Son président, Martial Chevreuil, s'exprime sur les principales missions de l’association, ses productions, ses groupes de travail sur les enjeux majeurs des nouvelles mobilités, et les axes stratégiques de développement pour ses adhérents et partenaires.
Interview de Martial Chevreuil,
président d'ATEC ITS France
Pouvez-vous vous présenter, ainsi que l’association ATEC ITS France, et partager son histoire, ses missions et ses valeurs ?
J’ai le plaisir de présider l’ATEC depuis 2019, année de mon départ à la retraite. Ma carrière a été quasi exclusivement consacrée aux sujets en lien avec la mobilité et les transports. Après une dizaine d’années passées au Ministère chargé des transports dans le service en charge de Bison Fûté, j’ai rejoint une société d’ingénierie, devenue depuis le groupe Egis. Mes missions portaient en majeure partie sur les sujets de mobilité, en France comme à l’international, et en particulier dans les programmes européens qui ont donné naissance aux systèmes de transports intelligents (ITS). J’ai ainsi intégré le réseau de l’ATEC au siècle dernier, dès la fin des années 70, ...
L’ATEC - pour Association pour le développement des techniques de Transport d’Environnement et de Circulation - a vu le jour en avril 1973. Si son activité s’est centrée dans un premier temps sur le trafic routier, elle s’est rapidement étendue à l’ensemble des modes de transport terrestre des biens et des personnes puis aux évolutions induites par le numérique. En 2000, la mention ITS France a été ajoutée, pour marquer la prise en compte de plus en plus importante de l’apport des nouvelles technologies à la mobilité, en l’intégrant ainsi au réseau européen des ITS nationaux.
Les principales missions de l’association sont de donner de la visibilité aux acteurs de la mobilité intelligente, d’informer et de former sur les enjeux majeurs liés aux nouvelles mobilités, et enfin de contribuer à l’expertise du savoir-faire français sur les systèmes de transport intelligent.
Comment se déclinent plus précisément les actions / activités de l’ATEC ITS France pour favoriser les échanges dans les territoires, avec les acteurs locaux ?
Pour mener à bien nos missions, nous avons axé nos activités autour de trois piliers majeurs: le congrès annuel (le dernier ayant réuni près de 2000 visiteurs les 23 et 24 janvier derniers), les groupes de travail et la revue trimestrielle TEC, cette revue se déclinant en l’organisation de webinaires.
La grande diversité de nos adhérents est l’une de nos caractéristiques, et je dirai même l’une de nos forces. En effet, nous comptons parmi nos membres des entreprises opérant dans différents secteurs (équipementiers, constructeurs automobiles, etc.), mais également des startups, des organismes de formation et des entités publiques (collectivités territoriales, services déconcentrés de l’Etat, ou encore autorités organisatrices de la mobilité (AOM)).
Un de nos défis est effectivement de porter ces échanges dans les territoires. Pour cette raison, nous travaillons en coopération avec le Cerema, établissement très ancré dans les territoires. Cette coopération n’est pas nouvelle, l’ATEC ayant été créée par un collaborateur d’un “ancêtre” du Cerema. Ainsi, nous organisons avec le Cerema des journées techniques régionales annuelles. En 2023, elle se sont tenues en Ile-de-France et en Hauts-de-France.
Cette coopération s’est encore enrichie cette année avec l’organisation par le Cerema lors de notre congrès d’une session spéciale dédiée aux collectivités locales et l’accueil des Rencontres de l’observatoire du MaaS (Mobilité augmentée par association de Services), co-portées par le Cerema et la DGITM.
Cette coopération avec le Cerema s’est encore enrichie cette année avec l’organisation lors de notre congrès d’une session spéciale dédiée aux collectivités locales et l’accueil de l’observatoire du MaaS (Mobilité augmentée par association de Services).
L’association vient d’organiser son congrès annuel intitulé "Les rencontres de la mobilité intelligente". Que pouvons-nous retenir de l’édition 2024 ?
Je peux dire que cette édition a été un grand succès. Nous n’avons pas encore analysé les résultats de l’enquête de satisfaction, mais les échanges que j’ai pu avoir avec de nombreux congressistes et exposants, confirment cette première impression.
Parmi les moments forts de cette édition, nous pouvons citer la plénière d'ouverture, qui a notamment proposé un point de vue industriel, économique et stratégique sur le sujet de l’intelligence artificielle pour les mobilités, avec l’intervention de Luc Julia, directeur scientifique du groupe Renault
La session "Vitrine de l'innovation dans les mobilités JOP 2024" a été l’occasion de faire un tour d’horizon sur les nouveaux services de mobilité déployés pour les jeux olympiques et paralympiques de 2024.
Enfin, sous l’égide de France Mobilités, la table ronde "Décarbonation des mobilités : quelle efficience des politiques publiques?", a permis d’exposer des pistes de solutions pour diminuer durablement les émissions du secteur des mobilités.
