20 mars 2024
Dispositif de barrage pour retenir les plastiques en surface sur un cours d'eau
Laurent Mignaux - TERRA
La question de la pollution plastique dans l’environnement, soulevée au niveau international, fait l’objet de plusieurs travaux du Cerema. L’enjeu est de mieux connaître la circulation des pollutions plastiques et de définir des méthodes efficaces pour les résorber. Des travaux sont menés dans ce sens, aussi bien au niveau européen que national et avec les territoires.

L’utilisation des matières plastiques augmente depuis les années 50, entraînant une forte production de déchets jusque dans les océans. Les données montrent que 80 % des déchets marins viennent des activités à terre. L’enjeu est donc de bloquer ces déchets le plus en amont possible pour protéger la biodiversité. Au niveau international un traité de lutte contre pollution plastique, qui vise à limiter la production et la consommation de plastiques et à résorber leur présence dans l’environnement, est en cours de discussion depuis 2022.

 

Une dynamique de l’international au local pour réduire la pollution plastique en mer

Laurent Mignaux TERRA

Au niveau national, le plan d’actions "Zéro déchet plastique en mer" (2020-2025) met en œuvre des actions pour identifier les sources de pollutions plastiques et définir des méthodologies efficaces pour réduire le plus possible ces pollutions.

Le Cerema a participé au colloque de l’Association Française pour les Nations Unies (AFNU) "Mettre fin à la pollution plastique, enjeu majeur du multilatéralisme" le 28 novembre 2023. Destiné à informer sur les impacts de la pollution par les plastiques et à mobiliser sur cette question, ce colloque a été l’occasion de présenter les derniers travaux et d’organiser 4 tables rondes. Samuel Van Ceunebroek, responsable d’étude du petit cycle de l’eau au Cerema, a participé à la première d’entre elles, qui portait sur les conséquences de la pollution plastique sur l’environnement et la santé.

Le réseau national de surveillance de la qualité des eaux et sédiments des ports maritimes (REPOM) a été créé en 1997 pour assurer le suivi de la qualité des sédiments des bassins portuaires et évaluer l’impact de ces installations portuaires sur les usages du milieu. Il permettra aussi d’évaluer l’impact des politiques publiques visant à réduire les pollutions marines.

En s’appuyant sur les relevés des sédiments dragués dans les ports, le Cerema évalue l’ampleur de la pollution plastique. Les résultats de la campagne 2021 – 2022 ont montré une forte présence des microplastiques, avec en moyenne près de 9000 microplastiques par kilo de sédiments. Il est donc important que les acteurs disposent de méthodes et d’outils pour réduire la pollution plastique dans l’eau.

En 2020 le Cerema a publié le guide "Macrodéchets anthropiques et assainissement : Enjeux et leviers d’action pour une réduction des flux dans les milieux récepteurs", qui présente aux collectivités des recommandations pour mettre en œuvre des actions de réduction de la pollution par les macro-déchets dans les cours d’eau.

D’autres actions sont en cours au niveau international, national et local, pour accélérer la résorption des pollutions plastiques dans les milieux marins

 

Prévenir les macrodéchets : l’exemple d’un projet partenarial avec le Grand Lyon et le monde de la recherche  

Métropole de Lyon - Sensibilisation du public

Un projet partenarial de recherche et développement est mené par le Grand Lyon, le Cerema et la consultante chercheuse Gaëlle Darmon pour définir une stratégie de prévention et de gestion des macro-déchets dans les systèmes hydrologiques urbains, en mettant en œuvre des solutions pour limiter les impacts dans l’environnement. 

Une démarche de diagnostic, de modélisation et d’expérimentation est menée jusqu’en 2025 sur deux bassins versants des ruisseaux des Vosges et du Ravin, affluents de la Saône situés au Nord de Lyon, qui présentent des contextes variés à la fois urbains, résidentiels et agricoles. L’objectif est de comprendre comment fonctionnent les macrodéchets "sauvages" qui échappent à la collecte et viennent polluer tous les milieux, et notamment comment ils apparaissent et se dispersent pour arriver finalement  dans la Saône, quels sont les points critiques.

L’étude est décomposée en 5 missions principales, afin de construire une stratégie d’action à l’échelle de la métropole :

  • Un diagnostic territorial qui vise à établir l’origine et les quantités de déchets présents sur la zone d’étude ;
  • Une étude bibliographique réalisée à l’échelle française et internationale pour recenser des exemples de mesures à mettre en œuvre pour réduire les macro-déchets et classées selon trois types : 
    • les mesures de sensibilisation, 
    • les mesures organisationnelles, 
    • les solutions techniques de captation et de réduction ; 
  • La construction d’un modèle dynamique de gestion des macro-déchets permettant à la fois de comprendre le fonctionnement actuel de gestion des macro-déchets, de tester des scenarii afin d’évaluer l’impact des mesures possibles pour l’ensemble du territoire, et de définir des indicateurs de suivi de l’efficacité de ces mesures. 
  • Un programme d’expérimentation de différentes solutions qui comprend des tests de mesures et de solutions grandeur nature et in situ sur la zone d’étude et simulées par le biais du modèle systémique. Ce programme de test qui n’était au départ prévu que pour 2024 et 2025 a été avancé à la demande des élus de la métropole de Lyon et certaines mesures et solutions ont donc été mises en œuvre dès 2023. 
  • La définition d’une stratégie de déploiement, étendue à l’échelle de la métropole, de mesures ou solutions parmi celles reconnues comme pertinentes d’après les étapes précédentes. Celles-ci porteront sur la méthode, la sensibilisation, la mobilisation des acteurs, et un des enjeux est de favoriser le dialogue entre les acteurs concernés par la gestion des macrodéchets, et ceux qui interviennent sur l’espace urbain.

