28 juillet 2025
Gestion des eaux pluviales à La Rochelle
M. Saulais - Cerema
La gestion durable des eaux pluviales qui consiste à favoriser l’infiltration rapide dans les sols au moyen de solutions telles que les solutions fondées sur la nature, apporte de nombreux co-bénéfices. Avec la communauté d’Agglomération de La Rochelle, le Cerema a étudié les dispositifs existants et identifié de nouvelles solutions pour développer les services écosystémiques avec un objectif de "zéro rejet".

Le Cerema et la communauté d’agglomération de La Rochelle ont mené un partenariat avec l’objectif de développer la gestion durable des eaux pluviales. Cette démarche comprend deux grands volets :

  • L’identification du potentiel de désimperméabilisation, qui a fait l’objet d’un article en août 2023.
  • L’évaluation des services écosystémiques rendus par les solutions durables de gestion des eaux pluviales et des préconisations pour concevoir des dispositifs plus performants en termes de rejets d’eau dans les systèmes d’assainissement et de services écosystémiques rendus, présentée dans cet article.

 

La gestion durable des eaux pluviales : les bénéfices

L’imperméabilisation des sols entraîne davantage de ruissellement et une saturation des réseaux d’assainissement lors de pluies importantes, de plus en plus fréquentes dans un contexte de changement climatique. Elle accentue aussi le phénomène d’îlot de chaleur, augmentant les températures en été.

Cette modification du cycle de l’eau a des conséquences perceptibles dans les territoires : inondations, raréfaction de la ressource en eau, sécheresse, pollution des eaux.

Les dispositifs de gestion durable des eaux pluviales tels que les noues, les zones humides, les jardins de pluie, les toitures végétalisées, facilitent l’infiltration de l’eau de pluie au plus près de là elle tombe, limitant ainsi les pollutions et le phénomène de ruissellement.

 

 

État des lieux des ouvrages existants

La collectivité, engagée depuis longtemps dans l’aménagement de dispositifs de gestion des eaux pluviales, avait l’objectif de valoriser les différents apports de ces systèmes et mieux les coordonner. 

L’enjeu est d’objectiver les bénéfices apportés par les différents dispositifs de gestion des eaux pluviales. Le Cerema s’est appuyé sur le concept de services écosystémiques (c’est-à-dire les biens et bénéfices rendus par la Nature à l'Homme), et sur une méthodologie d’évaluation mise au point au cours du projet GIEMU (gestion intégrée de l’eau en milieu urbain) menée par le Cerema.

Après une présentation des enjeux du territoire, notamment liés à l’eau (inondations, débordement de nappes, submersion, ruissellement, tempêtes), de la disponibilité de la ressource et du potentiel de désimperméabilisation des sols, ainsi que du cadre réglementaire local, le Cerema a procédé au recensement des ouvrages. Il y a une grande diversité d’aménagements : noues, bassins en eau, bassins secs,...La création et la gestion de ces ouvrages fait intervenir une variété d’acteurs : collectivités à différentes échelles, syndicat d’assainissement, entreprises… 

 

Carte des aménagements de gestion intégrée des eaux pluviales de l'agglomération / Cerema

 

 

Evaluer les dispositifs sous l’angle des services écosystémiques

La biodiversité est considérée comme un support de services. Les services écosystémiques examinés dans cette étude sont :

Services de régulation :

  • La capacité de rétention d’eau
  • La capacité d’infiltration
  • La régulation de la qualité de l’air
  • Qualité de l’eau (présence de micro et macropolluants)

Services culturels :

  • Caractère paysager
  • Activités de loisirs
  • Support éducatif
  • Support de recherches

Exemple d’un ouvrage examiné : Les lacs de Villeneuve les Salines – La Rochelle

Lac de Villeneuve les Salines / M. Saulais - Cerema

Description du site : Les lacs de Villeneuve les Salines sont deux bassins en eau de 14 ha situés sur d’anciens marais salants exploités jusqu’en 1920. Un projet de renaturation a été lancé en 2020 pour recréer la connexion entre le marais et la mer, qui a entraîné la création d’une zone humide de 10 ha et de bassins dotés de berges et d’îlots pour les oiseaux.

Le niveau d’eau est régulé par des ouvrages hydrauliques.

Evaluation des services écosystémiques rendus par l’aménagement : 27 experts ont été interrogés dont 22 usagers via un questionnaire en ligne. Des notes ont été attribuées pour les différents services et d »es diagrammes montrant les points forts et points faibles ont été réalisés.

Les personnes interrogées ont bien identifié le fonctionnement du site et sa capacité de rétention de l’eau, d’accueil de la biodiversité et l’aspect paysager. 

Améliorations futures proposées : Diverses actions ont été proposées pour améliorer les services écosystémiques du site, par exemple créer des aménagements pour des moments de convivialité, proposer des activités récréatives pour les enfants, développer la végétalisation, ou encore communiquer sur le rôle du marais à travers des activités comme des sorties nature…

 

 

Les différentes solutions d’aménagement ont ensuite été comparées, avec une synthèse sous forme de tableau qui met en évidence les services écosystémiques les mieux rendus pour chacun des 13 sites étudiés.

Cette analyse a montré que :
  • Les noues et fossés remplissent très bien les fonctions de régulation de la qualité des eaux et de régulation des inondations et étiages, mais rendent moins de service culturels.
  • Les bassins apportent des services importants en termes de régulation des inondations et étiages, d’accueil de la biodiversité, de paysage et fournissent aussi souvent des services culturels.
  • Les aménagements à végétaliser (piste cyclable perméable, chaussée drainante, parking perméable…) fournissent quant à eux assez peu de services écosystémiques en comparaison des autres types de dispositifs.

Recommandations

La communication vers les habitants et le public en général est importante pour expliquer le fonctionnement des ouvrages, leur intérêt, diffuser les bonnes pratiques et impliquer la population.

Concernant les dispositifs existants :

L’examen des dispositifs existants a montré l’intérêt des bassins en eau, en particulier pour la régulation qu’ils apportent en période d’étiage ou d’inondation tout ayant des fonctions paysagère et récréative. 

L’analyse montre que pour l’ensemble des aménagements, c’est la biodiversité présente qui influe sur les services de régulation comme sur les services culturels. Plus le paysage est stratifié avec des essences diversifiées, meilleurs sont la régulation, l’aménité paysagère et l’intérêt éducatif. 

 

Concernant les futurs dispositifs :

Plusieurs objectifs peuvent être envisagés pour améliorer les services culturels dans les futurs aménagements :

  • intensifier la végétalisation pour créer des espaces favorables à la faune et à la promenade, en privilégiant des arbres et arbustes locaux.
  • installer des panneaux de sensibilisation
  • organiser des activités participatives pour impliquer davantage les habitants et les acteurs de la gestion et de l’utilisation de ces espaces.

Dans le dossier Nature en Ville : développer les solutions fondées sur la nature dans le milieu urbain

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