Depuis une dizaine d’années, le Cerema s’est constitué une expertise dans la remédiation des bâtiments sur le radon, qui lui permet aujourd’hui de mettre au service de maîtres d’ouvrages et de professionnels souhaitant investir le sujet une compétence solide. Un article paru sur le site de notre partenaire Construction21.
Cet article a été publié dans le cadre d'un dossier "Santé et confort dans nos bâtiments" qui est actuellement en parution sur la plateforme Construction 21, et est piloté par Alliance HQE-GBC et Medieco Conseil & Formation.
Retrouvez l'ensemble du dossier :
La qualité de l’air intérieur s’apprécie au regard de nombreux critères et des connaissances, toujours en évolution, sur les multiples polluants nocifs pour notre santé[1]. Parmi ceux-ci, le radon, deuxième cause de cancer du poumon en France est un enjeu de santé publique majeur. La remédiation dans les bâtiments où il s’accumule nécessite des compétences pointues et transversales car elles recouvrent plusieurs thématiques du bâtiment (perméabilité à l’air, renouvellement d’air, ventilation, etc.).
L'expertise bâtimentaire : comment remédier à l'accumulation de radon?
La mission d’expertise radon dans un bâtiment (selon l’arrêté du 26 février 2019 relatif à la gestion du radon dans certains Établissements Recevant du Public) menée au Cerema, consiste à identifier les causes de son accumulation, puis à proposer des pistes de remédiation au regard de ces constats.
Ces travaux peuvent se répartir en trois grandes familles, souvent complémentaires :
1- Etanchéifier l’interface sol/bâtiment, c’est-à-dire les surfaces du bâtiment en contact avec le sol (murs enterrés, sols, etc.) pour limiter les points d’entrée du radon.
Tous les percements, fissures, les pourtours et intérieur des gaines, canalisations, trappes, portes d’accès au sous-sol, etc. devront être traités. Des travaux de plus grande envergure peuvent être mis en œuvre tels que la dépose d’un sol en terre-battue ou l’étanchéification d’un mur enterré.
2- Augmenter le renouvellement de l’air de la zone occupée dans le but de diluer et d’extraire les polluants de l’air intérieur - dont le radon.
Cette technique passe par l’installation d’un système de ventilation mécanique conformément aux règles de l’art, et répondant a minima aux exigences de la réglementation en vigueur en termes de débits d’air. L’équilibre entre le débit d’air entrant et celui d’air extrait est nécessaire pour ne pas mettre le bâtiment en dépression, ce qui favoriserait l’ « aspiration » du radon. Régler les débits d’air pour obtenir une légère surpression dans les locaux serait même idéal pour prévenir la pénétration de radon. Les systèmes de ventilation doivent être entretenus pour garantir leur bon fonctionnement.
3- Traiter le soubassement dans le but d’extraire le radon avant qu’il ne pénètre la zone occupée.
Différentes techniques existent et reposent sur l’augmentation de la ventilation du soubassement et/ou sur l’installation d’un système de dépressurisation des sols (SDS). Ces techniques doivent nécessairement intervenir après des travaux d’étanchéification de l’interface sol/bâtiment.
Ces types de travaux doivent être proportionnés aux taux mesurés, et adaptés aux spécificités de chaque bâtiment (selon ses dispositions constructives, ses équipements, les modalités d’usage, l’environnement direct, etc).
Une remédiation radon efficace au musée de Bibracte
En 2015, suite à l’obtention de résultats de mesures de dépistage radon révélant des concentrations supérieures au seuil de 1000Bq/m³, le gestionnaire du centre de recherche archéologique de Bibracte (Glux-en-Glenne, Nièvre) a sollicité le Cerema et le CSTB pour mener une expertise technique.
Le bâtiment concerné, d’une surface de 1500 m², a été construit en 1995 sur 3 niveaux, dont les deux supérieurs accueillent les expositions. Il repose sur un sous-sol et un vide-sanitaire en partie enterrés. Sur la base du travail mené par les deux organismes publics de référence sur le sujet radon et de leurs conseils, le gestionnaire a fait mener différents travaux :
- des travaux d’étanchement dans le vide-sanitaire, et à l’interface entre le sous-sol et le musée,
- l’installation d’un système de ventilation mécanique par insufflation (VMI) dans le vide sanitaire, avec prise d’air en extérieur.
Au-delà de l’amélioration du renouvellement de l’air intérieur, attendu de tout système de ventilation, ce type de dispositif a permis la mise en surpression les locaux techniques du vide-sanitaire. L’installation de ce système, réalisée par un artisan, a coûté 6800 €TTC.
- la réalisation d’un Système de Dépressurisation des Sols (SDS) sous membrane dans le vide sanitaire.
Ce système, reposant sur la création de points d’aspiration du radon (ou puisards à radon), recouverts d’une membrane d’étanchéité posée sur la terre battue du vide sanitaire, permet d’aspirer le radon affleurant du sous-sol (en l’occurrence du remblai) avant qu’il ne pénètre dans le vide-sanitaire, pour le rejeter à l’extérieur du bâtiment. Pour assurer la performance du système, des précautions ont été prises comme l’étanchement de la surface de fixation de la membrane sur les fondations du bâtiment, ou encore le placement des bouches de rejet de l’air vicié à l’extérieur du bâtiment, à distance des ouvrants ou amenées d’air. Le matériel utilisé pour le SDS a coûté 15 000€ TTC. Les travaux ont été réalisés par les services techniques du site, il n’y a donc pas de coût de main d’œuvre dans ce montant.
Ces travaux se sont avérés particulièrement efficaces puisqu’un dépistage réalisé durant l’hiver 2019 a montré une amélioration de 80 % des résultats dans le sous-sol et une amélioration de 85 % des résultats au niveau du rez-de-chaussée.
Remédiation radon dans l’habitat – des situations et solutions sur mesure
Lorsque des campagnes de sensibilisation au risque radon pour le grand public - avec mesurage radon chez les particuliers - sont menées par les politiques publiques locales, le Cerema peut être sollicité pour apporter son expertise technique et opérationnelle dans les logements où des taux importants de radon sont identifiés.
Le retour d’expérience ainsi capitalisé sur l’efficacité des techniques de remédiation alimente la connaissance du sujet au niveau national, sous forme de rapports remis par le Cerema aux ministères en charge de cette thématique. Ces situations font émerger d’autre part les difficultés dans la gestion concrète des travaux de remédiation, comme le manque de professionnels formés sur le sujet ou l’absence d’aides financières dédiées.
Les types de travaux de remédiation restent les mêmes que ceux présentés dans le cadre des ERP (cf ci-dessus), mais les moyens alloués dans le résidentiel, directement dépendants des ressources financières des particuliers, sont souvent encore plus contraignants.
Fort d’une expertise technique éprouvée par des expertises menées dans tous types de bâtiments, le Cerema contribue à l’amélioration de la prise en compte du radon dans les bâtiments à la fois en accompagnant les différents acteurs, publics et privés sur le sujet, mais également par la formation et la transmission de ses compétences.