Cet article fait partie du dossier : Mobility as a service MaaS
Voir les 16 actualités liées à ce dossierStéphane Chanut, directeur du département "Mobilité, Espace Public et Sécurité" au Cerema Territoires et Ville, a introduit ce webinaire, mettant en avant l'enjeu de faire émerger des systèmes multimodaux intégrés au bénéfice des politiques publiques. Ces systèmes, appelés "MaaS" pour Mobility-as-a-Service, consistent à proposer sur un outil unique un maximum de fonctionnalités pour utiliser plusieurs services de mobilité : information, réservation, achat et validation.
Laurent Chevereau, directeur d'études "MaaS" au Cerema Territoires et Ville, a ensuite présenté l'observatoire du MaaS. Initiée par le Cerema, cette démarche partenariale regroupe plusieurs acteurs nationaux, fédérant ainsi tous les acteurs du MaaS : Gart, Régions de France, UTP, FNTV, Alliance des mobilités, ADCET, Syntec Ingenierie et ATEC ITS, autour du ministère de la Transition Ecologique, qui oriente les actions de cet observatoire. Celles-ci consistent principalement en :
- Une plate-forme Internet qui référence 80 systèmes multimodaux en France, avec possibilité de faire des recherches par filtres, et d'afficher le détail d'un système (fonctionnalités et services de mobilité disponibles)
- Des groupes de travail qui ont vocation à analyser une thématique pour rassembler la connaissance et mettre en avant des bonnes pratiques dans une publication diffusée en ligne
MaaS local & MaaS régional
Pierre Veillon (Worldline) a ensuite animé la séquence sur la coordination entre systèmes locaux et régionaux, proposant une synthèse des travaux du groupe de travail réuni pendant 5 mois et du rapport que celui-ci a publié. Avec leur rôle dans l'écosystème de la mobilité renforcé par la LOM, les agglomérations et les régions ont vocation à proposer des outils de type MaaS. Elles ont tout intérêt à travailler ensemble pour mutualiser certaines briques pour proposer des solutions cohérentes et pour permettre des économies d'échelle.
Edouard Naye (SYSTRA) a expliqué le fonctionnement des comptes client des plates-formes MaaS. Certains dispositifs proposent l'appariement de comptes (Tan et Klaxit à Nantes par ex), permettant une vision globale, avec en l'occurrence des tarifs covoiturage qui dépendent du type d'abonnement transport. D'autres proposent un compte unique multimodal (Navigo Connect par ex en Ile-de-France), permettant d'aller plus loin puisque l'utilisateur n' qu'un seul compte à créer.
Guillaume Roux (INSTANT System) a évoqué l'information voyageur et a détaillé les possibilités de mutualisation pour le calcul d'itinéraires. Cette fonctionnalité peut être proposée par un acteur régional et réutilisée par les acteurs locaux : en marque blanche (un bloc d'affichage entièrement proposé par l'acteur régional) ou par interrogation automatisée du système régional (sous forme d'API).
Thomas Grandgenèvre (Kisio) a ensuite illustré les actions de coordination relatives à la billettique (cartes interopérables ou M-ticket régional mutualisé) et précisé les modalités de gestion du paiement sur les plates-formes multimodales : mécanisme de répartition, chambres de compensation, ...
Pour clore cette séquence, Jérôme Kravetz (Nouvelle-Aquitaine Mobilités) et Nicolas Madignier (Grand Poitiers Communauté Urbaine) ont présenté le fonctionnement du SIM Modalis en Nouvelle-Aquitaine. Modalis propose notamment un calculateur multimodal réutilisé par plusieurs réseaux urbains, et un système billettique avec carte et M-ticket, tous deux utilisés et proposés par la Communauté Urbaine de Poitiers à ses habitants.
MaaS & Covoiturage
Jean Robert (Cerema) a ensuite animé la séquence sur l'intégration du covoiturage dans les systèmes multimodaux, fruit du groupe de travail mobilisé depuis décembre 2020 et ayant produit un rapport complet sur ce sujet. Il a ainsi présenté les différents types d'intégration mis en oeuvre dans les territoires, et rappelé l'importance que ces intégrations soient au service des objectifs des politiques publiques.
L'intégration multimodale consiste à proposer le covoiturage comme un des modes de transport pour réaliser un déplacement. Elle a d'abord été illustrée par Olivier Sarrat (Mobicoop), avec l'exemple du SIM breton Mobibreizh qui propose les trajets de covoiturage de la plate-forme OuestGo, en utilisant le format RDEX.
Puis Adrien Tahon (BlaBlaCar Daily) a détaillé l'intégration des offres de covoiturage de BlaBlaCar Daily sur les plates-formes publiques (Modalis en Nouvelle-Aquitaine et JV-Malin en région Centre-Val de Loire) et privées (Google Maps).
Certains systèmes proposent également des trajets intermodaux dans leur calculateur d'itinéraire, permettant de combiner covoiturage et transport collectif pour réaliser un déplacement. Cette intégration intermodale a été illustrée par Julien Honnart (Klaxit) sur l'exemple de Nantes et par Olivier Binet (Karos) sur l'exemple de Cholet. Ces deux exemples ont aussi permis d'illustrer l'intégration billettique et tarifaire : ainsi à Nantes, l'appariement des comptes permet d'utiliser le covoiturage gratuitement pour les abonnés du réseau de transport nantais, et à Cholet, l'utilisation du covoiturage permet de générer un QR-code valide pour les transports en commun de Cholet.
L'intégration plus complète du parcours client, si elle n'est pas encore opérationnelle, est bien prévue dans le Pass'Mobilités de Grenoble qui doit être mis en service à l'automne 2021. Romain Fayoux (Ecov) a ainsi présenté les différents niveaux d'intégration progressive du covoiturage prévus dans cette application, allant à terme jusqu'à une intégration complète du parcours utilisateur d'un passager de covoiturage au sein de l'application MaaS.
Pour terminer cette séquence, Yann Briand (l'IRT SystemX) a présenté le projet LCE (Lyon Covoiturage Expérimentation). Basé sur la blockchain, celui-ci permet de mettre en relation un conducteur d'un opérateur A avec un passager d'un opérateur B, de tracer les sommes dues et de générer une preuve de covoiturage pour d'éventuels incitatifs (places réservées, rémunération financière, ...).
Conclusion
Benoit Chauvin (responsable du pôle Technologie des transports au Gart) a salué les travaux présentés et souligné l'intérêt de la plate-forme de l'observatoire, qui référence et détaille tous les systèmes multimodaux en France. Il a rappelé l'importance d'une coordination nationale des travaux autour du MaaS, et notamment de la standardisation des interfaces. Celle-ci est nécessaire pour abaisser les coûts de développement et faciliter la gouvernance du MaaS entre acteurs privés et acteurs publics.
Pour conclure, Gérôme Charrier (responsable de l'activité "Politiques et Services de Mobilité" au Cerema) a remercié l'ensemble des intervenants, et les nombreux participants. Il a souligné leur diversité : issus d'une quinzaine de pays différents, et issus de la sphère publique comme de la sphère privée. L'impact du numérique sur la société et le monde des transports est appelé à se développer, et l'Observatoire du MaaS et le Cerema peuvent vous aider ou vous accompagner dans vos projets.
Le replay (webinaire entier):
Ressources
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