On peut également noter le succès des moments de convivialité, qui ont permis de nombreux échanges entre les participants.
En particulier, comment ce congrès a permis de répondre aux attentes et besoins des collectivités territoriales sur ces thématiques ?
Il est certain que l’exposition, les ateliers et sessions spéciales ont apporté de nombreuses réponses aux questions posées par les collectivités, grâce aux échanges. Nous allons justement analyser plus précisément les commentaires des collectivités dans les réponses à l’enquête de satisfaction.
La session "Les collectivités, actrices majeures de l’innovation dans les mobilités" a également rencontré un grand succès. Présidée par Michel Neugnot, 1er vice-président de la Région Bourgogne-Franche-Comté, et animée par le Cerema, cette table ronde a fait intervenir et interagir, des représentants des collectivités : une région, une métropole et une communauté de communes. Au travers de la présentation de leur stratégie de mobilités, illustrée d’exemples d’actions, cela a permettra un large échange avec la salle, avant l’éclairage politique apporté en conclusion par le président de séance.
Je peux aussi déjà citer un échange que j’ai pu avoir avec une responsable "mobilité" d’un EPCI qui découvrait toute la richesse du congrès et exprimait son regret de ne pas avoir pu accéder à ces informations plus tôt. Nous devons en tirer des leçons et étudier comment nous pouvons, avec le Cerema bien sûr, accentuer encore ce lien avec les responsables territoriaux.
Quelles seront en 2024 les nouvelles stratégies / initiatives / actions à destination des collectivités territoriales portées par l’association ATEC ITS France ?
Nous avons défini 5 axes stratégiques pour le futur de l’ATEC ITS France.
Le 1er de ces axes, c’est clairement celui de notre gouvernance.
L’évolution principale est la simplification de nos statuts et la création d’un Comité d’Orientation Scientifique (COS) qui va définir et mettre en œuvre la stratégie de positionnement scientifique à court et moyen termes de l’ATEC ITS France. Ce COS fera le lien entre les comités existants, comme le Comité Editorial de la revue TEC, le comité scientifique du Congrès et les groupes de travail. Ce comité va s’appuyer sur un conseil stratégique rassemblant des personnalités extérieures à l’association.
Bien entendu, l’ATEC a pris acte de l‘importance de la diversité dans la composition de ses forces vives et nous y veillons dès à présent. Nous saurons faire de la place aux plus jeunes, aux femmes.
Le deuxième axe c’est celui d’affirmer notre rôle de producteur de connaissance
L’ATEC ITS France développe un programme de feuilles de route ambitieux, que nous permet le très fort soutien du ministère des transports et de la DGITM. La qualité du travail unanimement reconnue, et encore soulignée par le DGITM lors de nos 50 ans, nous incite à suivre avec la plus grande vigilance la manière dont les contenus en accès libre sont conçus, édités, diffusés et partagés, en particulier auprès des acteurs du terrain.
Le troisième axe, c’est de faire savoir et de porter publiquement cette connaissance.
Notre objectif est bien de mettre en avant les travaux de l’association et de faire en sorte que les livrables ne soient pas posés sur l’étagère l’encre à peine sèche, mais soient partagés le plus largement possible auprès de tout l’écosystème et ses parties prenantes au niveau des territoires : les associations d’élus et les directions des services concernés (mobilité, transports, voirie, selon les cas). Nous envisageons également, en plus de notre Newsletter, la mise en place d’un centre d’information à destination de nos membres sous la forme d’un extranet.
Le quatrième axe nous oblige : il s’agit d’enrichir et consolider les partenariats pour être plus forts ensemble.
Nous sommes tous concernés par les défis à relever et il est clair que nos intérêts du « faire ensemble » sont réciproques. Nos parties prenantes sont aussi celles de nos adhérents. Cette réciprocité nous engage certes, mais elle peut aussi vous inciter à venir nous rencontrer pour partager vos ambitions, sachant que c’est le bien commun qui nous anime.
Le cinquième et dernier axe c’est d’animer les forces vives de l’ATEC, c’est à dire tous nos adhérents et partenaires.
Notre mission c’est aussi de faire en sorte de faciliter les échanges directs entre les adhérents et de contribuer au développement et à la notoriété des activités de chacun et des projets communs. C’est bien le partage d’expérience, et de connaissance qui fait la richesse des travaux de l’association. Et c’est aussi le sens du nouveau réseau des ambassadeurs de l’ATEC que nous venons de créer pour soutenir l’action, la développer et la faire mieux connaître.
Un mot de conclusion ?
J’allais dire rendez-vous en 2030, comme je l’ai dit lors de l’ouverture du congrès. Mais n’attendons pas, car les défis de la mobilité pour réduire ses émissions et s’adapter au changement climatique sont nombreux. Alors rendez-vous dès notre prochain congrès en janvier 2025 !
