-elle de l’aide à temps, donne-t-elle les bonnes informations à l’intercommunalité ?

Le point de vue de la collectivité

Vincent Boudières, Responsable de la mission Risques à Grenoble-Alpes-Métropole, a accepté de répondre au Cerema sur la démarche de la collectivité.

 

Quel était le besoin de la collectivité à travers l'organisation de cet exercice ? Quelle était la difficulté en termes d'organisation de gestion de crise intercommunale ?

Les objectifs et besoins relatifs à cet exercice étaient à la fois resserrés, mais ambitieux. Resserrés, tout d’abord puisqu’il s’agissait de tester sur table les deux procédures principales du PICS à savoir :  le rétablissement des compétences métropolitaines et l’organisation de la solidarité intercommunale. Ambitieux ensuite, car  une fois le PICS activé et sans se substituer aux pouvoirs de police administrative des maires et du préfet, ces procédures et notamment celles relatives à la solidarité des moyens au sein du bloc communal, constituent des fonctions et missions nouvelles pour l’EPCI

Il s’agit de développer une organisation en capacité de : réceptionner les demandes, trouver les ressources ad ’hoc et organiser la mise à disposition en période de crise. Ainsi si l’exercice nous a permis de tester ces procédures et pour en tirer des enseignements post RETEX, ces nouvelles missions PICS nécessiteront une amélioration continue dans un champ nouveau d’intervention pour un EPCI, complétant ainsi le paysage de gestion de crise territorial et national.

 

En quoi l'intervention du Cerema a-t-elle aidé dans l'évaluation du processus de gestion de crise, et quelles seront les suites de cet exercice ?

L’intervention et au-delà l’implication forte du Cerema à nos côtés constitue un élément clé de réussite, au regard des enjeux nouveaux apportés par le PICS pour un EPCI. Rodé à des exercices de crise portés par les communes (PCS) ou par la préfecture (PPI, Orsec,…) et dans lesquels l’EPCI est appelé seulement et exclusivement sur son champ de compétences (assainissement, voirie, déchet, eau potable…), cet exercice PICS constitue pour l'intercommunalité une approche nouvelle, plus territorialisée et multipliant les liens entre acteurs au titre de la solidarité et d’une forme de subsidiarité des moyens au sein du bloc communal. 

Ceci renforce l’intelligence collective en gestion de crise multiacteurs mais complexifie aussi pour un exercice la mise en situation et l’élaboration de scénarios complexes, qui pour autant doivent rester probables et crédibles pour être joués pertinemment. Ceci nécessite donc une ingénierie spécifique et de qualité que le Cerema est en capacité d’apporter aux collectivités. De plus, le Cerema en posture d’appui extérieur à la collectivité et au territoire, nourrit avec un regard différent le RETEX. Ce RETEX a vocation désormais à amender et enrichir nos procédures et donc notre PICS en vue de son adoption (arrêt) à l’automne 2025.

 

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