Les missions 1 à 4 battent actuellement leur plein et des résultats intéressants sont d’ors et déjà disponible sur le Diagnostic et la Modélisation Systémique ainsi que pour plusieurs solutions qui ont été ou sont en cours de test au sein de la zone d’action. Ce projet qui a fait l’objet d’un poster lors de la conférence internationale de Novatech à Lyon en juillet 2023 fera aussi l’objet d’une présentation lors du prochain congrès de l’ASTEE a Quimper le 12 Juin 2024. 
 

Inventaire des zones d’accumulation des déchets plastiques apportés par les cours d’eau

Sylvain Giguet - TERRA

Dans le cadre du plan d’action contre les déchets plastiques et leur transfert vers les milieux marins, le Cerema réalise un inventaire des zones où s’accumulent les déchets plastiques drainés par les cours d’eau.

Un formulaire permettant de renseigner ces zones et de les décrire a été conçu, et les résultats sont intégrés à un portail national. Les premiers signalements portent en premier lieu sur les pollutions plastiques issues d’anciennes décharges et de dépôts sauvages récurrents situés sur les berges des cours d’eau.

L’étude est toujours en cours, et l’objectif est de compléter les données, prioritairement par les zones stocks et les décharges historiques en bord de cours d’eau dont les déchets risquent d’être remobilisés par une forte crue ou par l’érosion, et qui nécessitent de ce fait une action urgente par des équipes d’intervention habilitées. Le formulaire, simple à remplir, est disponible en ligne :
 
 

Le formulaire

 

Projet TREASURE (interreg) : vers des solutions opérationnelles contre les pollutions plastique

Le projet européen Interreg TREASURE (Targeting the REduction of plAStic oUtflow into the noRth sEa) qui a lieu de 2023 à 2026 vise à limiter le flux de macrodéchets vers la mer du Nord. Il implique 15 organisations (Chercheurs, institutions, associations...) dans 5 pays (France, Belgique, Allemagne, Pays-Bas, Danemark) autour de quatre "piliers" : 

  • Politique publique & gouvernance, 
  • Collecte de données & évaluation de la pollution, 
  • Prévention et changement des pratiques, 
  • Collecte et élimination des déchets plastiques.

En France où un des 5 living labs a a été créé sur la façade Manche Mer du Nord, le Cerema collabore avec le Cedre, l’Université littorale Côte d’Opale et l’aquarium Nausicaa. Un état des lieux des politiques publiques existantes du niveau européen jusqu'au niveau local est en cours, ainsi qu’une enquête auprès des collectivités pour connaître leur niveau d'implication dans la lutte contre les déchets dans l'environnement. En parallèle, des ateliers sont organisés pour réunir les différentes parties prenantes locales et échanger sur les leviers dont chacun dispose dans la lutte contre la pollution plastiques. La démarche a aussi pour objectif 

Le projet TREASURE permettra aussi de proposer des solutions de réduction de ces pollutions et de produire une boîte à outils pour renforcer la gouvernance face à la pollution plastique, avec des outils d’aide à la décision et une plateforme de connaissances. 
 

Plan national de résorption des décharges littorales

A l’échelle nationale, un plan décennal de résorption des décharges littorales a été initié en 2022, doté d’un fonds de 300 millions d’euros confié à l’ADEME.  Un inventaire évolutif revu régulièrement en fonction des signalements des territoires a été confié au BRGM. 

Le Cerema est présent à plusieurs niveaux dans ce programme, en tant qu’expert technique et pour la capitalisation et la diffusion de la démarche, notamment. Sa principale mission est d’accompagner les maîtres d’ouvrage durant tout le process des études aux travaux et jusqu’à la restauration des sites. 

A ce jour avec une version 4 de l’inventaire parue en novembre 2023, 110 décharges ont été inventoriées. Deux décharges sont déjà réhabilitées : la décharge de Pré Magnou à Fouras en Charente Maritime et celle de le Torche à Plomeur dans le Finistère. Une quinzaine de sites sont actuellement conventionnés par l’ADEME et bénéficient de l’accompagnement du Cerema. D’ici 10 ans, l’ambition est d’avoir résorbé l’ensemble des décharges littorales.

Dans le cadre du plan, le Cerema a également mis en œuvre, aux côtés de l’ADEME un plan de suivi des microplastiques dans les eaux, les sols et l’air. Ce suivi qui est appliqué sur toutes les décharges permet notamment d’acquérir de la connaissance en matière de suivi des microplastiques mais également de chercher des alternatives de traitement et de dépollution des sols pollués par les polymères. 

Le tableau de bord : 
 

Tableau de bord

Recensement des équipements de collecte des déchets portuaires

Le Cerema est en charge de réaliser un recensement national des équipements de collecte des déchets dans les ports de plaisance, de pêche et de commerce dans le cadre de la mise en œuvre de la mesure DCSMM  M017 – NAT1b : "Améliorer la prévention et la gestion des déchets (déchets d’exploitation des navires, macro-déchets récupérés par les pêcheurs) dans les ports de pêche, de plaisance et de commerce" et de la feuille de route zero déchet plastique en mer. 

De plus, une trentaine de ports prioritaires ont pu bénéficier d’un diagnostic et de recommandations ciblées. En 2024, le recensement, réalisé pour la métropole, doit être compété par l’Outre-Mer (Antilles et Réunion) et une quinzaine de ports supplémentaires bénéficieront d’un diagnostic ciblé.